STAGNATION SECULAIRE OU MARASME AUTOINFLIGE?
En se lançant dans une politique monétaire laxiste, la BCE a empêché l'économie d'aller jusqu'au bout de son cycle baissier, ce qui aurait permis une purge. Du coup, le rebond de la croissance est désormais impossible. Par Hans-Werner Sinn, professeur d'économie à l'université de Munich, ex-président l'Institut de recherche économique Ifo. Il y a huit ans presque jour pour jour, l'effondrement de la banque Lehman Brothers plongeait l'économie mondiale dans la récession. Le marché interbancaire s'est lui aussi effondré et le monde industriel a été précipité dans la pire crise depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Bien que les banques centrales aient maintenu les taux d'intérêt à des niveaux historiquement bas, nous n'avons pas encore entièrement surmonté la crise. Au contraire, nombre de pays dont ceux du sud de l'Europe et la France font du surplace. Quant au Japon, il est sur la corde raide depuis 25 ans. Pour certains économistes il s'agit d'une "stagnation séculaire", un phénomène décrit en 1938 par Alvin Hansen, un économiste américain qui s'est inspiré d'une section du Capital de Marx intitulée Loi tendancielle de la baisse du taux de profit. Dans cette perspective, du fait de l'épuisement progressif des projets d'investissements rentables, le taux d'intérêt réel "naturel" continue à baisser. Stabiliser l'économie ne peut donc se faire que par une baisse équivalente des taux directeurs.
UN "MARASME AUTO-INFLIGÉ"