"NOS ENFANTS SONT DES SUPERORDINATEURS" (STANISLAS DEHAENE)
Professeur au Collège de France à la chaire de Psychologie cognitive expérimentale, Stanislas Dehaene préside depuis janvier le Conseil scientifique de l'Éducation nationale, chargé de « faire bénéficier la communauté éducative des dernières avancées de la recherche » selon Jean-Michel Blanquer. Spécialiste de la lecture, le chercheur considère que le cerveau est un système doté à la fois de compétences initiales et de plasticité. LA TRIBUNE - Que peut-on attendre des sciences cognitives ? STANISLAS DEHAENE - Nous commençons à comprendre comment le cerveau apprend. Ces grands principes de l'apprentissage sont utiles pour les enseignants et pour les apprenants euxmêmes. Il y a des techniques génériques et des techniques spécifiques, comme pour la lecture où nous avons des recommandations très spécifiques. Le Conseil scientifique a également proposé des évaluations particulières, pour la lecture notamment, pour raccourcir le cycle entre la détection des difficultés et l'intervention. Qu'est-ce que ne pourront pas faire les sciences cognitives ? Il y a un certain fantasme, lié à la confusion entre sciences cognitives et neurosciences, l'idée qu'on pourra voir en détail le cerveau de chaque enfant. En réalité, ce ne sont pas tellement les outils des neurosciences qui vont servir les méthodes éducatives. Les neurosciences introduisent des grands principes fondamentaux et le chemin est long pour arriver à la salle de classe, où ce ne seront pas des outils d'imagerie cérébrale qui vont nous servir. La psychologie est au centre des questions d'éducation, pas les neurosciences.