L'IMMIGRATION TIRE-T-ELLE LES SALAIRES ET L'EMPLOI VERS LE BAS ?
Questions à Anthony Edo, économiste au CEPII L'idée selon laquelle l'immigration se traduit fatalement par une dégradation du marché du travail est-elle juste ? Elle le serait si le facteur démographique (ici l'augmentation du nombre de travailleurs) était le seul déterminant du salaire moyen et de l'emploi. Si tel était le cas, en effet, l'arrivée de nouveaux travailleurs signifierait plus de concurrence entre tous et, par conséquent, l'emploi pris par les uns détruirait celui des autres. Mais le marché du travail n'est pas figé : la quantité de travail n'est pas une grandeur fixe à partager. Cette quantité peut varier, en l'occurrence augmenter, selon la capacité des entreprises à réagir à l'arrivée de nouveaux travailleurs : vont-elles adapter leur stock de capital et leur technique de production de façon à maintenir un niveau élevé de capital par travailleur, auquel cas la productivité de ces derniers sera au même niveau qu'avant le choc migratoire ? Tout dépend aussi de l'ampleur des effets induits de l'immigration : les immigrés ne sont pas seulement des travailleurs, ils consomment, entreprennent, innovent et participent ainsi à la création de richesses et exercent, en conséquence, des effets positifs sur la croissance, les salaires et l'emploi. Pas simple ! Mais alors comment fait-on pour évaluer les effets de l'immigration sur les salaires et l'emploi ?