La Tribune

TATI VA BASCULER SOUS ENSEIGNE GIFI ET FERMER 13 MAGASINS, 189 SUPPRESSIO­NS DE POSTES

- MIKAEL LOZANO

Il n'en restera qu'un, celui où tout a commencé à Paris, dans le quartier de Barbès. Tati annonce ce mardi la fermeture de 13 magasins dans les prochains mois. 189 postes seront supprimés, les salariés se verront proposer des reclasseme­nts. 49 autres points de vente vont basculer sous l'autre enseigne de son propriétai­re, Gifi. Plusieurs fonds de commerce seront vendus. Le Groupe Philippe Ginestet (GPG), basé dans le Lot-et-Garonne, avait repris Tati en 2017. Deux ans plus tard, le constat est rude.

Deux ans après la reprise de Tati par le Groupe Philippe Ginestet, quel bilan tirer ? Le communiqué tombé ce mardi midi livre un éclairage cru sur la situation de l'enseigne à petits prix, avec des pertes de 28 M€ en 2018 qui s'annoncent supérieure­s en 2019. Philippe Ginestet indique avoir investi 150 millions d'euros, "deux fois plus que ce que nous avions initialeme­nt prévu et annoncé" pour relancer le réseau de magasins fondé par Jules Ouaki en 1948, placé en redresseme­nt judiciaire en 2017 et cédé par le groupe Eram. Le plan de relance avait été soigneusem­ent ficelé par le propriétai­re de Gifi, autre enseigne à petits prix mais spécialisé­e dans l'équipement de la maison. Philippe Ginestet n'avait jamais caché s'être inspiré de Tati pour créer le réseau Gifi. En 2017, 1.400 emplois avaient été sauvés lors de cette reprise, un chiffre qui est descendu à 1.200 aujourd'hui, répartis dans une centaine de magasins.

La réorganisa­tion profonde annoncée ce mardi matin semble montrer que la greffe n'a pas pris comme escompté. Treize magasins, "qui affichent des pertes durables, seront fermés. Certaines fonctions administra­tives, achat et logistique, seront réduites. Un PSE [plan de sauvegarde de l'emploi] est en projet et concernera­it, dans ce groupe de 9.500 personnes, 189 collaborat­eurs pour qui des mesures de reclasseme­nt seraient alors mises en place", précise GPG. Dans le même temps, "49 magasins et leurs équipes en régions seront intégrés sous l'enseigne Gifi à horizon 2020. Les premières expérience­s réalisées en 2019 montrent que cette approche autour d'une gamme produits plus complète répond aux attentes de la clientèle et permet une hausse immédiate des ventes. A l'instar du plus grand magasin Tati, situé à Créteil, qui va rouvrir ses portes en septembre avec les mêmes équipes sous enseigne Gifi, le personnel des magasins intégrés reste le même. Pas de changement pour les salariés, avec des perspectiv­es positives. Pour les fans de la marque, le magasin Tati de Barbès, symbole historique de la toute première enseigne à petits prix fondée en 1948 par Jules Ouaki, sera maintenu."

"LES RÉSULTATS ESCOMPTÉS NE SONT PAS AU RENDEZ

VOUS"

GPG livre ainsi son diagnostic : "L'intégratio­n des magasins Tati sous enseigne Gifi répond à un constat : le textile à « petit-prix » reste un marché difficile en France avec une concurrenc­e accrue, et l'impact de la crise des gilets jaunes sur le retail s'avère significat­if comme le soulignent toutes les études (Xerfi, Rapport du Sénat...). Dans ce contexte, d'un côté le réseau Gifi performe avec une large gamme de produits qui répond à l'attente des consommate­urs, de l'autre Tati, dans sa configurat­ion actuelle en tant que réseau, souffre et continue d'afficher des pertes. Les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous, malgré tous les efforts entrepris, et les 150 M€ que le groupe GPG a investi en deux ans (soit 2 fois plus que ce que nous avions initialeme­nt prévu et annoncé) pour redynamise­r l'enseigne, remettre les magasins en état, innover au niveau des concepts, relooker le merchandis­ing, faire de la publicité, et ouvrir neuf nouveaux magasins... Les tests de changement d'enseigne sur plusieurs magasins ont vu les ventes repartir à la hausse. Dans le commerce, le trafic en magasin est la meilleure garantie de l'emploi."

Par ailleurs GPG prévoit la cession de "certains fonds de commerce", sans être plus précis. Le groupe lot-et-garonnais précise enfin qu'un "collectif de managers de Tati, tous membres du comité de direction, s'est constitué pour bâtir un projet de redéploiem­ent de 30 magasins choisis au sein du réseau Tati et faire évoluer l'offre en y intégrant davantage de déstockage". GPG n'en dit pas beaucoup plus et laisse planer le mystère sur le nom de cette nouvelle enseigne mais ajoute qu'elle devrait s'appuyer sur un faible nombre de magasins et sur un site web selon le principe du "drop-shipping (système tripartite où le client passe commande sur le site internet du distribute­ur lequel transmet celle-ci au fournisseu­r pour que celui-ci assure la livraison et gère les stocks)".

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