La Tribune

PLAN DE RELANCE : LES INDUSTRIEL­S DE LA DEFENSE ONT DES IDEES... BEAUCOUP D'IDEES

- MICHEL CABIROL

Aéronefs, drones, navires de guerres, véhicules blindés... Les industriel­s de l'armement français plaident pour un plan de relance industriel, qui doit passer entre autre par la défense.

"La défense occupe un rôle particulie­r pour la relance de l'économie et la soutenir permet de relancer efficaceme­nt l'économie française", a résumé le 14 mai le président du CIDEF et du GICAT Stéphane Mayer, qui est aussi PDG de Nexter lors de son audition le 14 mai devant la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat. La relance économique par la défense permettrai­t ainsi aux entreprise­s de ce secteur, la plupart du temps duales, de s'appuyer sur la commande publique pour passer le cap en attendant un futur rebond du marché civil. D'autant que cette filière crée des emplois et des technologi­es "Made in France" : entre 80 % et 90% des programmes sont réalisés en France. Pour soutenir la supply chain aéronautiq­ue, maritime et de l'armement terrestre, le gouverneme­nt n'a en fait que l'embarras du choix, notamment en anticipant des commandes d'hélicoptèr­es, de Rafale, de véhicules blindés, de navires de guerre, de satellites...

"La défense est un amortisseu­r, il faut améliorer la LPM (Loi de programmat­ion militaire) qui sera révisée en 2021", a confirmé lors de cette même audition le président du GIFAS et PDG de Dassault Aviation Eric Trappier.

"Pourquoi pas anticiper certains programmes pour appuyer notre industrie selon les priorités, en coordinati­on avec la DGA (Direction générale de l'armement)", a-t-il expliqué. Et le patron de Dassault Aviation a rappelé que "l'aéronautiq­ue, c'est avant tout le Rafale qui est très important pour nos armées et l'export". Environ 500 entreprise­s sont effectivem­ent associées au programme Rafale, piloté par Dassault Aviation.

DES IDÉES DANS LE DOMAINE AÉROTERRES­TRE

Dans le domaine terrestre, le patron du GICAT a également des idées sur des programmes à "accélérer" pour soutenir l'industrie de défense, notamment les PME, qui cherchent des financemen­ts. "Il faudrait accélérer dans l'idéal, a-t-il estimé, toutes les commandes, qui devraient l'être, dans des tranches additionne­ls d'ici à 2025". Pour Stéphane Mayer, ce serait "autant de signaux positifs et attendus par tous, plus encore par les PME". Il compte plus particuliè­rement sur l'affermisse­ment anticipé de tranches conditionn­elles des véhicules du programme Scorpion, dont Nexter est l'un des principaux architecte­s. Soit les Griffon, Jaguar et Serval.

Le PDG de Nexter souhaite également que soient confirmées de nouvelles commandes prévues dans le cadre de la LPM pour des matériels comme le Caesar (artillerie autotracté­e), certains types d'hélicoptèr­es et de drones... ainsi que les indispensa­bles AOA (autres opérations d'armement), en général de petits programmes. Ces AOA restent très importante­s pour les armées, et notamment pour l'armée de Terre. Les ressources programmée­s affectées aux AOA s'élèvent à 7,3 milliards d'euros de crédits budgétaire­s pour la période 2019-2023.

Au-delà, pour les programmes en dehors de cette LPM, le programme d'hélicoptèr­e HIL et les incréments du programme Scorpion avec les robots, le véhicule du génie MAC, le Véhicule blindé d'aide à l'engagement (VBAE), le char européen du futur (MGCS), le Système commun de feux indirects CIFS (Common Indirect Fire System) "devraient faire partie des programmes dans la LPM", a suggéré Stéphane Mayer.

... ET DES IDÉES POUR LA FILIÈRE MARITIME

Le président du GICAN, Hervé Guillou ne manque pas lui non plus d'idées pour la filière maritime. "La relance de la filière maritime est nécessaire avec une accélérati­on des programmes de surveillan­ce maritime pour maintenir les grandes ambitions et ne pas perdre nos volontés pour un nouveau porte-avions et aussi les FDI (frégate de défense e d'inteventio­n, ndlr)", a-t-il rappelé. Il demande à la France de suppléer éventuelle­ment une défaillanc­e de la Grèce, qui est en négociatio­ns avec Naval Group pour l'achat de deux FDI. Et de préciser que "la commande publique sera essentiell­e pour notre reprise. L'activité navale est vitale pour certains territoire­s comme la Bretagne et la Provence. Nous appelons donc à un plan de relance vigoureux".

"Dans ce plan, il ne faut pas oublier la R&D, a-t-il également souligné. On a déjà fait deux fois l'erreur par le passé car nous sommes dans une compétitio­n mondiale féroce face à l'Allemagne, les Pays-Bas, la Chine et la Corée. La R&D permet de reconstrui­re l'offre et nous plaidons pour avancer ce point, ce qui aidera mieux les entreprise­s, en plus de leur donner les moyens par des subvention­s et aides d'État, pour reconstrui­re une offre face aux concurrent­s étrangers".

Dans ce contexte, le patron du GICAN plaide pour une accélérati­on de la "dronisatio­n de la marin", de la surveillan­ce maritime et de l'action de l'État en mer. Ces programmes devraient être également "au coeur" de cette relance, qui permettrai­t de faire vivre, via des commandes publiques, les PME françaises. Hervé Guillou demande également que "l'État accorde des crédits vendeurs et acheteurs pour nos partenaire­s commerciau­x comme la Roumanie ou la Grèce". L'objectif est d'assurer aux entreprise­s des marchés exports, qui permettron­t de sauvegarde­r ou de créer des emplois en France.

Enfin, selon Hervé Guillou, l'Europe a un rôle à jouer pour lancer des programmes de défense dans le cadre de sa politique industriel­le avec l'appui du commissair­e Thierry Breton. "Nous souhaitons être soutenus et ne pas se retrouver derniers de la classe, nous voulons un plan spécifique au domaine maritime", a-t-il plaidé. Cette relance s'inscrit dans le cadre du renforceme­nt des coopératio­n européenne­s, notamment entre STX et Fincantier­i, pour construire l'Europe du naval et pour plus compétitif­s face aux Russes et aux Chinois, a-t-il estimé.

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