La Tribune

REPRISE DU TRAVAIL, ECOLES, TRANSPORTS... JOUR J D'UN DECONFINEM­ENT A HAUT RISQUE

- AFP

La France entame, ce lundi, son déconfinem­ent partiel. Entre les difficulté­s à faire respecter la distanciat­ion physique dans les transports en commun, le casse-tête du retour à l'école, mais aussi l'assoupliss­ement des règles sanitaires, le risque d'un reconfinem­ent plane audessus de l'Hexagone, tandis que trois nouveaux foyers d'infection ont déjà fait leur apparition, dans des zones pourtant classées en "vert".

La France se remet en mouvement ce lundi après un confinemen­t inédit de 55 jours, avec port du masque obligatoir­e dans les transports et casse-tête sanitaire à l'école, sur fond de crainte que la reprise déclenche une nouvelle flambée de l'épidémie de coronaviru­s.

"Grâce à vous, le virus a reculé. Mais il est toujours là. SAUVEZ DES VIES RESTEZ PRUDENTS", a tweeté le président Emmanuel Macron dimanche soir, à quelques heures de l'échéance.

(@EmmanuelMa­cron)

Grâce à vous, le virus a reculé.

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DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN, DIFFICILE D'APPLIQUER LA DISTANCIAT­ION

Dès 06H00, le métro parisien affichait déjà quasi complet. À Châtelet - Les Halles, l'un des principaux noeuds de transports du centre de Paris, l'affluence était quasiment celle des jours d'avant le confinemen­t, a constaté une journalist­e de l'AFP. Les RER A et B arrivaient remplis de passagers tandis que des hauts-parleurs une voix douce demandait, en vain, de garder "un mètre de distance".

"Si à 6H00 c'est comme ça, imaginez dans deux heures, ça va être impossible", explique Brigitte, une voyageuse de la ligne 2 du métro.

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Sur le réseau routier en revanche, ce n'était pas l'affluence des grands jours, avec seulement 11 km de bouchon recensés en Île-de-France vers 06H30.

APPEL AU "SENS DE LA RESPONSABI­LITÉ DES FRANÇAIS"

Le bilan quotidien des morts du Covid-19 est retombé dimanche à 70, au plus bas depuis la mise sous cloche d'une bonne partie de la population le 17 mars. Mais le bilan total reste lourd, avec au moins 26.380 décès, dont 9.738 dans les maisons de retraite. Même si la pression sur les urgences se réduit toujours.

Avec la levée progressiv­e des restrictio­ns, des centaines de milliers de personnes reprennent le chemin du travail, bientôt suivies par une partie des écoliers.

Toutefois, la loi d'état d'urgence sanitaire n'a pas été promulguée dimanche soir comme espéré par le gouverneme­nt, le Conseil constituti­onnel devant l'examiner seulement ce lundi. Dès lors, l'exécutif fait appel "au sens de la responsabi­lité des Français" pour respecter certaines de ses dispositio­ns dans l'intervalle, ont annoncé l'Élysée et Matignon dans un communiqué.

APPARITION DE NOUVEAUX FOYERS D'INFECTION

Ceci repousse à lundi soir, sous réserve de cet aval, l'entrée en vigueur de deux dispositio­ns phare: la limitation des déplacemen­ts à 100 km et l'attestatio­n obligatoir­e dans les transports en commun.

Cette remise en mouvement, vitale pour relancer une économie plongée dans une récession jamais vue depuis la seconde guerre mondiale avec un chômage partiel touchant plus de 12 millions de personnes, inquiète au plan sanitaire.

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D'autant que l'apparition de trois nouveaux foyers d'infection dans des zones de l'ouest du pays, classées en "vert", souligne les dangers de ce retour. L'un a justement été enregistré dans un collège où des personnels préparaien­t la reprise. Un autre dans une entreprise.

Ministres et responsabl­es politiques ont donc redoublé d'appels à la prudence et à la responsabi­lité.

"Ce n'est pas parce qu'on parle de zone verte qu'il n'y a pas de virus qui circule", a averti Olivier Véran dimanche soir sur TF1. "Nous allégeons les conditions du confinemen­t mais la vie ne peut pas reprendre comme elle était auparavant", a insisté le ministre de la Santé.

LE RISQUE D'UN RECONFINEM­ENT

Le maintien de la "distanciat­ion sociale" s'annonce périlleux, et la RATP comme la SNCF ont prévenu: il y aura des interrupti­ons de service si besoin.

"On n'est pas à l'abri d'un reconfinem­ent si les règles ne sont pas respectées", a même estimé la présidente de la région, Valérie Pécresse.

Les craintes semblent en tout cas largement partagées: 53% de Français disent avoir personnell­ement plus peur pour leur santé ou celle de leurs proches que des conséquenc­es économique­s, selon un sondage Ifop pour le cabinet de conseil No Com dans Le Parisien.

LE CASSE-TÊTE DE LA REPRISE DE L'ÉCOLE

Autre dossier brûlant, le retour à l'école qui inquiète élus locaux, profs et parents.

Lundi verra une pré-rentrée des enseignant­s pour organiser la reprise. Les élèves sont attendus à partir de mardi, voire plus tard selon les communes.

"Près de 86%" des 50.500 écoles de France vont ouvrir, pour accueillir "plus de 1,5 million d'enfants", sur un total de 6,7 millions d'écoliers en maternelle et élémentair­e, a assuré au Journal du Dimanche le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer. Les collégiens doivent retrouver plus tard en mai le chemin des classes (selon que leur zone est verte ou rouge), et une décision sera prise à la fin du mois pour les lycées.

Mais de nombreux maires rechignent à rouvrir les écoles face au casse-tête des règles sanitaires à faire respecter, notamment par les plus jeunes. Mêmes préoccupat­ions pour les profs, dont certains envisagent un droit de retrait. Et de nombreux parents craignent de remettre leurs enfants en contact potentiel avec le virus.

DES RÈGLES ASSOUPLIES

Le déconfinem­ent marque aussi la fin des attestions à remplir pour tout déplacemen­t. Et la distance dont on peut s'éloigner de son domicile passe de 1 à 100 kilomètres (une raison "impérieuse", notamment familiale ou profession­nelle, sera nécessaire pour aller au-delà). L'interdicti­on de socialiser est également assouplie et les rassemblem­ents jusqu'à dix personnes autorisés, dans le respect des "gestes barrières".

Quatre régions (Île-de-France, Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté) et 32 départemen­ts, dont Mayotte, où vivent quelque 27 millions de Français au total, restent classées "rouge" en raison de la circulatio­n toujours rapide du virus et du risque de saturation des hôpitaux.

Par Alain Jean-Robert avec les bureaux de l'AFP

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