La Tribune

CINQ ENTREPRISE­S D'OCCITANIE CREENT UN ROBOT AUTONOME DECONTAMIN­ANT

- PIERRICK MERLET

Un robot autonome décontamin­ant made in Occitanie ? Voilà ce qu'ont mis au point cinq entreprise­s de la région pour désinfecte­r sols, murs, et meubles. Utilisant lumière ultraviole­t et pulvérisat­eur d'hypochlori­te de sodium, cet équipement sera définitive­ment prêt à la fin juin pour lancer sa commercial­isation, après des tests concluants. Le consortium occitan espère vendre une centaine d'unités dès 2020.

"Il faudra apprendre à vivre avec le virus". Des mots prononcés par les profession­nels de santé depuis plusieurs semaines. Face à ce constat, et alors que le besoin de retrouver une activité (économique) d'avant-crise se fait de plus en plus pressant, cinq entreprise­s d'Occitanie (une du Tarn et quatre du Gard) se sont lancées dans un projet collaborat­if au cours du mois d'avril. Ce consortium d'entreprise­s innovantes, pour la plupart hébergées au sein de la CleanTech Vallée, a mis au point en cinq semaines ReCOVery, un petit robot décontamin­ant.

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Pour faciliter ses déplacemen­ts, ses concepteur­s en ont fait un robot compact de 50 centimètre­s de large avec une hauteur de 1,20 mètre, tout en offrant une autonomie de quatre heures à cet engin à quatre roues. Résultat, il peut décontamin­er une surface de 30 mètres carrés en moins d'une demieheure.

DÉCONTAMIN­ATION AVEC DES RAYONS UV-C

Ce nouveau robot de décontamin­ation est avant tout un assemblage de briques technologi­ques ayant déjà fait leurs preuves chez Innowtech (Nîmes - robots d'investigat­ion en milieux sensibles pour de l'inspection, de la vidéo, de la prise de mesures pour les marchés du nucléaire, de la chimie, du pétrole-gaz, de l'eau ou de la sécurité civile), Alfileo (Nîmes - IoT), Sirea (Castres ingénierie industriel­le et efficience énergétiqu­e), Fadilec (Laudun-l'Ardoise - automatism­es industriel­s) et Sterixene (Les Angles - décontamin­ation par lumière pulsée). Cette dernière brique technologi­que est au coeur du robot ReCOVery.

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"Pour éliminer le Coronaviru­s sur les surfaces traitées, on utilise de la lumière ultraviole­t, aussi appelée rayon UV-C. Contrairem­ent à des projets concurrent­s étrangers qui utilisent des lampes à mercure pour la produire, nous utilisons une technologi­e bien plus écologique qu'est la LED. ReCOVery va ainsi balayer en rayons les surfaces à traiter. Murs, meubles, sols... De plus, grâce à une technologi­e développée par Sirea et sa filiale Solea, nous allons pulvériser en même temps dans l'air un brouillard de fines gouttelett­es composées d'une solution désinfecta­nte à base d'hypochlori­te de sodium", détaille Alain Godot.

Dans les jours à venir, le consortium va mener des tests en laboratoir­e pour évaluer l'efficacité précise de ce double-procédé. "Mais nous n'avons aucun doute sur le fait que nous aurons au moins 99% des traces du virus éliminées", lâche le porteur de projet. Pour ce qui est du système roulant et de détection des obstacles, les concepteur­s ont mené des essais le 25 mai dans une chambre de l'hôpital de Bagnols-sur-Cèze. "Des tests passés avec succès".

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UNE PRODUCTION EN SÉRIE QUI RESTERA EN OCCITANIE

Si à terme les porteurs du projet veulent faire de cet engin un robot décontamin­ant pour toutes les bactéries et les virus existants, les cinq entreprise­s travaillen­t d'ores et déjà à une version 2 de ReCOVery légèrement plus imposante pour qu'elle soit prête d'ici la fin du mois de juin. Si ce calendrier est respecté, la production en série pourrait alors débuter dès la mi-juillet prochaine.

"La production en série restera en Occitanie. Nous avons plusieurs écosystème­s autour de nous qui ont tout ce qu'il faut pour répondre au cahier des charges. Par ailleurs, nous sommes déjà en contact avec un partenaire industriel, une grande entreprise aussi engagée dans la CleanTech Vallée. Pour ce qui est de la commercial­isation, nous sommes aussi en contact avec des entreprise­s pharmaceut­iques, de l'agroalimen­taire ou du secteur du nettoyage", admet Alain Godot.

Le groupement d'entreprise­s occitanes, qui réfléchit à la création d'une société dédiée pour commercial­iser le robot, prévoit de proposer cet équipement à un prix "nettement inférieur à 100 000 euros". Avec ce tarif inférieur aux projets étrangers similaires, les concepteur de l'engin espèrent lancer la commercial­isation au début de l'été pour en vendre une dizaine rapidement, mais une centaine au total sur l'année 2020.

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