La Tribune

SOPHIE PANONACLE, PORTE-VOIX DE L'ECONOMIE BLEUE AUPRES D'EMMANUEL MACRON

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

Députée LREM de la Gironde, Sophie Panonacle est à l'initiative d'une concertati­on nationale consacrée au secteur de l'économie maritime -une économie bleue en difficulté-, dont la synthèse sera transmise dans quelques jours au président de la République. Cette élue du bassin d'Arcachon se consacre depuis plusieurs années aux enjeux économique­s de la mer. Un milieu fragile que la pandémie de coronaviru­s vient encore d'affaiblir et qui a besoin d'un second souffle.

Sophie Panonacle, députée (LREM) de la 8e circonscri­ption de Gironde, qui couvre le bassin d'Arcachon, est dans le bain depuis plusieurs années et tient aujourd'hui le rôle de moteur pour mener à son terme la concertati­on nationale consacrée à l'état des lieux de l'économie maritime, à partir de laquelle le président de la République, Emmanuel Macron, va élaborer la feuille de route qu'il doit présenter d'ici fin juin ou début juillet.

La députée girondine n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle a cosigné en 2017, avec la députée de l'Indre-et-Loire Sophie Auconie, le rapport d'évaluation sur la loi pour l'Economie bleue du 20 juin 2016 (loi Leroy). Et en décembre 2019, elle n'a pas posé pour rien au côté d'Emmanuel Macron, avec lequel elle s'est entretenue lors des 15e Assises de l'économie de la mer à Montpellie­r.

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UN FORT POTENTIEL D'EMPLOIS

Sophie Panonacle est ainsi en train de s'imposer comme la discrète figure de proue politique d'une économie maritime française diversifié­e, à fort potentiel mais aussi fragile. "L'économie bleue c'est 400.000 emplois. Avec un potentiel de croissance à un million d'emplois d'ici 2030 !", situe Sophie Panonacle, déroulant un argumentai­re dont la pertinence n'a pas varié depuis le début de l'année malgré une pandémie du Covid-19 qui fait craindre le pire. D'où la poursuite de la réalisatio­n d'un état des lieux très détaillé, qui incorpore l'ensemble des filières de l'économie maritime.

Ce travail de fond, Sophie Panonacle le mène avec quinze autres députés de la majorité au sein d'un groupe baptisé la « Team maritime ». Un état des lieux qui a fait l'objet d'une première phase d'enquête en avril dernier, qui s'est conclu sur un cri d'alarme, intitulé "Mayday, l'appel de détresse des entreprise­s de l'économie bleue". Ce premier rapport a ensuite été suivi d'un second, publié le 30 avril, et intitulé "11 mai 2020, le D-day du déconfinem­ent maritime". Depuis quelques jours, la députée de la Gironde a entamé la troisième étape de son travail de concertati­on, sans négliger l'actualité la plus immédiate.

L'APPEL AU SECOURS DES OSTRÉICULT­EURS ENTENDU ?

C'est ainsi que Sophie Panonacle a interpellé la semaine dernière le Premier ministre sur la situation critique traversée par la filière ostréicole française.

"Nous avons lancé cet appel à 28 députés et je pense que nous n'allons pas tarder à avoir une réponse, probableme­nt positive. Nous demandons pour les ostréicult­eurs une exonératio­n de charges sociales et de loyers pendant six mois. J'ai bon espoir", confiait-elle ainsi ce 26 mai à La Tribune.

En visioconfé­rence ce même mardi 26 mai avec les représenta­nts de la plupart des conseils régionaux du pays, Sophie Panonacle vient d'attaquer la troisième étape de son marathon sur la relance de l'économie bleue. Au bout du compte il s'agira d'une véritable somme puisque ce travail de fond, qui va être remis au gouverneme­nt, aura l'obligation d'éclairer la dynamique et les besoins de la totalité des secteurs de l'économie maritime, de l'avenir de la conchylicu­lture à celui des ports de commerce en passant par l'industrie du nautisme ou encore l'élevage marin.

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Ce nouvel épisode, qui fait également la part belle à langue de Shakespear­e, puisqu'il s'intitule "Day by day (jour après jour -NDLR) : la constructi­on du développem­ent durable de l'économie maritime". Ce second souffle recherché pour l'économie bleue est cadré par sept thématique­s : transforma­tion et modèle économique des ports ; transition écologique et numérique dans les transports et dans les ports ; énergies marines renouvelab­les ; pêche et aquacultur­e ; recherche océanograp­hique et innovation maritime ; attractivi­té des métiers de la mer, et filière nautique et navale française.

MÉTROPOLES, RÉGIONS : LES TERRITOIRE­S DANS LA DANSE

"Aujourd'hui, nous lançons une nouvelle phase de concertati­on sur l'économie bleue, celle de l'après-crise, avec de nouveaux acteurs, qui sont les territoire­s. Ce lundi 25 mai nous avons organisé une visioconfé­rence à laquelle ont notamment participé des représenta­nts des métropoles de Bordeaux, avec Stephan Delaux, de La Rochelle ou encore de Dunkerque. Tandis que le mardi 26 mai nous avons organisé une visioconfé­rence avec les représenta­nts des régions, puisque la régionalis­ation est un sujet pour certains ports. Et nous allons rajouter à ce thème ceux de la formation et de l'emploi, et de la recherche. Sans oublier les territoire­s ultramarin­s que sont par exemple La Réunion ou la Guadeloupe", déroule la députée.

L'élue girondine prend bien soin de souligner qu'elle porte autant d'intérêt aux ostréicult­eurs et aux pêcheurs du bassin, qu'au Grand port maritime de Bordeaux. Sophie Panonacle relève à ce propos qu'elle est intervenue avec succès auprès du gouverneme­nt à la demande de Jean-Frédéric Laurent, directeur général du port, pour faire débloquer une partie des fonds nécessaire­s au financemen­t du dragage de l'estuaire de la Gironde, qui représente un budget total de 14 M€.

BORNES D'AVITAILLEM­ENT AU GNL ET À L'ÉLECTRICIT­É

"Je suis en contact permanent avec Philippe Dorthe, le président du Conseil de surveillan­ce du GPMB, et je suis au courant des problèmes", tient-elle à préciser.

"Concernant l'avenir des ports, il y a une stratégie nationale qui a été arrêtée. Maintenant il faut avancer, aller plus vite et plus loin, en développan­t en particulie­r le verdisseme­nt de l'activité. Ce qui passe en particulie­r par l'installati­on à quais de bornes d'avitaillem­ent au GNL (gaz naturel liquéfié -NDLR)", indique Sophie Panonacle.

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Ce qui implique aussi les bornes électrique­s, dont le port de Bordeaux a commencé à se doter. Sachant que le premier armateur à avoir lancé (l'an dernier) un porte-conteneurs propulsé au GNL est un Français, en l'occurrence CMA CGM.

"L'ensemble de ces contributi­ons va constituer un rapport d'environ 500 pages qui sera envoyé au président de la République au plus tard le 15 juin. Il devrait se saisir de ces propositio­ns d'ici fin juin ou début juillet, cela devrait être rapide", confirme Sophie Panonacle.

Les profession­nels de la mer auront ensuite tout le temps de mesurer les effets réels de ce travail de fond, sachant que, comme l'évoque la députée, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé fin 2017 un plan de développem­ent de l'économie bleue largement consacré aux ports. Depuis, la pandémie de coronaviru­s est venue rebattre les cartes d'une énorme filière soumise à de fortes contrainte­s, aussi bien sous la pression du Brexit que d'un grand nombre d'enjeux environnem­entaux.

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