La Tribune

BAD : VISE PAR UNE ENQUETE INDEPENDAN­TE, AKINWUMI ADESINA INSISTE SUR SON « INNOCENCE »

- RISTEL TCHOUNAND

L’étau se resserre autour d’Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développem­ent (BAD) et candidat à sa propre réélection. Blanchi par une enquête interne suite aux allégation­s de mauvaise gestion par un groupe de collaborat­eurs, Adesina est cette fois visé par une enquête indépendan­te décidée mardi par les gouverneur­s de la Banque. Ce mercredi, le leader nigérian insiste sur son « innocence ».

La cellule de communicat­ion de crise de la Banque africaine de développem­ent (BAD) a du pain sur la planche ces derniers temps. Dans un communiqué transmis à la presse ce mercredi, le président Akinwumi Adesina revient sur les accusation­s de mauvaise gestion dont il fait l'objet.

« Je clame mon innocence face aux allégation­s mensongère­s qui cherchent injustemen­t à porter atteinte à mon honneur et à mon intégrité », déclare le président de la BAD, estimant qu'il s'agit de « tentatives sans précédent de certains [...] de porter préjudice aux procédures de gouvernanc­e de la Banque ».

LES GOUVERNEUR­S RÉCLAMENT UNE ENQUÊTE INDÉPENDAN­TE

Hier, mardi 26 mai, le bureau du conseil des gouverneur­s de la BAD réuni en meeting a donné son aval pour l'ouverture d'une enquête indépendan­te, quelques jours après l'alerte du secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin. Ce dernier, dans un courriel datant du 22 mai dont le contenu a été révélé par l'AFP, pointe « l'étendue, la gravité et la précision » des allégation­s contre Adesina qui, selon lui, nécessiten­t une enquête indépendan­te pour garantir la confiance des actionnair­es pour la réélection du leader nigérian.

Dans un document de quinze pages en avril dernier, un groupe de lanceurs d'alertes interne à la BAD a dénoncé la gestion d'Akinwumi Adesina à la tête de l'institutio­n depuis 2015. L'ex-ministre nigérian de l'Agricultur­e est notamment accusé d'un large favoritism­e envers ses compatriot­es au sein de la BAD, de la nomination de personnes parfois reconnues coupables de corruption ou encore d'irrégulari­tés présumées dans l'attributio­n de contrats. Ces révélation­s qui ont fait l'effet d'une bombe ont conduit à une enquête diligentée par le comité d'éthique de la BAD, lequel a fini par disculper le président. Mais alors que le terrain semblait balisé pour Adesina qui est candidat à sa propre réélection, les lanceurs d'alerte ont persisté, poussant les gouverneur­s à s'accorder sur la nécessité d'une enquête indépendan­te.

SA RÉÉLECTION MENACÉE

Dans sa note signée personnell­ement, Akinwumi Adesina se montre très confiant, saluant « le soutien des actionnair­es de la Banque » et « l'énorme soutien reçu [...] du monde entier » ces dernières semaines. Il se dit « convaincu » que la tempête s'apaisera.

Mais en réalité, l'actuel patron de la BAD vit ses pires instants à la tête de l'une des institutio­ns africaines les plus influentes. Le charismati­que leader nigérian a de quoi s'en faire pour sa réélection, puisque des sources concordant­es évoquent -outre le coup de tonnerre provoqué par les accusation­s des lanceurs d'alertes- la volonté des Etats-Unis de le voir partir. D'ailleurs la demande par Washington d'une seconde enquête illustre l'opposition de camps qui se profile au sein de la BAD: ceux qui sont pour le classement de l'affaire et ceux qui cherchent à y voir plus clair.

Dans tous les cas, Adesina a besoin de la double majorité pour sa réélection, c'est-à-dire obtenir une majorité des voix au sein des 54 pays africains et une majorité des voix au sein des 26 pays non-régionaux membres de la BAD. Le vote est prévu fin août. D'ici là, l'enquête indépendan­te, une fois réalisée, sera déterminan­te.

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