TRANSPORT STRATEGIQUE : UNE ETUDE EN COURS AU MINISTERE DES ARMEES
Une étude sur le transport de fret hors gabarit n'excluant aucune piste est en cours avec la direction générale de l'armement (DGA) pour évaluer le besoin dans ce domaine. Cette étude intégrera un volet coopération avec notre partenaire allemand.
Le transport de fret hors gabarit est l'une des grands faiblesses stratégiques de l'armée française. Une lacune capacitaire souvent pointée du doigt par de nombreux rapports parlementaires. "La capacité patrimoniale de transport stratégique souffre aujourd'hui d'un déficit", reconnait volontiers le ministère des Armées. Car tant pour la projection aérienne des forces françaises que pour leur entretien, le ministère des Armées a régulièrement recours à des avions de transport russes, voire ukrainiens, de type Antonov-124 ayant la capacité d'emporter du fret hors gabarit.
Interrogée par le député Les Républicains François Cornut-Gentille, la ministre des Armées Florence Parly lui a répondu qu'une "étude n'excluant aucune piste est en cours avec la direction générale de l'armement (DGA) pour évaluer le besoin dans ce domaine. Cette étude intégrera un volet coopération avec notre partenaire allemand".
Pour autant, a estimé le ministère, la capacité de transport de fret hors gabarit va progressivement augmenter avec l'arrivée des avions de transport et de ravitaillement Multi-Rôle Transport & Tanker (MRTT). "Ils constitueront le coeur de la capacité en avions de transport stratégique (ATS), qui comprendra en 2028 un ensemble complémentaire et cohérent de 35 A400M et 15 MRTT", explique l'Hôtel de Brienne. Fin 2019, 16 A400M et 2 MRTT étaient déjà en service au sein des armées. Cette augmentation de capacité nationale sera également complétée par une offre plus importante au travers de la coopération européenne, via l'European Airlift Transport Command et le Movement Coordination Centre Europe notamment, les partenaires de la France voyant également leurs flottes de MRTT et A400M monter en puissance.
ET MAINTENANT ?
Toutefois, la France ne disposera toujours pas d'avions de transport de fret hors gabarit, capables de transporter des matériels tels que les chars Leclerc, des chariots élévateurs... Ces avions permettent également de densifier un déploiement lorsque le temps est contraint (chargement pouvant aller jusqu'à 10 containers contre 2 dans un A400M et simplification des opérations de transit nécessitant moins de personnel). "Le besoin d'aérotransport n'est pas toujours avéré, estime pourtant le ministère des Armées. Sauf urgence particulière, le transport de ce type de matériels par voie maritime est systématiquement privilégié". Ce type d'avions peut être toutefois utilisé lors de catastrophes naturelles comme l'ouragan Dean qui avait endommagé la Martinique en 2007. Ou encore plus récemment la société Volga Dnepr a été utilisée pour convoyer des masques de protection et du matériel médical depuis la Chine vers l'aéroport de Vatry.
Les seuls appareils de transport de fret hors gabarit ("outsized cargos"), aujourd'hui disponibles, sont l'An-124 et le C5 (Lockheed Martin). La production des An-124 a été interrompue en 1991, seulement quatre ans après les premières livraisons à l'armée de l'air soviétique en 1987. Pour succéder à l'An-124, la Russie a initié le programme Slon. "D'autres vecteurs (C17, Beluga, voire A380) offrent, ou pourraient offrir, des capacités complémentaires mais ne répondent pas au besoin strict de transport de fret hors gabarit", analyse le ministère des Armées. D'où cette étude en cours du ministère des Armées. Car au nom de son autonomie stratégique, la France pourrait acheter un ou deux appareils, voire transformer les A380 d'Air France en cargo...