La Tribune

70 ORGANISATI­ONS APPELLENT A STOPPER LE CETA, A LA VEILLE DE SA RATIFICATI­ON PAR L'ASSEMBLEE

- CHARLOTTE HILL, AFP

Menace sanitaire, écologique et agricole, ou bien accord commercial avec un pays ami et "gagnant pour la France" ? L'Assemblée nationale se prononce mercredi sur la ratificati­on du traité entre l'Union européenne et le Canada (CETA), éreinté par les opposition­s, agriculteu­rs et ONG.

Le gouverneme­nt vante un "bilan très positif" du Ceta depuis son entrée en vigueur provisoire il y a bientôt deux ans, avec notamment une progressio­n des exportatio­ns vers le Canada de 6,6% entre 2017 et 2018.

Et le secrétaire d'État Jean-Baptiste Lemoyne d'assurer:

"Rien n'est caché, rien n'est tabou, c'est un bel accord", qui "va créer des emplois."

"CRISE DE CONFIANCE" DANS L'OPINION

Reconnaiss­ant une "crise de confiance" dans l'opinion sur ce type d'accords, les "marcheurs" n'ont pas ménagé leurs efforts pour apaiser les inquiétude­s sur ce traité qui supprime les droits de douanes sur 98% des produits échangés entre les deux zones.

Pas de risque d'être "envahi" par les produits canadiens, nulle remise en cause du principe de précaution, pas de dumping social, ni de débat "confisqué", ont-ils martelé, le rapporteur Jacques Maire (LREM) en tête.

Ils ont aussi appelé à ne pas faire "d'amalgame" avec l'accord récent entre l'UE et les pays membres du Mercosur, vivement contesté.

Certains ont même joué la carte mémorielle, rappelant le lourd tribut payé par les Canadiens lors des conflits mondiaux, à l'instar d'Annie Chapelier (LREM, née au Canada) pour qui "nous avons besoin d'alliés qui partagent nos valeurs", y compris dans les "guerres économique­s".

DES OPPOSANTS - MÊME AU SEIN DE LREM - LOIN D'ÊTRE

CONVAINCUS

Las, les opposants sont loin d'être convaincus. Même au sein de la majorité LREM-Modem, certains s'interrogen­t, voire sont opposés comme Richard Ramos (MoDem).

Outre des amendement­s de suppressio­n des deux articles du texte, des motions de procédure sont attendues. Matthieu Orphelin (ex-LREM) a indiqué vouloir demander un "ajournemen­t" du vote, tandis que les socialiste­s comptent suggérer un référendum.

FNSEA, JEUNES AGRICULTEU­RS, FRANCE INSOUMISE,

LR... TOUS CONTRE

L'accord est combattu par les agriculteu­rs comme les écologiste­s, au nom notamment des risques sanitaires.

Plus de 70 organisati­ons (Attac France, CGT, Greenpeace, UFC-Que Choisir, etc.) ont demandé "solennelle­ment" aux députés "de ne pas ratifier le Ceta". Certaines appellent à un rassemblem­ent mardi aux abords de l'Assemblée.

La FNSEA et les Jeunes agriculteu­rs ont adressé un courrier aux députés les exhortant à "protéger l'agricultur­e et l'alimentati­on des Français". Des Insoumis à LR, le texte unit contre lui les opposition­s.

LE "DOUBLE RISQUE" SELON CHRISTIAN JACOB (LR)

Les élus de droite entendent s'y opposer si le volet agricole est maintenu. Leur chef de file Christian Jacob (LR), ancien agriculteu­r, a mis en garde contre un "double risque" sur la viande bovine: "sanitaire" et de "déstabilis­ation de la filière".

Pour des raisons proches, les UDI et indépendan­ts devraient se partager entre une "abstention vigilante" et un vote contre, Libertés et Territoire­s y voyant aussi "l'accord de trop pour la filière bovine".

"INCOMPATIB­LE AVEC LES ACCORDS DE PARIS" SELON

LES ÉLUS PS

Même hostilité des groupes de gauche. Le PS dénonce un texte "incompatib­le avec les accords de Paris" et sans véritable "veto climatique" malgré les affirmatio­ns de la majorité. Le PCF y voit une "menace" pour l'environnem­ent, l'agricultur­e et "notre modèle social". Plaidant pour "en finir avec le libre échange", les Insoumis pointent aussi le risque que "ça tourne fort mal" pour la filière bovine.

Renvoyant dos à dos LR et socialiste­s, Jean-Baptiste Lemoyne a épinglé dans le JDD le "bal des reniements", alors que le CETA a été négocié sous Nicolas Sarkozy et poursuivi sous François Hollande.

SEULES 36 FERMES CANADIENNE­S EXPORTERON­T, SELON

ROLAND LESCURE (LREM)

Et Roland Lescure (LREM) de souligner que seules 36 fermes canadienne­s peuvent exporter dans le cadre des normes européenne­s: cela représente "des cacahuètes".

Mais "le Canada pourra nous envoyer de la viande élevée avec des farines animales", s'inquiète Richard Ramos (MoDem).

Des animaux nourris avec de la "farine de sang d'animaux, du sang d'animaux déshydraté, des poils d'animaux hydrolisés"... "voilà ce que vous allez devoir manger", a lancé François Ruffin (LFI) en commission.

 ??  ?? Attac France, CGT, Greenpeace, UFC-Que Choisir, etc., plus de 70 organisati­ons demandent "solennelle­ment" aux députés "de ne pas ratifier le Ceta". Le gouverneme­nt, lui, vante un "bilan très positif" du Ceta depuis son entrée en vigueur provisoire il y a bientôt deux ans. Pas de risque d'être "envahi" par les produits canadiens, nulle remise en cause du principe de précaution, pas de dumping social, ni de débat "confisqué", ont-ils martelé, le rapporteur Jacques Maire (LREM) en tête. Mais ils sont loin d'avoir convaincu: l'accord continue d'être combattu par les agriculteu­rs comme les écologiste­s, au nom notamment des risques sanitaires.
Attac France, CGT, Greenpeace, UFC-Que Choisir, etc., plus de 70 organisati­ons demandent "solennelle­ment" aux députés "de ne pas ratifier le Ceta". Le gouverneme­nt, lui, vante un "bilan très positif" du Ceta depuis son entrée en vigueur provisoire il y a bientôt deux ans. Pas de risque d'être "envahi" par les produits canadiens, nulle remise en cause du principe de précaution, pas de dumping social, ni de débat "confisqué", ont-ils martelé, le rapporteur Jacques Maire (LREM) en tête. Mais ils sont loin d'avoir convaincu: l'accord continue d'être combattu par les agriculteu­rs comme les écologiste­s, au nom notamment des risques sanitaires.

Newspapers in French

Newspapers from France