LA DIVERGENCE, UNE MALADIE EUROPEENNE ?
Comment le lancement de l'euro a-t-il pu accentuer les écarts entre pays européens, alors qu'il était censé les réduire? Par Sophie Piton, CEPII & PSE - Université Paris 1 PanthéonSorbonne « L'euro n'a pas apporté la prospérité promise, mais la division et la divergence » a récemment affirmé J. Stiglitz. Comment l'intégration monétaire aurait-elle accentué la divergence entre ses pays membres ? Une récente étude du CEPII mesure l'effet de l'intégration monétaire sur la divergence des prix entre pays, en s'intéressant aux déséquilibres sectoriels. La forte divergence macroéconomique entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres de la zone euro a, dans les premières années de la monnaie unique, été interprétée comme le reflet d'un processus de rattrapage de ces derniers[ 1]. Inutile donc de s'en préoccuper défendaient Olivier Blanchard et Francesco Giavazzi. Il a fallu la crise de la zone euro semble-t-il pour remettre en question la réalité de ce processus de convergence. En 2015, Benoît Coeuré constatait que dans les pays les plus touchés, les écarts de revenus par habitant s'étaient même creusés entre membres de la zone, remettant en cause l'un des objectifs fondamentaux de la monnaie unique ![ 2] Dans son nouvel ouvrage publié le 14 septembre 2016, J. Stiglitz affirme ainsi que l'euro « menace l'avenir de l'Europe ». Il fait le constat que la monnaie unique, plutôt que de permettre une convergence des niveaux vie de ses pays membres, n'a pas apporté la prospérité promise, mais au contraire division et divergence[ 3].