LA COUR DES COMPTES FAIT LA LECON A L'ETAT ACTIONNAIRE
Dans un rapport musclé, la Cour des comptes incite l'Etat à optimiser sa politique d'actionnariat et note ses contradictions en la matière. « L'Etat devrait savoir pourquoi il est actionnaire. » C'est sur ce ton professoral que la Cour des comptes a mis l'Etat actionnaire au coin ce mercredi. Dans un rapport, la garante de la bonne utilisation des deniers publics incite fortement l'Etat à remettre en question ses prises de participations dans l'économie française. De toute évidence, la Cour des comptes a très peu confiance dans la bonne gestion de l'Etat actionnaire. « L'Etat n'a pas toujours démontré qu'il était un bon actionnaire », assure Didier Migaud, le Premier président de la Cour des comptes. Il rappelle le cas Areva, dont les pertes cumulées depuis 2010 atteignent près de 10 milliards d'euros, et celui de Dexia, dont le sinistre a coûté 6,4 milliards d'euros à l'Etat et à la Caisse des dépôts.
ENCOMBRANTE OMNIPRÉSENCE
Mais ce que critique la Cour des comptes aujourd'hui, c'est davantage l'encombrante omniprésence de l'Etat dans certains conseil d'administration et de facto dans les processus de décisions stratégiques. Aujourd'hui encore, l'Etat continuerait de confondre « tutelle et actionnariat », et il n'est pas rare qu'il « sacrifie l'autonomie de gestion de ses entreprises », note Didier Migaud. Et pour cause, l'Etat actionnaire doit concilier « des objectifs nombreux et parfois contradictoires », ajoute la Cour des comptes. Il exerce en effet en même temps les rôles d'actionnaire, de porteur de politiques publiques, de gestionnaire des finances publiques, de régulateur, voire de client.