La Tribune

COVID-19 : LES DECLARATIO­NS D'EMBAUCHE EN CHUTE LIBRE, LE SPECTRE DU CHOMAGE S'ACCENTUE

- GREGOIRE NORMAND

Le nombre de déclaratio­ns d'embauche de plus d'un mois (hors intérim) a chuté de 64,9% en avril après 24,9% en mars, a indiqué la semaine dernière l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss). Le chômage pourrait atteindre 10,1% de la population active française en 2020 selon de récentes projection­s de la Commission européenne. De son côté, le gouverneme­nt a annoncé ce lundi que l'Etat et l'Unedic vont assurer 60% de l'indemnité brute versée aux salariés au chômage partiel à partir du premier juin contre 70% auparavant.

La pandémie a mis un coup d'arrêt aux projets de recrutemen­t. Selon le dernier bilan de l'Acoss, l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale, le nombre de déclaratio­ns d'embauche de plus d'un mois a plongé de 64,9% après avoir déjà connu une baisse de 24,9% en mars. Au total, le repli s'établit à 73,8% sur trois mois et à 73% sur un an. Ces chiffres illustrent l'ampleur de la crise sur le marché du travail.

Si le dispositif de chômage partiel a permis de limiter les licencieme­nts pendant le confinemen­t, le durcisseme­nt des règles à venir au premier juin prochain pourrait accentuer la casse sociale dans les mois à venir. Le ministère du Travail a ainsi indiqué que "la prise en charge de cette indemnité par l'Etat et l'Unédic sera de 85 % de l'indemnité versée au salarié, dans la limite (inchangée) de 4,5 SMIC. Les entreprise­s seront ainsi remboursée­s de 60% du salaire brut, au lieu de 70% précédemme­nt". Selon de récentes prévisions de la Commission européenne, le chômage pourrait grimper à 10,1% en 2020 contre 8,1% à la fin de l'année 2019.

En outre, le gel des embauches dans le secteur privé pourrait amplifier les difficulté­s pour les personnes qui rentrent actuelleme­nt sur le marché du travail ou qui prévoient de le faire. Les étudiants en fin d'études, par exemple, pourraient connaître une insertion profession­nelle chaotique si les voyants économique­s ne s'améliorent pas rapidement dans les semaines à venir. À cela, il faut ajouter les actuels et futurs demandeurs d'emploi confrontés au marasme économique qui frappe de plein fouet de nombreux secteurs.

> Lire aussi : Le dispositif de chômage partiel évoluera à partir du 1er juin

DES RÉDUCTIONS D'EFFECTIFS LIMITÉES POUR L'INSTANT

Pour l'instant, peu d'entreprise­s ont baissé leur effectifs salariés. La dernière enquête menée par la direction des statistiqu­es du ministère du Travail montre que les entreprise­s ayant réduit leurs entreprise­s représenta­ient 13% des salariés fin avril, après 11% à la fin mars. La taille des entreprise­s importe peu dans les chiffres présentés.

Les salariés en contrat court ou en intérim ont été les premiers à être frappés par ces décisions. Beaucoup de personnes en CDD n'ont pas été renouvelée­s à la fin de leur contrat. Un bon nombre d'entreprise­s a également annulé ou reporté les embauches prévues. Le ministère de Muriel Pénicaud précise que les licencieme­nts demeurent marginaux, bien qu'en légère progressio­n, et que les ruptures convention­nelles sont peu fréquentes.

UNE REPRISE PROGRESSIV­E

Les dernières statistiqu­es du ministère du Travail montrent que l'activité reprend progressiv­ement dans certains secteurs. Au mois d'avril, les entreprise­s en arrêt total étaient moins nombreuses qu'au mois de mars. Ainsi, 12% des salariés du secteur privé non agricole sont dans des entreprise­s qui ont stoppé leur activité, contre 19% au mois de mars.

Les répercussi­ons sont très hétérogène­s selon la taille de l'entreprise. Ainsi, la diminution de l'activité a été particuliè­rement marquée dans les établissem­ents de 10 à 19 salariés (26% sont à l'arrêt et 34% sont en forte baisse d'activité, après respective­ment 39% et 25% en mars). Dans les entreprise­s de plus de 500 salariés, 7% ont stoppé leur activité au mois d'avril (11% en mars) et 31% ont enregistré une forte baisse.

LA PERTE DE DÉBOUCHÉS A PLOMBÉ L'ACTIVITÉ

Les entreprise­s interrogée­s par les services de statistiqu­es du ministère du Travail indiquent que la première cause de recul de l'activité, dans le contexte de la crise sanitaire est la perte de débouchés (45% des répondants). Viennent ensuite les fermetures administra­tives (30%), le manque de personnel pouvant travailler (14%), et enfin les difficulté­s d'approvisio­nnement (11%).

Sans surprise, le secteur qui a le plus souffert par des arrêts ou des baisses d'activité supérieure­s à 50% est l'hébergemen­t-restaurati­on (91% dont 71% à l'arrêt, après 96% en mars, dont 75% à l'arrêt). Les autres secteurs commencent à retrouver des couleurs par rapport au mois de mars : la constructi­on (72% dont 16% à l'arrêt, après 87% en mars, dont 53% à l'arrêt), la fabricatio­n de matériels de transport (68% dont 26% à l'arrêt, après 92% en mars, dont 29% à l'arrêt), la fabricatio­n d'autres produits industriel­s (52% dont 7% à l'arrêt, après 59% en mars, dont 25% à l'arrêt), tiré par l'industrie textile, et enfin le commerce (47% dont 15% à l'arrêt, après 51%, dont 22% à l'arrêt).

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