L'OCCIDENT ACCEPTERA-T-IL D'ETRE SAUVE PAR LA FINANCE ISLAMIQUE ?
OPINION. Une finance accessible à tous et des produits dont la compréhension est à la portée de tous : voilà ce que la finance islamique peut aujourd'hui apporter à une finance occidentalisée décadente. Parce que l'argent et la finance ne sont qu'un vecteur, non le but ultime. Par Michel Santi, économiste (*).
Le Nobel d'économie Eugene Fama, né en 1939, un des pères du monétarisme et de l'idéologie néo-libérale, se fit connaître pour avoir affirmé péremptoirement « que l'hypothèse des marchés efficients est une affirmation simple qui dit que les prix des titres et des actifs reflètent toutes les informations connues ». C'est en effet à la suite des travaux d'économistes comme Fama, comme Milton Friedman (1912-2006) - lui aussi Nobel en 1976 -, et comme Burton Malkiel, né en 1932, que les marchés financiers subirent dès le début des années 1980 une authentique transfiguration. Avec la participation active des plus hauts responsables politiques de l'époque comme Margaret Thatcher et comme Ronald Reagan qui devait même affirmer dans son discours d'investiture, le 20 janvier 1981 : « L'État n'est pas la solution à notre problème, l'État est notre problème ! »
Dès cette période, le conservatisme économique et la régression sociale devaient régner en maîtres absolus. Le vide laissé par l'État fut tout naturellement comblé par le développement hyperbolique d'un secteur financier dès lors qualifié « d'efficient », voire de « parfait ». Cette finance était en effet appelée à rendre tous les services à l'économie. Les marchés seraient une sorte de juge de paix qui remettrait de l'ordre dans les finances des entreprises et des ménages en imprimant tous les pans de l'économie de sa bienveillante efficience.