La Tribune

DEFYMED LANCE SES ESSAIS CLINIQUES SUR LE DIABETE

- OLIVIER MIRGUET A STRASBOURG

STRASBOURG. Son projet de pancréas bioartific­iel est à l'étude depuis 2011. Cette société de technologi­es médicales espère offrir une alternativ­e aux pompes à insuline dans le soins aux patients diabétique­s.

En 2017, Defymed rêvait d'une levée de fonds de 10 millions d'euros pour finaliser la mise au point de son pancréas bioartific­iel. Cette poche en polymères, qui enferme des cellules productric­es d'insuline, était présentée comme une avancée médicale majeure. Certains patients diabétique­s, soumis à des injections quotidienn­es d'insuline, verraient leur protocole de soins simplifié. En 2019, les besoins étaient réévalués à 15 millions d'euros.

Cette start-up fondée en 2011 à Strasbourg par Séverine Sigrist, chef de laboratoir­e au Centre européen d'étude du diabète (CEED), a finalement réussi à lever 1,8 million d'euros, suffisants pour lancer une étude clinique. Des fonds d'investisse­ment orientés Medtech, approchés en Europe et aux Etats-Unis, ont pour l'instant décliné l'invitation. A leur place, le fonds régional Cap Innov Est, lancé en 2014 par les collectivi­tés territoria­les pour soutenir les start-ups et l'innovation sur leur territoire, investit 1 million d'euros.

Bpifrance accompagne le projet de Defymed en apportant 800.000 euros supplément­aires. Au cumul, l'entreprise de Séverine Sigrist a ainsi levé et consommé près de 10 millions d'euros depuis 2011. Cap Innov'Est devient majoritair­e (38 % du capital), après un premier apport effectué en 2015. Le Centre européen d'étude du diabète, à l'origine de la création de Defymed, détient toujours 20 % du capital.

COMMERCIAL­ISATION EN 2023

"Nous démarrons les essais cliniques sur huit patients sélectionn­és par le Nouvel Hôpital Civil de Strasbourg", annonce Séverine Sigrist. Le dossier sera déposé à l'Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM). On espère commencer l'étude dès cette année, au quatrième trimestre." Une deuxième phase de l'essai aura lieu en 2022, suivi de la commercial­isation espérée en 2023. En 2019, selon le CEED, le diabète affecterai­t plus de 463 millions de personnes dans le monde, dont 59 millions en Europe. Defymed ambitionne un marquage CE sur son dispositif, synonyme d'ouverture à l'ensemble du marché européen, et proposera une exploitati­on commercial­e par cession de licence à un spécialist­e des dispositif­s médicaux.

L'innovation s'adresse à des patients atteints de diabète de "type 1" causé par le mauvais fonctionne­ment des cellules du pancréas et caractéris­é par une élévation anormale de la glycémie, le taux de sucre dans le sang. Defymed estime que "les autres systèmes de délivrance d'insuline", comme les pompes qui doivent être portées par le patient, "ne comblent pas les attentes de façon optimale", avec seulement "25,3 % des hommes et 36,4 % des femmes diabétique­s en capacité de contrôler correcteme­nt leur glycémie". "Beaucoup de patients sont traités par ces pompe souscutané­es. Le coût associé à ce traitement peut être énorme, quand les patients réagissent mal à ces injections", observe Séverine Sigrist.

En septembre 2019, lors d'un voyage de prospectio­n à Boston, des investisse­urs avaient recommandé à Séverine Sigrist de revoir sa stratégie et de clarifier les rôles entre le fabricant du dispositif médical (une poche qui s'implante sous l'abdomen) et l'entreprise qui fournira les cellules. "Le coût total de la procédure de soins reste incertain", jugeaient aussi les financiers. La chercheuse strasbourg­eoise s'était défendue en mettant en avant la meilleure diffusion de l'insuline dans l'organisme et la diminution des risques de nécrose. Sans parvenir à convaincre ces spécialist­es nord-américains des Medtech, puisqu'ils n'ont toujours pas investi chez Defymed.

"Nous continuons de chercher un producteur de cellules pour un partenaria­t stratégiqu­e. Je suis d'accord pour faire une spin-off dès la fin de cette année. La valorisati­on de notre projet dépasse déjà 5 millions d'euros", explique Séverine Sigrist. L'entreprise compte 9 salariés, tous établis à Strasbourg. Elle envisage de créer une filiale à Boston afin de poursuivre ses prospectio­ns nordaméric­aines.

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