ENTRE LIBERALISATION ET PROTECTIONNISME
Maurice Allais, grand économiste et prix Nobel d'économie, serait aujourd'hui taxé de populisme : il prônait l'adoption d'un protectionnisme raisonné pour préserver l'économie française... Par Pascal de Lima, chef économiste chez Harwell Management. Le grand économiste Maurice Allais, Prix Nobel d'économie tout de même, serait aujourd'hui accusé d'être populiste. Pourtant, celui-ci dénonçait déjà les effets dévastateurs d'une mondialisation incohérente. Il prônait l'adoption d'un protectionnisme raisonné pour préserver l'économie française. Bien que l'Union européenne, du fait du marché commun, n'applique plus de droit de douane entre pays membres, elle applique tout de même des droits de douane vers l'extérieur, pour défendre ses intérêts économiques. Là, nous sommes aujourd'hui face à un comportement assez surprenant de la part de l'UE. L'UE est excédentaire vis-à-vis des États-Unis, mais déficitaire vis-à-vis de la Chine, de la Russie et d'autres pays émergents sur certains produits bien précis : le textile, l'électronique, les matières premières, etc. Alors que l'UE paraît parfois tourner le dos aux États-Unis son allié historique, elle tend les bras dans un schéma autosuicidaire, à des puissances économiques qui ont des niveaux de vie beaucoup plus faibles. Certes, l'Union européenne applique aujourd'hui un droit de douane moyen sur l'ensemble des produits de 3,1% supérieur à celui appliqué par les États-Unis (2,1%), mais inférieur aux droits de douane japonais (3,9%) ou canadiens (3,4%) et aux droits moyens mondiaux (5,6%). Mais le diable est dans les détails, l'UE se protégeant mal là où c'est inutile, ouvrant les frontières là où le risque économique est plus grand.