"LES MOUVEMENTS CITOYENS ACTUELS TEMOIGNENT DU REFUS D'ETRE PASSIF"
Face à la crise structurelle que traverse la France, les mouvements sociaux émergent témoignant de leur volonté de ne pas rester passif, analyse Marc Augé. En Suisse, certains prônent un revenu de base inconditionnel. Selon cet ethnologue et anthropologue, ancien président de l’École des hautes études en sciences sociales et auteur de La Sacrée semaine qui changea la face du monde (Odile Jacob, 2016), nous avons sous-estimé la portée révolutionnaire d'un tel projet dans un monde où l'intelligence artificielle va supprimer plus d'emplois qu'elle ne va en créer. Les contradictions des partis politiques actuels en France commencent à y aiguiser le goût des mouvements plus ancrés dans la démocratie directe ou participative. L'intérêt des mouvements "citoyens" actuels, c'est d'abord qu'ils témoignent d'un refus de la passivité et d'une volonté de réagir au caractère structurel de la crise que nous traversons. Le chômage ou les emplois précaires ne sont pas le fruit d'un complot démoniaque, mais la traduction de changements dans l'organisation de la production. Cet argument avait d'ailleurs été invoqué à l'appui des 35 heures et de la politique du "temps libre". Le découplage entre travail et revenu est chaque jour plus manifeste : on fait appel au bénévolat pour des tâches jugées urgentes, mais certains hauts salaires sont sans rapport avec la quantité de travail qu'ils sont censés rémunérer. Lire aussi : Fabrik à Déclik : les jeunes se rebiffent et imaginent le(ur) monde de demain