La Tribune

TAXE D'HABITATION POUR LES RICHES : "UNE QPC POURRAIT REMETTRE CELA EN CAUSE"

- PROPOS RECUEILLIS PAR CESAR ARMAND

Maître Bruno Knadjian, avocat fiscaliste associé chez Herbert Smith Freehills, estime que dès aujourd'hui, une question prioritair­e de constituti­onnalité, au nom d'une possible rupture d'égalité devant l'impôt, pourrait s'inviter dans le débat si le gouverneme­nt décidait de ne plus supprimer totalement la taxe d'habitation.

LA TRIBUNE - Si la taxe d'habitation est maintenue pour les 20% de ménages les plus riches, le gouverneme­nt ne court-il pas un risque de censure par le Conseil constituti­onnel ?

BRUNO KNADJIAN - La réforme de la taxe d'habitation (TH) était inscrite dans le programme du candidat Emmanuel Macron. La loi de finances 2018, votée en décembre 2017, a ensuite confirmé l'exonératio­n étalée sur trois ans pour 80% des ménages et la subsistanc­e d'un assujettis­sement pour 20% d'entre eux. Puis, en mai 2018, les premières annonces de suppressio­n totale de la TH sont apparues, déclenchée­s notamment par la décision du Conseil constituti­onnel qui acceptait l'idée d'exonérer une grande partie des ménages, mais serait attentif au traitement réservé aux 20% restants assujettis dans la réforme à venir de la fiscalité locale.

Dès aujourd'hui une question prioritair­e de constituti­onnalité (QPC) pourrait remettre cela en cause au nom d'une possible rupture d'égalité devant l'impôt si le gouverneme­nt décidait finalement de ne plus supprimer totalement la TH. À ce titre, on notera toutefois qu'une différence de traitement peut exister si celle-ci se fonde sur des critères objectifs et rationnels en rapport avec les buts fixés par le législateu­r sans créer une rupture manifeste d'égalité devant les charges publiques. C'est donc tout naturellem­ent sur ce terrain que se jouera l'avenir de cette réforme si le gouverneme­nt décide de ne pas supprimer la TH.

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