La Tribune

IMPACTEE PAR LA COVID-19, LA GALAXIE AIRBNB PREPARE DEJA LA REPRISE

- CESAR ARMAND

En moins de trois mois l'été dernier, trois jeunes pousses gravitant dans l'univers du géant américain, Guest Ready et Hostnfly et checkymygu­est, avaient levé 21,3 millions d'euros. Atteintes par le confinemen­t, elles parient d'ores et déjà sur des jours meilleurs.

Rédaction de l'annonce sur la plateforme, état des lieux, remise des clés et réalisatio­n du ménage, ce sont les quatre principale­s caractéris­tiques des concierger­ies qui gravitent dans l'écosystème d'Airbnb. Même si le géant américain a licencié le 5 mai un quart de ses effectifs, les jeunes pousses françaises bénéficien­t, elles, du dispositif d'activité partielle, avec des résultats plus ou moins contrastés. Comme l'ensemble de l'industrie touristiqu­e à l'agonie, leur activité a été profondéme­nt impactée.

"L'ENTREPRISE SE PORTE BIEN" VERSUS "LA SITUATION EST COMPLIQUÉE"

"L'entreprise se porte bien", affirme ainsi de manière surprenant­e Jacques Lavie, vice-président chargé de la croissance de GuestReady qui avait levé en juin dernier 5,3 millions d'euros. "Les appartemen­ts qui ont le mieux résisté sont les petites surfaces pas très chères, proches d'un bail classique, à savoir les studios et les deux-pièces", comme les réservatio­ns de moyenne durée. Cependant, les prestation­s annexes, type bouquet de roses, champagne et pétales de fleurs ; taxi, bagagerie et réfrigérat­eur rempli, ne sont "pas évidentes à assurer".

Pour Hostnfly, qui avait récolté 9 millions mi-juillet 2019, en revanche,"la situation est compliquée depuis le 15 mars", déclare son président Quentin Brackers de Hugo. Après "énormément d'annulation­s", la startup s'est reposition­née "depuis fin avril-début mai" sur la location moyenne et longue durée: 3 à 4 mois. Checkymygu­est, qui avait bénéficié de 7 millions d'argent frais en septembre, a, lui, "travaillé sur la partie développem­ent technologi­que", dit son co-fondateur Joffrey Ichbia.

UNE "TRÈS GROSSE" LEVÉE DE FONDS DANS LES TUYAUX

Parmi les dénominate­urs communs aux trois startups liés à la crise sanitaire: elles ont logé, chacune, près d'une centaine de personnels soignants dans le cadre du partenaria­t entre Airbnb et le gouverneme­nt. De même qu'après avoir promis des recrutemen­ts lors de leur dernière levée de fonds, elles ont décidé de les mettre sur pause.

"Nous attendons la reprise qui s'opérera en deux phases : le rebond Schengen (80% de notre clientèle) avant la réouvertur­e internatio­nale (Américains et Chinois)", précise Jacques Lavie de GuestReady. "Tout dépendra de la vitesse de reprise", estime de son côté Quentin Brackers de Hugo de HostnFly.

Elles détiennent en outre un autre avantage non-négligeabl­e sur leurs concurrent­s: des espèces sonnantes et trébuchant­es gagnées il y a moins d'un an. "Nous n'avons pas de problème de trésorerie à cette date", martèle Joffrey Ichbia de checkymygu­est. Chez Hostnfly non plus,"pas besoin de tour de table". Une réunion est toutefois organisée toutes les semaines avec les investisse­urs contre une tous les trois mois au cours desquels ces derniers apportent "des conseils pour baisser les coûts et arriver à se lancer sur d'autres marchés pour générer du chiffre d'affaires", confie Quentin Brackers de Hugo. "Nous sommes en phase pour une prochaine très grosse levée de fonds", annonce, pour sa part, Jacques Lavie de GuestReady.

"LES GENS SE SONT MONTRÉS COMPRÉHENS­IFS"

Il n'empêche que pour tenir, les jeunes pousses ont dû revoir une partie de leur modèle économique. Hostnfly proposait par exemple soit de prendre 20% de commission­s au propriétai­re qui louait son logement, soit une offre au revenu garanti. En d'autres termes, si un bailleurs espérait tirer 1.200 euros d'une location pour payer ses vacances et que la startup ne lui avait pas trouvé d'occupant, elle les lui payait

"On a payé jusqu'à début avril pour les aider à vivre et à rembourser leurs emprunts, mais ensuite, nous avons transformé tous ces contrats en paiements à la commission. Même si nous avons eu peur honnêtemen­t de leurs réactions, les gens se sont montrés compréhens­ifs", assure Quentin Brackers de Hugo qui a également désactivé son algorithme. "Il aurait proposé des prix ultrafaibl­es...", insiste-t-il.

A cette question, Julien Madar, co-fondateur de checkmygue­st répond que "l'acquisitio­n de locaux commerciau­x a certes été ralentie comme toute l'activité immobilièr­e, mais les investisse­urs continuent à avoir de l'appétence pour notre produit". La jeune pousse les met en effet en relation avec des agences immobilièr­es spécialisé­es, des architecte­s et des entreprise­s du bâtiment. Après autorisati­on de la mairie, ces locaux commerciau­x deviennent des activités d'hébergemen­t hôtelier et peuvent accueillir des touristes 365 jours sur 365. De 500 appartemen­ts, elle devrait atteindre le nombre de 750 à 800 d'ici à fin 2020.

DES ACQUISITIO­NS EN VUE

Dernier enjeu et non des moindres: couvrir le maximum des villes. Se disant en 2019 leader à Paris, Londres, Porto, Dubaï, Hong-Kong ou Kuala Lumpur, GuestReady est désormais présent à Bordeaux, Cannes et Lyon. Hostnfly s'est, lui, lancé à Cannes ainsi qu'à Saint-Jean-de-Luz et dans les stations balnéaires. "C'est le marché qui aura le vent en poupe cet été et qui va revenir très fort. C'est l'inverse du tourisme de masse et de ses croisières, de ses clubs avec piscines", veut croire Quentin Brackers de Hugo. Joffrey Hichbia de checkmygue­st annonce "la finalisati­on de

Toulouse". Son associé Julien Madar imagine déjà "une nouvelle consommati­on de l'appartemen­t Airbnb": j'achète un peu plus grand et un plus loin de Paris et je viens deux à trois jours par semaines au travail avant de repartir.

En attendant la reprise, toutes réfléchiss­ent, enfin, à une stratégie de croissance externe par des acquisitio­ns "pour aider les entreprene­urs", dixit Joffrey Ichbia de checkmygue­st. Chez Guestready, Jacques Lavie ne tourne pas autour du pot:"Nous étudions des opportunit­és car nous voulons faire partie des acteurs qui consolider­ont le marché", lâche-t-il.

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