POURQUOI LES DONNEES ECONOMIQUES PEINENT A RENDRE COMPTE DE LA DURE REALITE DU QUOTIDIEN
L’économie officielle ne représente jamais complètement la réalité quotidienne : la différence entre les deux se nomme l’économie souterraine, dont cherchent à sortir, en France, des millions de citoyens. Par Florence Weber, École normale supérieure (ENS)
Ils l'ont clamé sur les ronds-points, lors des manifestations en ville, sous les fenêtres de l'Élysée, depuis des années aussi, dans les territoires délaissés de l'Hexagone jusqu'aux DOM. De nombreux Français ne supportent plus les politiques économiques qui les laissent littéralement, pour certains, sur le carreau et qui contraignent nombre d'entre eux à contourner les systèmes existants pour boucler leurs fins de mois. Gilets jaunes ou non, ce sont des millions d'individus et de familles qui vivent dans une réalité économique parallèle à celle mise en avant par le gouvernement.
Grâce aux enquêtes menées par l'Insee, trop rarement reprises dans le débat public, on sait que la reprise économique a profité à certaines entreprises seulement. On sait également que les jeunes sont de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps dépendants de l'aide de leurs parents, ce qui met en difficulté les familles les plus pauvres. Ce phénomène, depuis 2000, s'illustre notamment par une augmentation de la part des 18-29 ans habitant chez leurs parents.
Chacun sent bien le fossé entre la description de l'économie officielle - souvent réduite à des querelles de chiffres, taux de croissance, nombre de chômeurs, etc. - et la réalité économique vécue « sur le terrain » par les consommateurs et les producteurs de biens et de services.