LA MONDIALISATION DISCRETE DU NEGOCE DES MATIERES PREMIERES
CHRONIQUE DES LIVRES ET DES IDÉES. Les marchés des matières premières fascinent. Enjeux vitaux pour l'économie mondiale, ils concentrent des intérêts politiques, économiques, financiers, géopolitiques, militaires, technologiques, juridiques... et suscitent d'autant plus de fantasmes que ses acteurs cultivent maladivement le secret des affaires, lesquelles se concluent souvent de gré à gré. Dans « Traders vrais maîtres du monde », aux Editions Tallandier(*), Jean-Pierre Boris, journaliste à RFI, lève le voile sur ce monde particulier des négociants et des traders. A la fin des années 1990, la libéralisation des échanges internationaux - la mondialisation - redessine l'économie mondiale en favorisant l'émergence de nouveaux pays, Chine en tête. Cette dynamique crée un boom urbain et un besoin d'infrastructures - villes mais aussi voies ferrées, ports... -, voraces en matières premières (pétrole, ciment, acier, métaux, bois, coton, plastiques...), ainsi que l'apparition d'une nouvelle classe moyenne, qui adopte les standards de consommation occidentaux entraînant une forte demande d'hydrocarbures, de minerais et de métaux, de produits agricoles... Or, l'offre mondiale peine à suivre, pénalisée par le manque d'investissement durant des années : le prix du baril de pétrole passera ainsi de 20 dollars à 140 dollars, le minerai de fer sera multiplié par 10... Un « super-cycle des matières premières » va commencer qui atteindra son pic avec la crise financière de 2007, laquelle précipitera la chute des cours.
L'OBSESSION DU NÉGOCIANT