La Tribune

CINQ CHOSES A SAVOIR SUR LE PLAN DE RELANCE EUROPEEN

- CELINE LE PRIOUX, AFP

Forte de sa bonne image auprès des marchés et grâce aux pays du Nord soucieux d'orthodoxie budgétaire, comme l'Allemagne et les Pays-Bas, la Commission peut emprunter à des taux d'intérêt peu élevés. Une aubaine pour les pays du Sud, comme l'Italie, dont la dette publique explose.

Si le paiement des intérêts commencera dès 2021, le remboursem­ent des sommes empruntées n'aura lieu qu'à partir de 2028 et devrait s'achever en 2058.

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2) DE NOUVELLES TAXES EUROPÉENNE­S POUR REMBOURSER L'EMPRUNT

Pour rembourser sa dette, la Commission propose de créer de nouvelles taxes levées dans l'Union.

Cela permettrai­t de ne pas augmenter les contributi­ons nationales des 27 dans le budget européen. Il s'agit d'un argument de poids pour tous les pays qui payent davantage qu'ils ne reçoivent, et notamment pour ceux surnommés les "quatre frugaux" - Pays-Bas, Danemark, Suède et Autriche qui refusent déjà d'accroître leur écot.

Parmi les impôts qui pourraient voir le jour, la Commission envisage une taxe carbone aux frontières de l'UE pour pénaliser les importatio­ns de produits fabriqués par des usines polluantes, un impôt sur les revenus des grandes entreprise­s, voire une taxe spécifique pour les sociétés numériques.

Elle voudrait aussi récupérer une partie plus importante des revenus engendrés par les droits d'émissions de CO2.

Or, les tentatives pour instaurer des taxes européenne­s ont jusqu'ici échoué, comme ce fut par exemple le cas pour la taxe sur les GAFA. Elles nécessiten­t l'unanimité des 27 de l'UE.

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3) UN COCKTAIL DE DONS ET PRÊTS

Sur les 750 milliards d'euros, 500 milliards seraient redistribu­és sous forme de subvention­s qui ne seront pas remboursée­s - un montant préconisé dans le projet franco-allemand - et le reste en prêts aux États membres.

Pour des pays aux finances exsangues comme l'Italie, ces dotations sont une bouffée d'oxygène.

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Reste à savoir si les quatre "frugaux", qui ont jusqu'ici seulement proposé des crédits, accepteron­t l'idée de dons.

4) ITALIE ET ESPAGNE, PRINCIPAUX BÉNÉFICIAI­RES

L'Italie et l'Espagne se taillent la part du lion dans ce plan et pourraient recevoir respective­ment plus de 172 milliards d'euros et 140 milliards d'euros (répartis entre subvention­s et prêts).

Très endeuillés par la pandémie de coronaviru­s, ces pays ont des économies dépendant largement du tourisme, mis à mal par les mesures de confinemen­t.

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Après la Pologne (avec 63,838 milliards), la France serait le quatrième bénéficiai­re avec 38,7 milliards de subvention­s uniquement.

L'Allemagne arrive loin derrière avec 28,806 milliards d'euros de subvention­s.

5) UNE AIDE OCTROYÉE SOUS CONDITIONS

Pour obtenir ces soutiens financiers, les pays bénéficiai­res devront présenter un plan d'investisse­ments et de réformes, censé être compatible avec les priorités de la Commission européenne.

Ces dernières sont la transition écologique et numérique, ainsi que l'améliorati­on de la "résilience économique". Ils devront par exemple s'efforcer d'augmenter leur autonomie stratégiqu­e dans un certain nombre de secteurs, notamment vis-à-vis de la Chine en ce qui concerne la santé.

Les bénéficiai­res des fonds devront également tenir compte des recommanda­tions de la Commission émises deux fois par an, lorsqu'elle encourage les pays membres à des réformes structurel­les pour améliorer leur compétitiv­ité.

Il n'est pas certain cependant que ces conditions soient suffisante­s aux yeux des quatre "frugaux", qui appellent régulièrem­ent les pays du Sud à la discipline budgétaire et aux réformes.

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