LEGISLATIVES : "MACRON FAIT DU JUPPE SANS JUPPE"
Alors que les derniers sondages prédisent une nette victoire de La République en Marche - et une abstention encore en hausse -, lors du 2e tour prévu le 18 juin, les questions affluent déjà sur la cohérence de la future majorité et la réalité de son assise électorale. Michel Crespy, politologue et maître de conférence à l'Université Paul-Valéry Montpellier, apporte des éléments de réponse. Nous nous dirigeons, semble-t-il, vers une victoire écrasante des candidats de La République en Marche (REM) au 2nd tour. Comment l'expliquer ? Michel Crespy : C'est d'abord lié au taux d'abstention, très élevé, au 1er tour. Les "macronistes", c'est à dire ceux qui avaient voté pour Emmanuel Macron à la présidentielle, sont des gens plus âgés, ou plus aisés, et sont ceux qui traditionnellement votent le plus. En face, ceux qui avaient voté Les Républicains ou La France Insoumise à la présidentielle se sont énormément abstenus. Si on écoute les premiers dans la rue, ils se définissent par une attente bienveillante : ils ne sont pas forcément convaincus par Macron, mais ils aspirent à la réussite de sa majorité. Par ailleurs, Macron va se heurter aux actifs, plus ou moins bien disposés en fonction de la réforme du code du travail, aux syndicats, pour les mêmes raisons, et aux collectivités territoriales, où il n'a guère de soutiens à part Lyon et Montpellier. Enfin, Macron aura un problème avec le Sénat, qui sera en partie renouvelé en septembre sur une base électorale différente. Il n'est pas évident qu'il dispose d'une majorité à la chambre haute, ni même qu'il y ait une groupe REM. On glose beaucoup sur le manque d'expérience des futurs députés REM. Est-un réel problème ?