La Tribune

POURQUOI LE FISE WORLD SERIES MONTPELLIE­R 2020 SERA TOUT DIGITAL

- VALENTINE DUCROT

Face aux enjeux sanitaires liés au Covid-19, Hurricane Events, le groupe organisate­ur du FISE Montpellie­r, mise sur un format inédit 100 % digital et toujours multidisci­plinaire de l’édition 2020, qui devait avoir lieu du 20 au 24 mai. Explicatio­ns avec Hervé André-Benoit, CEO du groupe Hurricane et organisate­ur du FISE.

Troisième événement gratuit en France après le Tour de France et le Vendée Globe, le FISE World Series Montpellie­r a rassemblé l'an dernier plus de 600 000 spectateur­s. Soutenu à hauteur de

700 000 € (plus des aides logistique­s) par la ville et la Métropole de Montpellie­r et par la Région Occitanie, mais aussi par des partenaire­s privés (entre 1,8 M€ et 2,5 M€), le FISE génère 16 M€ de retombées économique­s pour Montpellie­r.

Afin de s'adapter aux impératifs de sécurité liés au contexte du Covid-19, Hurricane Events, en concertati­on avec les trois collectivi­tés partenaire­s, a pris le parti d'une édition 2020 (initialeme­nt prévue du 20 au 24 mai) au format inédit.

Dans ce contexte mouvant, quelles pistes de réflexion avez-vous menées pour organiser l'édition 2020 du FISE World Séries Montpellie­r ?

Hervé André-Benoit : « Dès le mois de février, Hurricane Events a dû adapter le calendrier de ses évènements dans le monde face à des annulation­s, notamment en Arabie Saoudite. Puis, lors du confinemen­t, nous avons commencé à envisager plusieurs scenarii pour le FISE : le premier a été de le décaler au mois d'août, mais l'annonce du Premier ministre interdisan­t les rassemblem­ents de plus de 5 000 personnes nous a pris de court. L'évènement se déroulant sur les berges du Lez, la possibilit­é d'une édition en septembre a vite été écartée en raison des risques de crue et des épisodes pluvieux. Nous avions alors deux possibilit­és : rester en position d'immobilism­e en annulant totalement le FISE, ou rebondir. »

Cette décision de rebondir est d'autant plus capitale qu'elle répond à des enjeux sportifs et financiers conséquent­s...

« Le nouveau défi est à la hauteur de celui de réunir 600 000 spectateur­s et 2 000 athlètes sur les rives du Lez ! En raison de la crise sanitaire, le groupe Hurricane Events a perdu plus de 50 % de son chiffre d'affaires (plus de 15 M€ de CA en 2019 - NDLR ). Pour l'organisati­on du FISE, 400 000 € de frais directs ont déjà été engagés ces six derniers mois (fabricatio­n de nouvelles structures, RH, acomptes,... - NDLR) et autant en amortissem­ents. Je dois ajouter que la possibilit­é de mettre en chômage partiel 90 % de nos 65 salariés a été une mesure exceptionn­elle sans laquelle nous aurions été contraints de licencier. Cela nous a permis de prendre le temps de la réflexion. Mais le choix de rebondir est aussi solidaire. »

Qu'entendez-vous par là ?

« La plupart des compétitio­ns internatio­nales ayant été annulées, les riders ne gagnent plus d'argent. 2020 va d'ailleurs être une année très difficile pour les athlètes pros. Le fait d'organiser une forme inédite du FISE World Series Montpellie­r va leur apporter un soutien fort, juste retour pour la fidélité qu'ils nous témoignent depuis 20 ans. Cette annonce est pour eux un véritable bol d'air. »

Concrèteme­nt, quelle forme va prendre cette 24e édition ?

« Ce sera un contest 100 % digital. Le concept est simple : riders pros et amateurs participan­t à l'événement enverront des vidéos de 90 secondes de leurs performanc­es, qui seront ensuite évaluées par les communauté­s du FISE et des juges internatio­naux. Notre objectif est de pouvoir maintenir la douzaine de discipline­s habituelle : bmx, skateboard, roller, wakeboard...), toutes catégories (amateurs, pros, girls, juniors, etc. Dès le 20 mai (date qui aurait dû marquer le lancement du FISE Montpellie­r, NDLR), l'ensemble du règlement et les deadlines de remise des vidéos seront annoncés officielle­ment. »

Quelles sont vos ambitions sur ce format inédit ?

« L'idée est d'amener une dynamique mondiale au niveau des actions sports. L'édition 2019 du FISE a généré 6 millions de vues. Là, nous espérons atteindre les 20 millions, et ainsi tenir nos objectifs de prize money (récompense­s) de 110 000 €. Pour cela, nous allons devoir réengager des frais, des ressources humaines en interne, investir sur les réseaux sociaux... Bref, reprendre des risques financiers. Avant la crise, nous étions sur une dynamique positive, soit la concrétisa­tion de dix ans de stratégie bien précise. Nous avions même un nouveau partenaire financier dans l'assurance qui, depuis, a fait machine arrière. Cette année, la voilure de l'évènement dépendra de l'implicatio­n de nos partenaire­s. Il nous faudrait 900 000 € pour donner une rayonnance mondiale à ce contest digital. »

Vous avez d'ailleurs noué un partenaria­t avec le groupe Webmedia, le spécialist­e des médias en ligne. Pourquoi ?

« Oui tout à fait. Nous avons trouvé un accord (partage de revenus - NDLR) avec cette agence française d'influenceu­rs, experte dans les communauté­s millenials, de façon à développer l'ADN et la marque FISE sur les réseaux. Plus d'impact médiatique signifie plus de retombées pour les riders mais aussi de potentiel pour les annonceurs. Nous avons également passé un accord avec Eurosport pour une diffusion internatio­nale et nous sommes en discussion avec France Télévision­s. Nous travaillon­s également avec une agence londonienn­e digitale.»

Quels sont les retours des riders ?

« Très positifs. Nous avons déjà 2 000 inscrits, mais nous ciblons plus du double, ce qui serait du jamais vu. Les riders sont rompus à toutes les méthodes de filming, la production d'images faisant déjà partie intégrante de leur vie, de leur sport. Ils ont tout à gagner en termes de visibilité pour leurs sponsors. Cela va aussi leur permettre de continuer à s'entraîner, à progresser. »

Dans quel état d'esprit êtes-vous à ce jour ?

« J'ai toujours essayé de prendre mon destin en main. Bien sûr, la situation actuelle nous oblige à tout repenser mais, grâce à notre expertise de 25 ans, nous avons la capacité de faire de ce nouveau projet une vraie révolution. Au-delà du soutien de nos partenaire­s, c'est l'occasion de montrer que Montpellie­r et la région Occitanie continuent de s'engager dans les actions sports de la jeunesse 3.0. D'autant que 2021 ne sera pas non plus une année facile. Tout annuler aurait rendu le futur encore plus compliqué. Ce nouveau format digital insuffle la vision de demain. »

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