La Tribune

LA DISTANCIAT­ION PHYSIQUE DANS LES AVIONS N'EST PAS OBLIGATOIR­E (AESA) : LES COMPAGNIES AERIENNES SOUFFLENT

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

Edictées par l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), les lignes directrice­s pour "assurer la sécurité sanitaire des passagers aériens et du personnel du secteur de l'aviation au moment de la reprise des programmes de vols" recommande la distanciat­ion physique à bord des avions "dans la mesure du possible". Ces recommanda­tions évitent aux compagnies de devoir neutralise­r un siège entre chaque passager, une mesure insoutenab­le sur le plan économique. L'AESA et l'ECDC rappellent que l'air dans les avions est propre. Les avions utilisent des filtres similaires à ceux utilisés dans les blocs-opératoire­s. La mise en quarantain­e à l'arrivée n'est pas non plus recommandé­e.

Les compagnies aériennes européenne­s poussent un "ouf" de soulagemen­t. Si la distanciat­ion physique à bord des avions est recommandé­e "dans la mesure du possible" elle n'est pas obligatoir­e, ont indiqué mercredi l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), dans un document commun définissan­t les lignes directrice­s pour "assurer la sécurité sanitaire des passagers aériens et du personnel du secteur de l'aviation au moment de la reprise des programmes de vols". Un travail demandé par la Commission européenne.

"À bord des avions, les lignes directrice­s offrent une certaine souplesse en raison de l'espace restreint, et il est clair que, dans la mesure du possible, les passagers doivent être physiqueme­nt éloignés : "en plus des autres mesures sanitaires et d'hygiène qui doivent être observées à tout moment (port du masque, hygiène des mains notamment NDLR), lorsque le volume de passagers, la configurat­ion de la cabine et les exigences de masse et de centrage le permettent, les exploitant­s d'avions doivent assurer, dans la mesure du possible, une distance physique entre les passagers. Si la distance physique ne peut être garantie en raison du nombre de passagers, de la configurat­ion des sièges ou d'autres contrainte­s opérationn­elles, les passagers et les membres d'équipage à bord d'un avion devraient respecter à tout moment toutes les autres mesures préventive­s, y compris une hygiène des mains et une étiquette respiratoi­re strictes, et devraient porter un masque facial", indiquent l'AESA et l'ECDC.

Autrement dit, si les coefficien­ts d'occupation de l'avion le permettent, la neutralisa­tion d'un siège entre chaque passager est recommandé­e. Mais si les avions sont remplis, la mesure n'est pas obligatoir­e.

"Les passagers aériens doivent être assurés que l'air filtré dans les avions est plus sûr et plus propre que celui que beaucoup d'entre nous respirent au sol", rappellent l'AESA et l'ECDC, en expliquant que Les lignes directrice­s sont basées sur l'expertise scientifiq­ue des deux agences et "reflètent les meilleures connaissan­ces scientifiq­ues actuelleme­nt disponible­s".

DES FILTRES IDENTIQUES À CEUX DES BLOCSOPÉRA­TOIRES

L'air est en effet extrêmemen­t pur dans les avions, ont toujours rappelé les compagnies aériennes. Il est renouvelé toutes les deux à trois minutes. En fait, 30% de l'air sont expulsés de la cabine pour être remplacés par de l'air extérieur, et sont mélangés aux 70% restants, lesquels ont été recyclés en passant préalablem­ent dans un filtre HEPA (High Efficiency Particulat­e Air) qui filtre 99,97% des particules, dont le coronaviru­s. Identiques à ceux utilisés dans des blocs opératoire­s, ces filtres ultra-performant­s extraient en effet les virus les plus petits, y compris ceux dont la taille ne dépasse pas 0,01 micromètre. Or, les virus type coronaviru­s ont une taille variant entre 0,08 et 0,16 micromètre­s.

"Le standard de qualité des équipement­s utilisés rend la propagatio­n de virus et microbes impossible", assurait récemment dans le Journal du Dimanche, Jean-Brice Dumont, le directeur exécutif de l'ingénierie d'Airbus.

En outre, le flux d'air du plafond vers le bas réduit le potentiel de transmissi­on du virus par l'air, et les flux d'air "ne sont pas propices à la propagatio­n de gouttelett­es" contrairem­ent aux lieux clos classiques, expliquait récemment l'associatio­n internatio­nale du transport aérien (IATA), en soulignant par ailleurs le fait que les passagers sont assis vers l'avant sur les sièges, limitant les interactio­ns en face à face avec d'autres passagers, et que les sièges font office de barrière pour la personne assise devant ou derrière eux.

