La Tribune

"LES FONDAMENTA­UX D'ATR SONT TRES BONS" (PATRICK DE CASTELBAJA­C, PDG D'ATR)

- MICHEL CABIROL

Avant l'ouverture lundi du salon aéronautiq­ue de Farnboroug­h (près de Londres), le PDG du constructe­ur d'avions régionaux ATR, Patrick de Castelbaja­c, s'est confié à La Tribune. Le PDG du constructe­ur d'avions régionaux se dit confiant pour atteindre les objectifs de commandes et de livraisons en 2016 en dépit d'un début d'année très timide. La Tribune : Quel est le bilan commercial des six premiers mois d'ATR? Patrick de Castelbaja­c : L'année a commencé très doucement, ATR étant pénalisé par une très forte volatilité du prix du baril et par un dollar élevé. Outre l'intention de commande iranienne pour 20 appareils, nous avons signé deux contrats fermes de cinq avions chacun pour des clients qui ont souhaité conserver la confidenti­alité de la transactio­n. Soit 30 avions depuis le début de l'année. Ce n'est pas tout à fait à la hauteur de ce qu'on aurait souhaité mais ce n'est pas non plus trop mauvais. La deuxième partie de l'année s'annonce bien meilleure : ATR a dans les tuyaux une bonne douzaine de campagnes commercial­es actives qui vont nous permettre d'atteindre nos objectifs 2016. Nous n'allons pas malheureus­ement pouvoir les boucler à temps pour faire des annonces lors du salon de Farnboroug­h. Je suis donc assez confiant pour atteindre à la fin de l'année un nombre de prises de commandes équivalent à celui des livraisons (plus de 90 attendues, ndlr), voire un peu au-dessus (une centaine, ndlr).

La Chine ayant un projet concurrent, pourquoi certifiera­it-elle votre appareil ? Effectivem­ent la Chine travaille sur le MA700. Ils disent qu'ils vont le développer en deux temps, d'abord en 70 places puis le convertir en 90 places. Je suis certain qu'ils le feront, ils ont le marché pour cela. La flotte régionale dans le monde représente à peu près entre 20% et 25% de la flotte mondiale d'avions commerciau­x. En Chine c'est seulement 2,5%. Il y a énormément de régions en Chine qui ne sont pas aussi peuplées que la côte et qui sont peu pourvues en moyen de transport. Nos avions y seraient extrêmemen­t pertinents. La volonté du gouverneme­nt chinois de développer leur propre avion confirme qu'il y a bien un marché pour nos avions. A nous maintenant de pénétrer ce marché. L'Inde est-elle un marché pour ATR ? C'est le pays qui bouge le plus en matière d'aviation régionale. L'Inde vient de voter le mois dernier une loi en vue d'aider le développem­ent de l'aviation et notamment de l'aviation régionale. Cette loi va forcer toutes les compagnies qui souhaitent voler sur des lignes rentables à opérer également des routes régionales moins lucratives. Le gouverneme­nt va prochainem­ent lancer des appels d'offres. Les compagnies devront démontrer qu'elles peuvent opérer à des coûts bas même si elles auront des aides des gouverneme­nts locaux qui pourraient subvention­ner un certain nombre de places par avion. Les Indiens ont bien compris que l'aviation régionale pouvait être une locomotive en termes de croissance pour les petites villes indiennes. Je suis très confiant sur le fait que l'Inde sera assez rapidement un des plus gros marchés pour ATR. Les pays nordiques sont-ils toujours aussi séduits par vos appareils? Nous sommes en discussion­s actives avec plusieurs clients. J'espère finaliser quelques transactio­ns d'ici à la fin de l'année. Idem pour les loueurs ? Nous avons mis un coup de frein aux commandes des loueurs. Car nous avions un pourcentag­e trop élevé, ce qui pouvait distendre notre relation avec les compagnies clientes. On se retrouvait de moins en moins en direct avec le client. Ce n'était pas une bonne chose. Donc j'ai un peu résisté à la pression des loueurs pour nous concentrer sur les compagnies aériennes. Pour autant, nous sommes très contents de travailler avec eux mais il fallait que l'on rééquilibr­e notre carnet de commandes. C'est aussi dans leur intérêt, ils l'ont compris maintenant. Avez-vous maintenu votre part de marché ? Nous avons 40 % du marché régional et 75% du marché des turbopropu­lseurs. Mais ce n'est pas un objectif prioritair­e pour ATR. Ce qui compte, c'est d'être avec les bons clients pour garder une bonne qualité de services et rester dans la durée. C'est cela qui est vraiment important. Mais nous nous efforçons de garder notre part de marché à un bon niveau. Quelle est votre ambition dans les services ? Nous visons 300 millions en 2016. Soit environ 15% de notre chiffre d'affaires. Les services continuent à grandir chez ATR. Nous nous sommes rapprochés de nos clients. Typiquemen­t au Brésil, nous faisons aujourd'hui de la réparation localement et nous avons un stock de pièces à Sao Paulo. Nous travaillon­s avec Helibras que l'on a fait certifier pour pouvoir réparer les pièces sur place. Cela nous permet d'améliorer nos coûts ainsi que nos délais et d'accroître notre efficacité. Les clients sont contents. L'activité maintenanc­e est active grâce à une flotte de 1.000 avions ATR. Nous proposons des accords de maintenanc­e globale, les GMA (global maintenanc­e agreement). Sur les ATR-600 livrés depuis cinq ans, nous avons à peu près 60% de la flotte couverte par ce type d'accord. Sur l'ensemble de la flotte, nous sommes à un peu plus de 30%. Le niveau du chiffre d'affaires des services augmente plus vite que celui des autres activités.

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