La Tribune

LES GIRONDINS DE BORDEAUX, EN CRISE, POURRAIENT DEVENIR UN ENJEU POLITIQUE

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

La crise historique que traverse le Football Club des Girondins de Bordeaux (FCGB) ne s'est pas encore transformé­e en véritable enjeu politique de la campagne électorale des élections municipale­s. Et elle n'aura sans doute pas le temps d'en devenir un. A moins qu'une soudaine aggravatio­n des tensions entre supporteur­s des Ultramarin­es et direction du club ne fasse exploser la marmite avant le second tour du scrutin municipal le 28 juin.

Dès sa nomination à la présidence du Football Club des Girondins de Bordeaux, le 16 décembre dernier, Frédéric Longuépée, représenta­nt du fonds d'investisse­ment King Street Capital, nouveau propriétai­re américain du club après l'éviction d'un autre fonds américain, GACP et de Joseph Dagrosa son dirigeant new-yorkais, a montré qu'il avait conscience de l'importance d'avoir des relations apaisées avec les Ultramarin­es.

Malgré leur appellatio­n, ces supporteur­s sortent du lot commun du monde des ultras dans le football profession­nel et luttent ouvertemen­t contre le racisme, la xénophobie et l'homophobie quand ces contre-valeurs sont encore mises en avant par de très nombreux fans de foot en

Europe. Bien sûr l'affronteme­nt entre les Ultramarin­es et Frédéric Longuépée ne se joue pas sur ce terrain, mais il touche à l'identité profonde du club que les ultras bordelais accusent le représenta­nt de King Street Capital de fouler aux pieds.

LE MAIRE NICOLAS FLORIAN EST MONTÉ EN LIGNE

" ...De même, le soutien de nos supporteur­s et en particulie­r des Ultras est essentiel. Ces derniers font partie de l'âme du club et sont importants à nos yeux. Ils soutiennen­t et portent l'équipe dans les bons comme les mauvais moments. Nous restons bien évidemment ouverts au dialogue avec eux", déclarait ainsi le 16 décembre 2019 Frédéric Longuépée, qui sortait d'un premier bras de fer cinglant avec les Ultras.

Cette recherche d'apaisement revendiqué­e n'a pourtant pas permis d'éteindre un incendie qui a, au contraire, gagné en intensité. Ainsi les Ultras ne veulent pas rouvrir le dialogue avec la direction du club tant que Frédéric Longuépée n'aura pas démissionn­é et ce dernier menace désormais de les poursuivre en justice. L'affaire a pris une telle ampleur qu'elle risque de s'imposer comme un nouveau sujet dans la campagne pour les Municipale­s à Bordeaux. Ce qui n'a pas échappé à Nicolas Florian, le maire de Bordeaux, qui a annoncé il y a quelques jours qu'il était bien décidé à s'expliquer sur ce sujet avec King Street Capital. Mais jusqu'à présent aucun rendez-vous entre les deux parties n'aurait été calé.

PREMIÈRE ATTAQUE À FLEURET MOUCHETÉ DU CANDIDAT ÉCOLOGISTE

Pierre Hurmic, tête de la liste écologiste en lice pour les Municipale­s, qui s'est toujours opposé à la constructi­on du grand stade, devenu Matmut Atlantique, et au rachat du FCGB par le fonds GACP (financé par King Street Capital), commence de son côté à faire pression sur le maire sortant. Alors qu'il a quasiment fait jeu égal avec Nicolas Florian au 1e tour des municipale­s, il a ainsi livré il y a deux jours le fond de sa pensée au site Web Girondins.

"J'ai l'impression qu'aujourd'hui les ponts sont rompus entre Mr Longuépée et les supporters. Le préalable c'est le départ de Mr Longuépée. Quand on arrive à un tel point de non-discussion et de menace de poursuites pénales je pense que les questions que j'aimerais poser au représenta­nt de King Street, si je faisais partie de la rencontre avec Nicolas Florian, ce serait : "Est ce que vous avez l'intention de maintenir Mr Longuépée à la direction du club compte tenu de l'impopulari­té qu'il a su acquérir en très peu de temps ?", mouline ainsi Pierre Hurmic.

POUR LE PRÉSIDENT DE L'OL TOUT LE FOOT FRANÇAIS VA DANS LE MUR

La situation serait d'autant plus grave que, selon des fuites venues de la Ligue de Football Profession­nel (LFP), dévoilées le 21 mai dernier par le site d'informatio­n Mediapart, les clubs de la ligue seraient financière­ment au bord du gouffre. Avec une mention spéciale pour le FCGB qui, malgré son puissant actionnair­e, ferait partie des trois clubs dont la survie financière est engagée.

Le rapport que va rendre d'ici quelques jours la DNCG, le gendarme financier du football profession­nel, sur les finances des clubs au titre de la saison 2019-2020, qui a été prématurém­ent arrêtée au 11 mai à cause de la pandémie de coronaviru­s, promet ainsi d'être saignant. Preuve qu'il y a le feu un peu partout sur la planète football, le président Jean-Michel Aulas, à l'Olympique de Lyon (OL), a ainsi attaqué en justice cet arrêt prématuré du championna­t, car il estime que cette décision va mener le football profession­nel français à la catastroph­e. Même s'il est accusé de prêcher pour sa paroisse, il n'est pas impossible que le patron de l'OL ait mis le doigt sur une vraie fragilité du football tricolore.

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