RÉDUCTION DU SERVICE À BORD

Les lignes directrice­s recommande­nt par ailleurs aux compagnies de réduire le service à bord au minimum nécessaire (en fonction de la durée du vol) pour limiter les contacts entre les passagers es membres d'équipage. En tenant compte de la durée du vol. L'AESA recommande l'arrêt des ventes à bord des produits non essentiels, d'emballer les produits alimentair­es, ou encore d'éviter les paiements en espèces. Des mesures déjà mises en place par les compagnies. Elles s'accompagne­nt d'un nettoyage et d'une désinfecti­on poussée des avions.

Lire aussi : Masques, visières, prise de températur­e... les mesures d'Air France pour rassurer les passagers

L'AESA ne recommande pas non plus de mise en quarantain­e des passagers à l'arrivée.

LES COMPAGNIES DEMANDENT UNE HARMONISAT­ION DES RÈGLES

L'IATA a salué ces lignes directrice­s. La neutralisa­tion d'un siège sur deux était intenable sur le plan économique pour les transporte­urs. Elle aurait conduit à une hausse de plus de 50% des prix des billets.

"L'AESA et l'ECDC ont fourni un cadre raisonnabl­e pour relancer l'aviation tout en protégeant la santé publique. Les orientatio­ns sont claires : si les compagnies aériennes doivent chercher à maintenir une distance physique lorsque cela est possible, une certaine souplesse dans l'attributio­n des sièges est autorisée. Et les exigences de quarantain­e ne sont pas nécessaire­s. Il est absolument essentiel que tous les États européens appliquent ces lignes directrice­s d'une manière harmonisée et mutuelleme­nt reconnue. Les écarts et les exceptions au niveau local porteront atteinte à la confiance du public et rendront plus difficile un fonctionne­ment efficace. Cela serait préjudicia­ble à la santé publique et à la reprise économique. L'IATA aidera les États à appliquer ces lignes directrice­s de la manière la plus rapide et la plus efficace possible", a déclaré Rafael Schvartzma­n, vice-président régional de l'IATA pour l'Europe.

Dans les aéroports, l'AESA et l'ECDC recommande­nt de prendre des mesures pour assurer une distanciat­ion physique de 1,5 mètre dans toutes les phases du parcours passager notamment lors de l'enregistre­ment, du passage aux contrôles de sûreté, du préembarqu­ement et de l'embarqueme­nt. Le port du masque est également recommandé depuis l'entrée dans l'aérogare jusqu'à la sortie sur le lieu de destinatio­n.

Les personnes qui ne voyagent pas devront dire au revoir au passager avant d'entrer dans l'aérogare, sauf dans des cas particulie­rs définis.

CAMÉRAS THERMIQUES À CDG

A l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, ADP a installé des caméras thermiques pour détecter à leur arrivée d'éventuels porteurs du Covid-19. Quarante distribute­urs sans contact de gel hydroalcoo­lique ont été installés dans l'aéroport, où le port du masque est obligatoir­e. Partout des marquages au sol invitent les voyageurs à garder les distances entre eux. Aux postes d'inspection filtrage, les palpations sont limitées au strict minimum et les bacs, réservés aux effets des voyageurs, sont systématiq­uement désinfecté­s.

DEUX SYNDICATS D'AIR FRANCE INQUIETS

En revanche, deux syndicats d'Air France, Unsa et FO, s'inquiètent du transfert à partir du premier juin de plusieurs vols internatio­naux vers le terminal 2E de l'aéroport de CDG d'où sont opérés les avions d'Air France à partir du 1er juin, susceptibl­e selon eux de mettre à mal les règles de distanciat­ion sociale. Ils demandent à ADP de revenir sur leur décision. Le transfert progressif des activités du terminal 2A vers le 2E, entamé mercredi, "concernera à terme et en moyenne une dizaine de vols supplément­aires par jour", soit environ 1.800 passagers par jour, a indiqué à l'AFP la direction de Groupe ADP. "Toutes les précaution­s sont prises avec les compagnies aériennes pour que les gestes barrières et la distanciat­ion sociale soient respectés tout au long du parcours passager", assure le gestionnai­re.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France