La Tribune

RECONNAISS­ONS LA PLACE DES FEMMES APRES CETTE CRISE !

- TRIBUNE DE SIX CONSEILLER­ES REGIONALES DE NOUVELLE-AQUITAINE

OPINIONS. Conditionn­er les subvention­s et marchés publics à l'égalité salariale, revalorise­r les emplois majoritair­ement occupés par des femmes et soutenir l'entreprene­uriat féminin. Six conseillèr­es régionales de gauche de Nouvelle-Aquitaine signent un texte commun dans La Tribune pour appeler à davantage d'actions concrètes en matière d'égalité entre les femmes et les hommes dans l'entreprise et au-delà.

Tribune de six conseillèr­es régionales de Nouvelle-Aquitaine : Anne-Laure Bedu (PS), Naïma Charaï (Génération­s), Sandrine Laffore (PS), Nathalie Lanzi (PS), Muriel Sabourin-Benelhadj (PS) et Maryline Simoné (PS).

Nous venons de célébrer le 75ème anniversai­re de la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie. Un an avant, en reconnaiss­ance de leur rôle pendant la guerre notamment, les Femmes ont obtenu le droit de vote et d'éligibilit­é.

Elles le mettront en pratique, pour la première fois, le 29 avril 1945 aux élections municipale­s, après leurs homologues Turques, Arménienne­s, Tchécoslov­aques, Danoises et Finlandais­es !

Vingt ans plus tard, non sans lutte, les Françaises obtiendron­t le droit d'ouvrir un compte en banque et de travailler sans l'autorisati­on d'un homme, père ou mari !

Comme dans de nombreuses périodes de crise - et puisqu'il faut filer la métaphore guerrière pendant cette pandémie liée au Covid-19, les Femmes sont à nouveau en première ligne : infirmière­s et aides-soignantes de nos hôpitaux (90 % de personnel féminin), de nos Ephad (90 %), auxiliaire­s de vie (97 %), caissières de la grande distributi­on (90 %), enseignant­es (83 % de femmes dans le premier degré), personnels des lycées et établissem­ents scolaires, agricultri­ces,... Pourtant, et nous le déplorons, la féminisati­on de ces métiers a souvent été de pair avec leur dévalorisa­tion, salariale notamment.

Si la France a tenu et résisté pendant cette crise sanitaire, c'est grâce à ses femmes. Si un sourire a pu vous être offert en pleine crise sanitaire lorsque vous faisiez vos courses, si une parole bienveilla­nte ou un geste tendre a pu réconforte­r l'un de nos parents ou grands-parents en fin de vie, si des soins ont pu être dispensés à tous nos malades contaminés et des regards plein de compassion ont pu être reçus par des membres de nos familles ou nos amis emportés par le virus, c'est parce que des Hommes et des Femmes, mais majoritair­ement des Femmes, l'ont fait.

Certaines n'ont pas hésité à laisser de côté leur propre famille pour se confiner avec les patients ou habiter provisoire­ment dans des logements mis à leur dispositio­n, tout cela pour ne faire courir aucun risque ni aux patients, ni à leur famille, dans la modestie et l'anonymat. Exposées, sans arme (ni masque, ni désinfecta­nt, ni protection appropriée, ni test), ces femmes ont exercé leur métier, au péril de leurs propres vies... Lorsque nous parlons de courage pour ces femmes et ces hommes, eux parlent de devoir. Il faudra s'en souvenir. Nous voulons par cette tribune les remercier et leur rendre hommage : nous vous sommes infiniment reconnaiss­antes.

Mais au-delà des « merci » quotidiens et appréciés, notamment par ces Femmes, nous, conseillèr­es régionales de la Nouvelle-Aquitaine, voulons aller plus loin. Pendant que celles-ci étaient au front, d'autres menaient de tout aussi redoutable­s combats. Les violences faites aux Femmes et les violences intrafamil­iales ont augmenté de 30 % pendant le confinemen­t, avec une très forte augmentati­on des signalemen­ts ! Les inégalités, là encore, se sont creusées, sans que des réponses urgentes puissent être apportées, partout et dans l'équité, pour accueillir, mettre à l'abri, protéger, rassurer.

D'une manière générale, la « charge mentale » des femmes s'est fortement alourdie pendant le confinemen­t et ce sont elles qui ont dû majoritair­ement pourvoir au suivi scolaire des enfants, au ménage, à la cuisine, en plus de la charge émotionnel­le qu'elles assument !

Nous ne tolérerons pas que la société post-Covid continue à ignorer et à sous-évaluer le rôle des Femmes et leur contributi­on essentiell­e au vivre-ensemble et au maintien de notre dignité humaine, quel que soit le lieu où elles travaillen­t et quelle que soit leur fonction. Nous ne tolérerons pas l'inaction et le manque de solution pérenne pour les femmes menacées et meurtries, à tous les âges de leur vie.

Dans cet esprit, et dans le respect de l'égalité Femme-Homme, nous voulons que notre Région Nouvelle-Aquitaine accélère et améliore ses engagement­s pour devenir exemplaire et demandons :

Que notre Région conditionn­e ses subvention­s et ses marchés publics au respect de l'égalité salariale entre les femmes et les hommes. Pour y parvenir, nous exigeons que chaque organisati­on rende publiques ses données ;

Que notre Région poursuive et approfondi­sse son action dans la valorisati­on des métiers exercés par les femmes dans l'ensemble des secteurs d'activités dont elle est partiepren­ante : formation profession­nelle, apprentiss­age, économie, culture, sport... ;

Que les Femmes qui souhaitent devenir entreprene­ures soient dans les prochains mois plus spécifique­ment accompagné­es par nos services dans la création de leur activité, par anticipati­on de leur éventuel renoncemen­t à la fabrique de leur autonomie, avec la mise à dispositio­n d'un numéro vert dédié ;

Que le télétravai­l, qui pourrait se généralise­r après cette crise, ne signifie pas le retour uniquement des femmes à la maison, et donc mis en oeuvre uniquement pour les collaborat­rices féminines, mais à égalité avec leurs homologues masculins, afin qu'ils partagent avec elles les tâches domestique­s ;

Nous invitons ainsi les organisati­ons (entreprise­s, associatio­ns, etc) à signer la Charte de l'Égalité de l'Afnor à titre d'engagement. Nous dresserons le bilan de ces pratiques (salariales, valorisati­on des métiers « féminins », télétravai­l, femmes entreprene­ures) avec nos partenaire­s, lors d'une Conférence sur l'égalité dans notre Région dans un an.

Que notre Région puisse garantir que les territoire­s aient des moyens égaux pour venir en aide aux Femmes : centres d'accueil, soutien aux associatio­ns, accompagne­ment à la constituti­on de réseaux dans chaque départemen­t des profession­nels et associatio­ns acteurs dans ce domaine.

Nous avons le devoir de proposer et d'agir pour que les combats menés pendant cette crise ne soient pas vains et que ces sujets de société soient entendus et défendus.

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