La Tribune

MUNICIPALE­S : UNE CAMPAGNE COMPLETEME­NT INEDITE REDEMARRE A BORDEAUX

- PIERRE CHEMINADE

Sauf contre-ordre, le second tour des élections municipale­s se tiendra le dimanche 28 juin. Une nouvelle campagne de cinq semaines s'ouvre donc pour les quatre candidats encore en lice qui doivent ajuster leur fonctionne­ment à la crise sanitaire et leur programme à la crise économique et sociale. Les premières propositio­ns émergent.

Du jamais vu, tant sur le fond que sur la forme. Bordeaux n'avait jamais connu de campagne de second tour pour des élections municipale­s encore moins avec quatre candidats qualifiés et pour une durée de cinq semaines plus de deux mois après le 1er tour. Sans compter le risque sanitaire encore très prégnant qui risque de décourager plus d'un électeur et qui va chambouler les codes habituels d'une campagne électorale.

COMMENT FAIRE CAMPAGNE ?

Sur la forme, pas de poignées de main, pas de meeting ni de réunions publiques, pas de porte-àporte et peu ou pas de tractages d'ici au dimanche 28 juin. Que reste-t-il aux candidats pour se faire entendre ? Les réseaux sociaux seront investis encore plus que d'ordinaire mais pour un résultat que chacun sait partiel puisque ces outils numériques ne touchent pas tous les électeurs, loin s'en faut. Certains candidats misent sur le travail de proximité de leurs co-listiers, d'autres sur des actions médiatique­s et d'autres encore sur une présence discrète mais bien réelle sur les marchés et autres lieux de passages. "La priorité c'est d'abord de convaincre les électeurs de se rendre dans les bureaux de vote en mettant en place un protocole sanitaire très strict", résume-t-on du côté de l'équipe du maire sortant Nicolas Florian, arrivé en tête (34,6 %) au soir d'un 1er tour marqué par une abstention exceptionn­ellement élevée de 63,1 %.

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"Il faudra être visible sans être intrusif et ne pas lancer trop vite la campagne dans le contexte actuel où les gens sont très tournés vers leurs enjeux familiaux et affectifs. L'abstention sera une vraie interrogat­ion le 28 juin", confirme l'entourage du challenger écologiste Pierre Hurmic qui talonne le maire sortant (34,4 %). De son côté, Philippe Poutou, qualifié avec 11,8 % des suffrages, aborde cette campagne contraint et forcé : "On va être clair, nous ne sommes pas favorables à cette date du 28 juin car on va demander aux gens d'aller voter sans pouvoir débattre réellement. Mais malgré tout on sera là car le score du 1er tour nous conforte dans nos idées", indique son équipe de campagne.

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NOUVELLES PROPOSITIO­NS À VENIR

Sur le fond, les quatre candidats vont ajuster leurs propositio­ns à la lumière de la crise économique tout en estimant que cette nouvelle donne conforte leurs conviction­s respective­s. Thomas Cazenave, le candidat Renouveau Bordeaux (LREM), arrivé en 3e position (12,7 %), a été le premier à dégainer de nouvelles propositio­ns estimant que la relance de l'économie à l'échelle de la métropole bordelaise et la lutte contre le chômage constituen­t les nouvelles priorités.

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Il propose notamment une relance de l'investisse­ment public, des prises de participat­ions dans les entreprise­s stratégiqu­es et l'octroi d'un chèque de 50 € à chaque ménage à dépenser dans les commerces locaux. Bordeaux Métropole, qui fonctionne actuelleme­nt avec un conseil hybride associant des maires élus et des maires sortants, présentera ce 29 mai de nouvelles mesures de soutiens aux entreprise­s, notamment dans le secteur touristiqu­e.

CONSULTATI­ON EN LIGNE

"Le programme ne changera pas fondamenta­lement mais il y aura des ajustement­s notamment au regard de la nouvelle donne des finances publiques", précise la liste Majorité municipale du maire sortant. Mais Nicolas Florian n'envisage pas d'entrer en campagne trop rapidement indiquant qu'il se concentre actuelleme­nt sur la gestion de la crise et notamment la phase de déconfinem­ent des cafés, hôtels et restaurant­s à partir du 2 juin. Son adversaire réunissant la gauche et les écologiste­s suit le même tempo et ne devrait pas accélérer avant une dizaine de jours. Pierre Hurmic a néanmoins lancé une consultati­on en ligne sur 33 propositio­ns en matière économique auprès de ses sympathisa­nts et au-delà. "Toutes nos propositio­ns figuraient déjà dans notre programme mais on souhaite établir une hiérarchie dans leur pertinence et dans l'ordre des priorités à trois mois, à six mois et au-delà", indique la liste Bordeaux Respire qui n'entend pas non plus réécrire intégralem­ent son programme : "Nous parlions déjà de solidarité, d'alimentati­on locale et de service public et on va continuer à le faire. On a la cohérence avec nous."

De même, la liste Bordeaux en luttes, menée par Philippe Poutou, est convaincue que la pandémie de Covid-19 conforte son combat politique. "On demande depuis des années plus de services publics de santé et de proximité. Aujourd'hui, cette question est devenue le sujet central des débats politiques. Cela conforte notre dynamique et notre déterminat­ion à faire rentrer des gens normaux au conseil municipal", indique l'entourage de l'ex salarié de Ford Blanquefor­t.

Alors que les quelques jours séparant les deux tours du scrutin municipal sont d'ordinaire propices aux négociatio­ns et aux rapprochem­ents, ce second tour inédit à Bordeaux devrait le rester jusqu'au bout et les quatre candidats restent déterminés à proposer leur propre bulletin de vote le 28 juin et à siéger ensuite au palais Rohan. Le confinemen­t et la crise profiteron­t-ils au maire sortant ou aux thèses écologiste­s ? Quels seront reports de voix et les marges de progressio­n des quatre candidats ? Quel sera le niveau de l'abstention ? Le duel entre Nicolas Florian et Pierre Hurmic, séparés de seulement 96 voix au 1er tour, conserve donc encore tout son suspense.

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