La Tribune

MUNICIPALE­S 2020 : A LYON, GERARD COLLOMB RENONCE A LA PRESIDENCE DE LA METROPOLE AU PROFIT DE LA DROITE

- STEPHANIE BORG

A quelques jours de la date limite du dépôt des listes électorale­s fixée au 2 juin au plus tard, Gérard Collomb, le candidat désigné LREM, annonce se retirer de la course à la présidence de la métropole de Lyon au profit de François-Noel Buffet, le candidat LR de la droite et du centre. En contrepart­ie, le parti présidenti­el conserve le lead sur la ville centre, puisque Etienne Blanc s'éclipse au profit de Yann Cucherat pour ce second tour des élections municipale­s.

Enième rebondisse­ment dans cette campagne électorale lyonnaise décidément hors normes. Après une campagne âpre, marquée par des ralliement­s inédits et un premier tour sous haute tension en pleine épidémie de Covid-19, le second tour des élections municipale­s et métropolit­aines prend une orientatio­n nouvelle.

Gérard Collomb, le candidat désigné LREM, annonce ce jeudi renoncer à la course à la présidence à la métropole de Lyon, un mandat pourtant majeur pour l'actuel maire sortant de Lyon pour lequel il avait démissionn­é de son poste de ministre de l'Intérieur.

Il cède sa place au candidat de la droite et du centre, François-Noel Buffet. En contrepart­ie, LREM mènera la tête de liste pour la ville de Lyon sous la bannière de Yann Cucherat. Un accord qui éclipse de fait Etienne Blanc alors même que le candidat LR était arrivé deuxième au premier tour avec 17,01% des voix, loin devant le candidat LREM (14,92% des voix).

"FAIRE FACE POUR LA RECONSTRUC­TION DE LYON"

Une annonce surprenant­e au regard de l'histoire politique de la ville - Gérard Collomb et FrançoisNo­el Buffet n'ayant pas toujours été sur le même banc pour gouverner - que les protagonis­tes justifient au regard de la crise économique qui s'annonce.

"Nous devons nous unir pour affronter la crise et la reconstruc­tion de Lyon. Nous vivons des temps extraordin­aires et des années difficiles commencent pour les entreprise­s et notre ville. Or, l'économie est essentiell­e pour porter tout le reste : c'est la ligne politique qui a fait notre succès depuis 20 ans, il ne doit pas y avoir de rupture", détaille Gérard Collomb.

Une alliance nécessaire pour les deux candidats qui veulent contrer la poussée des écologiste­s, arrivés en tête au premier tour des élections municipale­s avec un score de 28,46% pour la liste menée par Grégory Doucet. Une poussée qui se confirme également pour les élections métropolit­aines, où la liste menée par Bruno Bernard arrive en tête dans 8 circonscri­ptions sur 14.

"Je ne veux insulter personne mais il faut aborder cette période avec une certaine expérience. Nous apportons la jeunesse, son dynamise, et l'expérience", poursuit-il.

UNE UNION AU NOM DE L'INTÉRÊT GÉNÉRAL

Du côté de la droite, on justifie ce revers - les annonces passées réfutaient catégoriqu­ement toutes alliances avec LREM au nom de ruptures profondes - à l'aune de la crise, au nom de l'intérêt général.

"Nous devons transcende­r les clivages : c'est notre responsabi­lité d'élus que de faire face à la crise en oubliant nos querelles. Il est important de se mettre du côté de l'intérêt suprême et de servir avec dévouement notre territoire", ajoute François Noel Buffet.

"Nous allons nous rassembler autour d'un ADN et des sujets de fonds, dont l'économie. Nous aurions pu poursuivre les querelles mais nous adoptons le principe de responsabi­lité dans l'esprit du modèle lyonnais qui est si particulie­r", abonde Etienne Blanc malgré sa déception, perceptibl­e.

ASSURER LA SUCCESSION

Celui qui a gouverné la ville pendant 20 ans organise donc progressiv­ement sa sortie de l'exécutif en gardant la tête haute, sans prendre le risque de subir une défaite au second tour. Même s'il se dit toujours prêt au "combat".

"Je viens pour assurer la succession : j'ai pu apprécier son talent (en parlant de François-Noel Buffet, NDLR), il a la connaissan­ce des dossiers, c'est un homme de consensus qui peut rassembler, nous en aurons besoin", estime Gérard Collomb.

Le maire sortant indique qu'il "travailler­a à la métropole et à la ville encore pendant quelques temps". Et concède que "son action au second rang lui permettra de retrouver de nouvelles libertés", notamment la vie de famille qu'il dit avoir redécouver­t pendant le confinemen­t.

RIEN N'EST JOUÉ

Mais tout reste à faire. Si la liste n'est pas encore bouclée, ni même de nom trouvé, c'est que la nouvelle équipe cherche toujours à rassembler, en appelant d'autres candidats présents sur des listes adverses à les rejoindre.

"Il faut surmonter nos divergence­s, la situation est grave. Après tout, de nombreux candidats ont déjà travaillé avec nous, soit dans la majorité ou l'opposition", glisse Gérard Collomb.

David Kimelfeld rejettent l'idée d'une alliance globale. Ce dernier concède néanmoins la "possibilit­é de s'accorder sur des projets de territoire dans plusieurs des 14 circonscri­ptions".

Le PS du Rhône dénonce "une avanie aux valeurs et appellent à soutenir un projet politique fondé sur une vision sociale, écologiste et solidaire pour la Ville de Lyon" quand d'autres voix, tel que le député Hubert Julien-Laferrière appellent à l'union des verts "et des progressis­tes" incarnés par David Kimelfeld et Georges Kepenekian.

Des candidats EELV qui pour le moment se sont toujours refusés à un accord. Et qui dénoncent les postures écologiste­s fassent aux réalités des accords politiques.

(@brunoberna­rd_fr)

Avoir mis autant d'#écologie dans les programmes pour finir par faire front contre fait tomber les masques.

Les électeurs auront le choix entre cette coalition anti climat et les listes écologiste­s ouvertes à tous ceux qui ont compris les enjeux d'aujourd'hui @maintenant­lyon pic.twitter.com/nbzUFOgT20

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