La Tribune

VON DER LEYEN PRESIDENTE DE LA COMMISSION ? POURQUOI SON ELECTION RESTE INCERTAINE JUSQU'AU BOUT

- GILBERT REILHAC, REUTERS

L'Allemande Ursula von der Leyen devrait être confirmée mardi à la présidence de la Commission européenne par le Parlement de Strasbourg mais le vote à bulletin secret, l'éclatement des forces politiques et la rancoeur des eurodéputé­s vis-à-vis des gouverneme­nts de l'UE rendent le pronostic incertain.

La ministre allemande de la Défense, une chrétienne-démocrate proche d'Angela Merkel, devra obtenir la majorité absolue des membres du Parlement, soit au moins 374 voix sur les 747 siégeant actuelleme­nt (sur un effectif théorique de 751).

LE VOTE DÉBUTERA CE SOIR À 18 HEURES

Elle se sera auparavant adressée une dernière fois à eux, mardi matin, durant un débat en session plénière à Strasbourg. Le vote débutera à 18 heures. Les résultats devraient être connus entre 19h30 et 20h.

Peu préparée à un rôle pour lequel elle a été désignée in extremis par les États membres, la candidate n'a pas déclenché l'enthousias­me des groupes politiques qui l'ont auditionné­e la semaine passée.

Ceux-ci ont par ailleurs peu apprécié que le Conseil européen rejette le système des "Spitzenkan­didaten" par lequel il aurait dû, selon eux, nommer à la présidence de la Commission le candidat désigné à l'avance par la force politique arrivée en tête, à savoir le Parti populaire européen (conservate­ur).

Ursula von der Leyen devrait néanmoins obtenir "un large soutien" de son propre groupe, le PPE, a indiqué à Reuters une source interne, ce en dépit du fait que son président, l'Allemand Manfred Weber, ait été écarté d'un poste qu'il briguait lui-même au nom de ce principe.

Renaissanc­e Europe, l'ex-groupe libéral-démocrate dont les députés macroniste­s constituen­t aujourd'hui la première force, devrait également entériner un choix qui résulte d'un compromis franco-allemand.

CENTRISTES AFFAIBLIS AU PROFIT DES

EUROSCEPTI­QUES ET EXTRÉMISTE­S

Leur président, Dacian Ciolos, a toutefois conditionn­é l'appui de ses troupes à plusieurs engagement­s de la candidate sur "un mécanisme de suivi et de défense de l'État de droit", une "conférence sur l'avenir de l'Europe" et un poste de commissair­e important pour sa propre candidate, la Danoise Margrethe Vestager.

Plus encore qu'en 2014, la nomination d'une présidente conservatr­ice ne pourra toutefois être acquise sans les voix des sociaux-démocrates, dans un contexte d'affaibliss­ement des partis de centre droit et de centre gauche au profit des extrêmes, principale­ment euroscepti­ques et de droite.

"Il y a beaucoup d'amertume dans le groupe. Les plus virulents sont les Allemands du SPD", a indiqué à Reuters une source interne au groupe.

Les sociaux-démocrates-allemands ont du mal à accepter l'éviction d'un des leurs, le Néerlandai­s Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne sortante, qui briguait également la présidence de la Commission.

OPÉRATION DE SÉDUCTION EN DIRECTION DES

SOCIALISTE­S

Confrontés à une chute de leurs scores en Allemagne depuis qu'ils participen­t au gouverneme­nt chrétien-démocrate d'Angela Merkel, ils ont également du mal à entériner le choix de celle-ci, même si elle s'était abstenue au Conseil européen pour le pas les froisser.

Lundi après-midi, Ursula von der Leyen était déjà à Strasbourg, où elle rencontrai­t les groupes politiques, et elle a lancé une opération de séduction en direction des socialiste­s.

SALAIRE MINIMUM, ALLOCATION­S-CHÔMAGE POUR TOUS

LES ACTIFS DE L'UE...

Dans des lettres envoyées aux dirigeants des groupes socialiste et libéral, elle défend le principe d'un salaire minimum et d'allocation­s-chômage pour tous les travailleu­rs de l'Union et se prononce pour plus de souplesse dans l'interpréta­tion des règles budgétaire­s de l'UE afin de favoriser la croissance, ce qui marque une évolution par rapport à la politique traditionn­elle de l'Allemagne..

Les Verts et la gauche radicale ont annoncé de leur côté qu'ils voteraient contre la candidate du Conseil, bien qu'elle se soit déclarée favorable à une réduction pouvant aller jusqu'à 55% des émissions de carbone de l'UE d'ici 2030, alors qu'elle ne proposait jusqu'alors que 40%.

 ??  ?? Le vote débutera à 18 heures. Les résultats devraient être connus entre 19h30 et 20h. Peu préparée à un rôle pour lequel elle a été désignée in extremis par les États membres, la candidate n'a pas déclenché l'enthousias­me des groupes politiques qui l'ont auditionné­e la semaine passée. Le point sur ce qui peut faire capoter son élection au dernier moment.
Le vote débutera à 18 heures. Les résultats devraient être connus entre 19h30 et 20h. Peu préparée à un rôle pour lequel elle a été désignée in extremis par les États membres, la candidate n'a pas déclenché l'enthousias­me des groupes politiques qui l'ont auditionné­e la semaine passée. Le point sur ce qui peut faire capoter son élection au dernier moment.

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