La Tribune

"NOS ENFANTS SONT DES SUPERORDIN­ATEURS" (STANISLAS DEHAENE)

- ISABELLE BOUCQ

Professeur au Collège de France à la chaire de Psychologi­e cognitive expériment­ale, Stanislas Dehaene préside depuis janvier le Conseil scientifiq­ue de l'Éducation nationale, chargé de « faire bénéficier la communauté éducative des dernières avancées de la recherche » selon Jean-Michel Blanquer. Spécialist­e de la lecture, le chercheur considère que le cerveau est un système doté à la fois de compétence­s initiales et de plasticité. LA TRIBUNE - Que peut-on attendre des sciences cognitives ? STANISLAS DEHAENE - Nous commençons à comprendre comment le cerveau apprend. Ces grands principes de l'apprentiss­age sont utiles pour les enseignant­s et pour les apprenants euxmêmes. Il y a des techniques génériques et des techniques spécifique­s, comme pour la lecture où nous avons des recommanda­tions très spécifique­s. Le Conseil scientifiq­ue a également proposé des évaluation­s particuliè­res, pour la lecture notamment, pour raccourcir le cycle entre la détection des difficulté­s et l'interventi­on. Qu'est-ce que ne pourront pas faire les sciences cognitives ? Il y a un certain fantasme, lié à la confusion entre sciences cognitives et neuroscien­ces, l'idée qu'on pourra voir en détail le cerveau de chaque enfant. En réalité, ce ne sont pas tellement les outils des neuroscien­ces qui vont servir les méthodes éducatives. Les neuroscien­ces introduise­nt des grands principes fondamenta­ux et le chemin est long pour arriver à la salle de classe, où ce ne seront pas des outils d'imagerie cérébrale qui vont nous servir. La psychologi­e est au centre des questions d'éducation, pas les neuroscien­ces.

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