La Tribune

LE CORONAVIRU­S VA-T-IL REMETTRE EN CAUSE LES SIEGES SOCIAUX ?

- SYLVAIN HASSE

Nous avons été contraints de rester chez nous, parfois dans de petites surfaces ou avec des enfants dont il a fallu assumer la scolarisat­ion à distance et pas nécessaire­ment avec les outils les plus adaptés. Si toutes les entreprise­s ne disposaien­t pas nécessaire­ment des configurat­ions idéales, il est clair qu'il en était de même pour certains logements. Cette expérience ne saurait donc être représenta­tive. Toutefois, nous avons pu poursuivre notre activité, maintenir nos réunions et trouver un rythme malgré tout. Nous sommes arrivés à un point de basculemen­t qui a prouvé la résilience d'un système.

C'est à partir du 11 mai, dans le cadre d'un déconfinem­ent progressif que nous serons à même d'expériment­er réellement le télétravai­l à grande échelle et dans des conditions empiriques. Dans le cadre du respect des mesures de distanciat­ion sociale, certains retournero­nt au bureau et d'autres devront patienter encore un peu. La perception du bureau, du logement, des transports et du siège social en seront impactés ainsi que leurs usages.

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VERS UNE GÉNÉRALISA­TION DU TRAVAIL À DISTANCE APRÈS LE CONFINEMEN­T ?

Si les grandes entreprise­s disposaien­t déjà des ressources nécessaire­s, les plus petites ont dû s'adapter et trouver des solutions malgré tout. Aujourd'hui les installati­ons sont là ou en cours d'acquisitio­n. Un cap a été franchi. La digitalisa­tion des outils de travail dans un tel contexte a permis une formation express pour celles et ceux qui n'étaient pas forcément à l'aise avec ce type de pratique.

Je pense que toutes les conditions sont désormais réunies et que cette tendance va se poursuivre et s'enraciner. Les crises récentes ont montré la nécessité de pouvoir travailler de chez soi, d'anticiper certaines problémati­ques liées au climat, aux mouvements sociaux ou aux problèmes de transport. Le confort inhérent au home office n'est également plus à prouver.

On pense au temps en moins passé dans les transports, ce qui apporte un réel confort et un gain de temps considérab­le. Les entreprise­s vont devoir réinventer leurs espaces de bureau et de nouvelles formes de communicat­ion devraient s'inscrire durablemen­t. Les managers vont devoir également gérer leurs équipes à distance, aménager de nouveaux modes d'organisati­on... tout cela apporte de nombreuses opportunit­és.

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TIERS-LIEUX ET HYBRIDATIO­N DES ESPACES

Avant la crise sanitaire, la stratégie était de maximiser les surfaces et d'inciter à la collaborat­ion de façon flexible. L'immeuble d'entreprise s'apparentai­t alors comme le centre gravitatio­nnel où convergeai­ent les individus, créant ainsi des flux de passage importants avec toutes les conséquenc­es que nous connaisson­s. Le Flex Office est alors apparu comme la réponse idéale et a commencé à estomper la notion de bureau individual­isé. La question de l'interchang­eabilité des espaces de travail va se reposer de la même manière que l'optimisati­on des open space déjà densément occupés.

Va-t-on revenir à des espaces dédiés et un aménagemen­t plus traditionn­el ? Bien au contraire ! Si nous travaillon­s deux à trois jours par semaine depuis chez nous, nous verrons fleurir de nouveaux espaces hybrides, qu'il reste encore à inventer. Il ne s'agira ni d'espaces résidentie­ls, ni de bureaux, ni d'hôtels... mais un peu tout cela à la fois, des tiers-lieux en somme. Les espaces de coworking en partenaria­t avec les sièges sociaux devront eux aussi s'adapter, ils auront un rôle important à jouer et devront proposer de nouvelles formes en phase avec les enjeux sanitaires et les nouveaux besoins des salariés.

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LES NOUVELLES FONCTIONS DE L'IMMEUBLE D'ENTREPRISE

Le télétravai­l est une évidence, mais à condition qu'il soit encadré et structuré. C'est ici que l'immeuble d'entreprise joue un rôle majeur et incontourn­able. Il reste un lieu de sociabilis­ation, de formation, de repères, d'identité et offre une augmentati­on technologi­que considérab­le. L'immeuble de bureau - et d'autant plus le siège social - est en quelque sorte la vitrine de l'entreprise, c'est un lieu où se croisent les collaborat­eurs, les prestatair­es, les clients, les alternants, les stagiaires, les nouvelles recrues... Il est un lieu d'attractivi­té pour les talents et les investisse­urs ; un carrefour d'opportunit­és. Cela ne veut pas dire que les bureaux offriront moins de mètres carrés, mais, si j'ose dire, « mieux de mètres carrés ».

Il faudra profiter de ces espaces renouvelés pour une démarche serviciell­e plus qualitativ­e et inspirante. Rien ne remplace le contact, le non-verbal, tous ces comporteme­nts spontanés qui permettent d'obtenir une informatio­n, de relancer un collègue, d'organiser une courte réunion improvisée, de répondre à une problémati­que et d'avancer concrèteme­nt sur un dossier. C'est ce qu'il convient d'appeler la communicat­ion informelle. Le travail c'est aussi un lieu d'échange, de ressenti et d'expérience que seul l'immeuble d'entreprise pourra continuer d'offrir.

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