A TROIS MOIS DES LEGISLATIVES, L'ALGERIE FACE AU DEFI DE SA REFONDATION ECONOMIQUE
Depuis l'effondrement du prix du baril de pétrole, à l'été 2014, c'est tout l'écosystème algérien de la rente et de l'économie administrée qui est déstabilisé. Face à une situation qui se dégrade d'année en année, le gouvernement engage des réformes de libéralisation économique. Mais elles paraissent encore bien modestes... L'Algérie de demain est-elle née à l'été 2014 ? À l'époque, le prix du baril de brut caracolait audessus de 110 dollars (115 en juin 2014). De quoi alimenter généreusement la redistribution de la rente, via de nombreuses subventions aux produits de consommation courante. De quoi financer largement le budget de l'État, dont l'équilibre était acquis dès un baril à 70-80 dollars. De quoi aussi financer le budget social (15 % du PIB). De quoi emmagasiner des réserves de change astronomiques (jusqu'à 194 Mds$, soit supérieures au PIB, à 175 Mds$). De quoi enfin financer des infrastructures de tous types - l'Algérie étant considérée comme le pays le mieux doté d'Afrique avec, par exemple, 98 % du territoire électrifié, tandis que les 9 000 km de la route Transsaharienne, reliant Alger, Bamako (Mali) et Niamey (Niger), devraient être achevés en 2017. Bref, avec 41 millions d'habitants, une croissance de 3,6 %, une balance commerciale excédentaire de 4,6 Mds$, une dette extérieure brute minuscule de 3,2 Mds$ à la fin de 2014 et des réserves de change de 179 Mds$ (représentant plus de trois années d'importations), l'Algérie semblait aller plutôt bien, cheminant à son rythme vers l'émergence, et les facilités nées de la rente pétrolière semblaient rendre supportables bien des problèmes endémiques, comme le fort taux de chômage des jeunes (autour de 30 %), ou encore l'importance de l'économie informelle, estimée à quelque 40 % du PIB.