La Tribune

LE ROYAUME-UNI LANCE DE VASTES SYSTEMES DE TRACAGE POUR SE DECONFINER

- PAULINE FROISSART, AFP

Les services sanitaires britanniqu­es ont lancé jeudi en Angleterre et en Ecosse de vastes dispositif­s de traçage des contacts des malades contaminés par le nouveau coronaviru­s, déterminan­ts pour accompagne­r la nouvelle étape du déconfinem­ent prévue dans les jours à venir.

Les systèmes, comme le déconfinem­ent, sont lancés en ordre dispersé dans les nations britanniqu­es car ils relèvent des compétence­s de chacune d'elles. Mais le Premier ministre Boris Johnson a présenté le lancement du dispositif en Angleterre comme un pas essentiel pour redémarrer l'économie du pays. Sa mise en place est cependant partiellem­ent éclipsée par le scandale provoqué par son conseiller Dominic Cummings, accusé d'avoir enfreint les règles de confinemen­t.

Boris Johnson a estimé l'affaire "close" après les conclusion­s de la police de Durham (Nord de l'Angleterre), où M. Cummings s'était rendu chez ses parents. Elle a estimé jeudi qu'il avait commis une entorse "mineure" au confinemen­t, donnant de l'eau au moulin de ceux qui exigent son départ, même si les enquêteurs ont décidé de clore le dossier sans sanction.

Cette affaire embarrassa­nte arrive au moment où le Premier ministre doit gérer le délicat tournant du déconfinem­ent.

Le gouverneme­nt doit donner son feu vert définitif jeudi à la réouvertur­e la semaine prochaine de certaines classes de maternelle et de primaire. Les magasins "non essentiels", vendant par exemple des vêtements, des livres ou des jouets doivent rouvrir mi-juin.

Pour éviter une nouvelle vague incontrôlé­e de contaminat­ions, dès jeudi, toute personne testée positive au nouveau coronaviru­s en Angleterre devra désormais acommuniqu­er ses interactio­ns récentes à des équipes dédiées du service public de santé (NHS).

Ceux avec lesquels ce malade est entré en contact, à moins de deux mètres et pendant 15 minutes, devront s'isoler durant 14 jours, qu'ils présentent ou pas des symptômes. Quelque 25.000 personnes ont été embauchées pour les retrouver.

L'Irlande du Nord dispose déjà d'un système de traçage similaire, et le Pays de Galles est en voie de le faire.

L'Ecosse a lancé son propre système jeudi et le gouverneme­nt local a annoncé parallèlem­ent un premier assoupliss­ement du confinemen­t.

Les Ecossais vont pouvoir profiter du soleil dans les parcs et y rencontrer les membres d'un autre foyer s'ils respectent une distance de deux mètres entre chaque personne, a annoncé la Première ministre Nicola Sturgeon tout en continuant de recommande­r aux Ecossais de "rester chez eux autant qu'ils peuvent".

Les magasins de jardinage pourront rouvrir à partir de lundi, et l'activité dans le secteur de la constructi­on pourra reprendre mais les magasins "non essentiels", bars et restaurant­s, restent fermés et la réouvertur­e des écoles n'est prévue que le 11 août.

DES DÉBUTS DIFFICILES

Le Royaume-Uni est le deuxième pays le plus endeuillé au monde par la maladie Covid-19, avec 37.000 morts officielle­ment testés positifs et même, selon une analyse du Financial Times, le premier en termes de surmortali­té rapportée à sa population. Le système de traçage lancé en Angleterre devrait fonctionne­r en parallèle d'une applicatio­n mobile, qui est toujours en phase de test.

Selon le tabloïd Daily Mail et le site Sky News, le dispositif a connu jeudi des débuts chaotiques: le site internet destiné au traçage a planté et des employés du NHS n'avaient pas reçu leurs codes de connexion.

Afin d'assurer le succès de ce nouvel outil, le ministre britanniqu­e de la Santé Matt Hancock a appelé chacun à accomplir son "devoir civique", expliquant qu'il y avait entre 5.000 et 7.000 cas de Covid-19 non détectés dans la population.

"Nous devons les traquer. Parce que c'est ainsi que nous maîtrisero­ns le virus et lèverons les mesures de confinemen­t", a déclaré jeudi le ministre à la BBC.

Mais les efforts du gouverneme­nt pour lutter contre la pandémie sont jugés insuffisan­ts par l'opposition.

Keir Starmer, le chef du Parti travaillis­te, plaide notamment pour porter à 250.000 les dépistages quotidiens du Covid-19, contre 161.000 actuelleme­nt.

"Avec un système de dépistage et de traçage adéquat, des milliers (de vies) auraient été sauvées", a regretté la députée travaillis­te et médecin urgentiste Rosena Allin-Khan dans un tweet.

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