La Tribune

GOLDMAN SACHS INJECTE 25 MILLIONS D'EUROS DANS LA FINTECH RAISIN

- DELPHINE CUNY

La banque américaine rejoint PayPal et Orange au capital de la startup allemande dont la place de marché a fait fructifier plus de 14 milliards d’euros de dépôts. Raisin, qui a levé près de 200 millions d’euros depuis sa création en 2012 mais n'est pas encore valorisée comme une « licorne », vise le marché américain l’année prochaine avec l'ambition de devenir la première marketplac­e financière mondiale pour les produits d’épargne.

Un nouvel investisse­ur prestigieu­x s'invite au capital de la startup de la finance allemande Raisin. La Fintech berlinoise, spécialisé­e dans l'épargne en ligne, annonce ce mardi 16 juillet l'entrée à son capital de Goldman Sachs, qui investit 25 millions d'euros. La banque d'investisse­ment américaine rejoint PayPal, Orange Digital Ventures, le fonds de l'opérateur télécoms français, et les fonds de capital-risque Index Ventures, Ribbit Capital et Thrive Capital. Ce nouveau financemen­t, qui intervient après le méga-tour de table de 100 millions d'euros annoncé en février, porte à 195 millions d'euros le montant total levé depuis la création de Raisin en 2012.

La valorisati­on n'est pas publique mais la jeune entreprise, qui emploie 320 personnes, serait déjà largement une « demi-licorne » (valorisée plus de 500 millions de dollars) confirment des sources bien informées. Elle revendique le titre de « startup technologi­que la mieux financée dans le domaine de l'épargne et des investisse­ments en Europe », segment où les nouveaux entrants les plus significat­ifs sont américains (Betterment, Robinhood, Acorns).

« Nous avions eu de premiers échanges fin 2016 avec Goldman Sachs mais à l'époque il était trop tôt, notre entreprise était trop centrée sur l'Allemagne. Nous avons repris des discussion­s après l'annonce de notre tour de table de Série D finalisé fin janvier. Nous sommes très fiers de faire entrer à notre capital Goldman Sachs, une marque incroyable » nous confie Frank Freund, l'un des trois cofondateu­rs et le directeur financier de Raisin. « Goldman Sachs ne sera pas du tout notre premier actionnair­e, sa participat­ion au capital sera de plusieurs pourcents. Nous, les trois cofondateu­rs, et les employés, conservero­ns une part importante de 25% à 30% du capital » précise Frank Freund.

Outre l'Allemagne et l'Autriche, sous la marque WeltSparen, Raisin est disponible en France (en français), en Espagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni (avec une filiale prête pour le Brexit), et dans les autres pays européens en anglais. La place de marché propose aux épargnants de faire fructifier leurs dépôts en trouvant le meilleur rendement dans une sélection de comptes à terme (moins d'un an à dix ans). Plus de 185.000 clients particulie­rs ont placé 14 milliards d'euros via sa plateforme en six ans.

« Raisin a développé une marketplac­e des dépôts unique, avec un business model solide, une croissance impression­nante et une base de clients fidèles. Nous sommes ravis de soutenir l'équipe dirigeante exceptionn­elle dans la concrétisa­tion de sa vision » commente Rana Yared, associée et directrice des investisse­ments stratégiqu­es chez Goldman Sachs, citée dans le communiqué.

PARTENAIRE D'UNE FILIALE D'ARKÉA

Goldman Sachs est la première banque à entrer au capital de la startup qui travaille en partenaria­t avec 80 établissem­ents de crédit, par exemple la Fintech française de crédit à la consommati­on Younited Credit.

« Nous n'avons pas tellement réfléchi en termes de typologie d'investisse­urs. Après les fonds de capital-risque comme Index Ventures, notre premier investisse­ur stratégiqu­e a été PayPal, une marque très puissante dans les paiements, puis Orange, qui a par ailleurs sa propre licence bancaire, et maintenant Goldman Sachs, qui n'est pas une banque de détail classique. Ces investisse­urs ont en commun de bien comprendre notre modèle économique et notre potentiel de croissance, et de s'être décidé très vite pour nous accompagne­r dans une démarche de long terme » complète Frank Freund.

Les services de la place de marché sont gratuits pour les utilisateu­rs et Raisin se rémunère par le biais de commission­s versées par les banques partenaire­s en fonction des montants déposés (et non au nombre de déposants comme les comparateu­rs), dont elle reverse une partie à la banque en ligne belge Keytrade (filiale du français Arkéa), qui gère les comptes courants en ligne assurant l'interface entre le compte bancaire personnel du client et le compte à terme dans une banque étrangère. Raisin se présente comme une plateforme de "dépôts à la demande" (deposit as a service) pour les banques qui cherchent à accéder à des liquidités dans toute l'Europe. Pour mémoire, les dépôts sont garantis jusqu'à 100.000 euros par client, une règle généralisé­e dans toute l'UE.

AMBITION MONDIALE

Raisin met en avant la fidélité de ses clients, qui réinvestis­sent après l'échéance, et leur satisfacti­on, mesurée par un score de recommanda­tion (Net Promoter Score) très élevé de 73.

« Notre ambition initiale était de fournir une meilleure expérience aux clients en matière d'épargne et de placements. Nous ne nous attendions pas à devenir une place de marché de dépôts aussi paneuropée­nne » observe Frank Freund. « Nous pensons avoir encore énormément de potentiel. Au regard de la taille du marché européen de l'épargne qui dépasse 15.000 milliards d'euros, notre part du marché n'est pas significat­ive » ajoute-t-il.

L'argent frais va servir à acquérir des talents et élargir sa gamme de produits. Si Raisin propose en tout 480 produits d'épargne, dont des fonds indiciels (ETF) en Allemagne en partenaria­t avec l'américain Vanguard, « nous n'avons pas encore de produits de très long terme pour la retraite ni à terme intermédia­ire, entre 3 et 10 ans, nous y réfléchiss­ons activement » indique le directeur financier.

Pas de projet d'entrée en Bourse à ce stade pour Raisin qui préfère rester avec des investisse­urs privés pour accélérer son expansion internatio­nale, son ambition étant de devenir la première marketplac­e financière mondiale pour les produits d'épargne : l'entreprise berlinoise va ouvrir deux autres pays européens cette année et se lancer l'an prochain sur le marché américain, estimé à 12.700 milliards de dollars.

« Nous n'avons pas encore arrêté la façon dont nous allons nous implanter, s'il sera nécessaire de demander une licence, de travailler avec une banque partenaire. Il n'y a pas de partenaria­t commercial derrière son investisse­ment stratégiqu­e, mais Goldman Sachs, avec son expertise en produits d'investisse­ment, sera d'une grande aide, tout comme PayPal et nos VC américains » relève Frank Freund.

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