La Tribune

"TO SALE OU NOT TO SALE ?"

- CHRONIQUE DE GUILLAUME-OLIVIER DORE

Après avoir chroniqué quotidienn­ement les deux mois de confinemen­t dans nos colonnes, vous retrouvere­z, chaque jeudi dans La Tribune, le point de vue de l’entreprene­ur bordelais Guillaume-Olivier Doré sur cette délicate phase de déconfinem­ent et de redémarrag­e progressif de l'économie.

La clef de la reprise de nos entreprise­s sera le commerce. Reprendre la prospectio­n, se relancer dans l'arène, décrocher des clients fera un bien fou à toutes nos équipes, redonnera une utilité à toutes celles et ceux qui font que nos entreprise­s avancent.

Parce qu'il faut se le dire : la "vie de bureau" manque aussi à beaucoup. Ce lien social, ce rituel rassurant de la journée, les cafés tous ensemble, sont finalement des points d'ancrage qui font la qualité de notre quotidien. Et le ciment de ces moments, ce sont les succès commerciau­x que les équipes remportent et partagent tous les jours.

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La question qui nous taraude toutes et tous est donc de savoir quand et comment relancer le commerce. Cela dépend évidemment des secteurs d'activités et je ne vais pas ici parler des entreprise­s qui sont malheureus­ement encore immobilisé­es pour cause d'état d'urgence sanitaire. Pourtant, la question de pose désormais, d'abord pour le secteur des entreprise­s de service. Certains n'ont d'ailleurs pas attendu pour tenter d'y aller en plein coeur de la crise...

ATTENTION AUX MALADRESSE­S !

Nous l'avons tous reçu cet email de prospectio­n. Celui qui, souvent maladroite­ment, tente de te prendre par les sentiments, ou te propose un entretien pour évoquer "les impacts de la crise actuelle sur ton organisati­on", "l'opportunit­é que représente la crise actuelle" ou même "l'écoute solidaire"... Bref, cet email qui te met mal à l'aise, et auquel tu finis par répondre (pardon au 20e expéditeur qui a pris pour les 19 autres), que NON, tu n'es juste pas dans cet état d'esprit et que tu as d'autre choses à penser !

Pourtant, avec du recul, tu finis par avoir un peu d'empathie pour celui qui, derrière son ordinateur posé sur ses genoux dans son appartemen­t, voit ses résultats commerciau­x s'effilocher , et ressent la pression du manager malgré tous les "pas d'inquiétude, on fera le bilan quand ça reprendra" (décodage : "Bouge toi pour ne pas être le dernier de la liste").

A force on le déteste moins, ce commercial, et il nous rappelle que nous aussi nous allons devoir y aller. D'ailleurs, les statistiqu­es (sources GetQuany et Qapa) sont claires : la prospectio­n directe B2B a baissé de 13 % puis de 12 % par mois entre février et mai, seul mars s'était un peu stabilisé et les besoins en RH sont là...

MES TROIS CONSEILS

Alors chacun y va de sa stratégie, plus ou moins agressive... Et finalement cela n'est pas si mal ! En revanche je donne de mon côté trois conseils à mes équipes en ce moment.

D'abord, se focaliser sur les clients existants car, dans ce contexte, vos clients historique­s redevienne­nt des prospects. Leurs objectifs ont changé, leurs équipes sont secouées, vos services ou produits ne sont peut être plus ceux qu'ils attendent. Et bonne nouvelle, la relation de confiance est là et vous n'avez pas besoin de faire vos preuves. Seconde bonne nouvelle, si vous êtes bon (et vous le serez), ce client content vous recommande­ra auprès de nouveaux prospects. Très précieux donc !

Ensuite, priorisez les interlocut­eurs avec lesquels vous avez déjà une relation établie : l'isolement et les contrainte­s matérielle­s (visio, enfants) que nous subissons tous ne sont pas propices à "visio-fréquenter" des personnes inconnues, sans compter la fatigue générée par les six heures de Zoom buggé.

Enfin, si vous allez à la chasse, faites le sainement, sans vous abriter derrière des prétextes sanitaro-opportunis­tes, qui laissent un goût amer à vos interlocut­eurs. Je préfère une approche directe, courte et simple : cela fait gagner du temps à tout le monde, et Dieu sait que le temps est précieux en ce moment. Sachez qu'un prospect qui vous dit "non" dans ce contexte se souviendra aussi que vous lui avez épargné votre gloubiboul­ga commercial indigeste !

Alors "To Sale" oui, mais à la mode du monde d'après, sans se cacher derrière son petit doigt, mais comme facteur de relance solidaire.

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