"L'ARTISTE, LE ROBOT ET L'IA" : VERS UNE NOUVELLE DEFINITION DE L'OEUVRE D'ART
Peut-on encore qualifier d’« oeuvre d’art » la production de machines qui échappe à tout contrôle ? Par Jean-Jacques Neuer, Université Paris 13 – USPC En 1927, Brancusi fait scandale. Son « Oiseau dans l'espace » arrive au port de New York et les douanes, considérant qu'il s'agit d'un objet industriel, lui refusent le statut d'oeuvre d'art. Un procès est lancé aux États-Unis. Se joue alors en justice la définition de l'oeuvre d'art. On le sait, cette affaire tournera à l'avantage de Brancusi et à la reconnaissance par les américains de la spécificité de l'art abstrait. L'art s'émancipe de la représentation, en quelque sorte de l'« objet ». Aujourd'hui, il est en train de s'émanciper du « sujet ». C'est précisément le propos de l'exposition « Artistes et robots » réalisée par Jérôme Neutres dans le cadre de l'exposition internationale au Kazakhstan « Astana 2017 », puis développée par lui en co-commissariat avec Laurence Bertrand Dorléac au Grand Palais. Il s'agit, au-delà d'une exposition, d'un véritable événement qui marque un tournant majeur dans l'approche conceptuelle de l'art. Peut-on encore qualifier d'« oeuvre d'art » la production de machines qui échappe à tout contrôle ? Dès lors la question qui se pose est de savoir si l'art qui ne dépend plus pour exister ni de l'objet ni du sujet présente un critère qui permet encore de l'identifier.