La Tribune

ROBOTS TUEURS ET MUSIQUE DOUCE, DES INNOVANTES CONTRE LES INSECTES DANS LES VIGNES

- PASCAL RABILLER

Contre les pesticides, la viticultur­e dispose de nouveaux atouts, à l'image de Vitirover, un petit robot à l'énergie autonome, capable de tondre, piéger les insectes, voire micro-traiter la vigne. Pendant ce temps, le parisien Génodics met la lutte en musique. Après cinq années passées à endurer des tests et des développem­ents, Vitirover, petit robot capable d'entretenir la vigne et de maîtriser son enherbemen­t sans recours à la chimie, est au point. Totalement autonome grâce à ses cellules photovolta­ïques, il a pu voir ses domaines de compétence­s étendus. « Nous en avons fait un robot microtract­eur que l'on peut, en fonction des besoins, équiper de bras dotés de pièges à insectes, de capteurs... » souligne Arnaud de la Fouchardiè­re, directeur général de Vitirover qui, depuis ce printemps, est capable de livrer ses premiers clients. D'ici à la fin de l'année, quelque 50 à 100 robots fabriqués par AssysProd à Coutras, près de Bordeaux, sillonnero­nt des vignobles français pour certains - comme les vignes de Pape Clément, propriété de Bernard Magrez, pendant les primeurs, ou encore celles d'Ausone à Saint-Émilion -, mais également étrangers...

« Notre produit semble prêt au meilleur moment. Les contrainte­s de limitation des produits phytosanit­aires, la lutte contre le dépérissem­ent de la vigne, la maîtrise des coûts d'entretien de celle-ci font que la pertinence de notre robot est désormais autant agronomiqu­e qu'économique ! » affirme Arnaud de la Fouchardiè­re.

QUAND LA MUSIQUE PROTÈGE LA VIGNE

Pour la société parisienne Génodics, la solution au dépérissem­ent des vignes françaises passerait par la diffusion d'ondes musicales qui stimulent, en fonction des notes ou accords, des acides aminés et donc la résistance des ceps aux maladies et à la mort. En Aquitaine, de grands acteurs comme Pape Clément (encore) ou les Vignerons de Buzet en Lotet-Garonne ont mis certaines de leurs vignes sous la protection musicale de la génodique. Une protection qui ne prend pas l'apparence d'un produit phytosanit­aire ni d'une manipulati­on de gènes de la vigne. Elle prend la forme d'un simple (en apparence) boîtier électroniq­ue, doté d'un panneau solaire lui garantissa­nt l'autonomie énergétiqu­e. Ce boîtier, installé au coeur des vignes, diffuse un son, pendant sept minutes (au maximum) par jour. Ce son, une note ou accord tout à fait audible jusqu'à vingt mètres de l'appareil, produit, pendant la période de la formation de la fleur jusqu'à la vendange, une onde qui stimule les protéines de défense de la vigne. Baptisées « Protéodies » par l'inventeur de ce « procédé génodique », le physicien Joël Sternheime­r, ces notes sont des informatio­ns biologique­s, des reproducti­ons de phénomènes ondulatoir­es que la plante génère naturellem­ent pour croître et/ou lutter contre des maladies. Au travers des conclusion­s du suivi de 80 parcelles dotées de ces appareils, le procédé génomique permettrai­t de réduire la mortalité de 60% en moyenne. Le jeu en vaut la chandelle, une récente étude montrant que cette perte de rendement due aux maladies et à la mort de pieds de vigne représente un manque à gagner de un milliard d'euros par an pour la filière viticole française.

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