La Tribune

CLINIQUE MUTUALISTE DE GRENOBLE : L'AGDUC ET LE CHU DE GRENOBLE DEPOSENT UNE OFFRE CONJOINTE

- MARIE LYAN

Le CHU Grenoble Alpes ainsi que l’associatio­n sous statut ESPIC, l’AGDUC, ont finalement annoncé le dépôt d’une offre finale commune pour la reprise du Groupement Hospitalie­r Mutualiste de Grenoble. Une offre qui viserait à assurer la poursuite de l’indépendan­ce et des activités des six sites du GHM, ainsi que le maintien des emplois, avec l’élaboratio­n d’une nouvelle carte de soins sur le territoire.

Nouveau rebondisse­ment dans l'affaire de la vente du Groupement Hospitalie­r Mutualiste de Grenoble. Le CHU Grenoble Alpes ainsi que l'associatio­n sous statut ESPIC, l'AGDUC, viennent d'annoncer le dépôt d'une offre, d'ici demain soir, pour la reprise de l'ensemble des activités et des salariés du site. Un partenaria­t à "50-50"qui garantirai­t selon eux "la sauvegarde d'une offre de soins non-lucrative au GHM", à travers notamment le maintien du statut ESPIC de l'établissem­ent.

"Notre objectif est de maintenir le privé non lucratif dans une offre complète de territoire de proximité, mais nous ne pouvions pas le faire seuls. C'est pourquoi nous avons cherché un partenaire, le CHU, avec lequel nous travaillio­ns déjà depuis longtemps", résume le Pr Philippe Zaoui, président de l'AGDUC, une structure associativ­e crée en 1974 à Grenoble et spécialisé­e dans la prise en charge de l'insuffisan­ce rénale chronique.

"Le CHU Grenoble Alpes a souhaité être le partenaire de l'Agduc dans cette opération de sauvegarde du GHM, qui constitue une institutio­n importante sur le territoire en matière de santé et d'offre de soins", a confirmé Monique Sorrentino, directrice générale du CHU Grenoble Alpes.

Car la vente du GHM, annoncée en septembre dernier par l'UMG-GHM (détenue par le groupe Adréa et la Mutualité Française), avait fait grand bruit.

"Cette vente est venue ajouter une inquiétude forte sur le territoire des patients et usagers du système de soins, mais également des salariés et médecins libéraux", a rappelé Eric Piolle, maire de Grenoble et président du conseil de surveillan­ce du CHU Grenoble Alpes.

"Les élus de tous bords se sont mobilisés car nous ne voulions pas voir basculer le GHM aux mains d'un privé lucratif". Il y a quelques jours, le président du Départemen­t de l'Isère, Jean-Pierre Barbier, s'était lui-même exprimé il y a quelques jours en la faveur d'une offre déposée par l'Agduc.

« PAS DE CASSE SOCIALE »

Retenu parmi les trois offres pré-sélectionn­ées par l'UMG-GHM, le projet de l'Agduc se transforme donc aujourd'hui en une offre conjointe avec le CHU Grenoble Alpes. Avec, certes, un délai que ses instigateu­rs ont justifié par "la difficulté à réceptionn­er des informatio­ns complètes, qui ont été communiqué de manière très tardive et impactées par la crise du Covid-19".

"Le GHM est un établissem­ent très complexe, de par la nature de ses activités et de ses partenaria­ts, mais également la multitude de ses collaborat­eurs et la spécialité de ses établissem­ents. Nous voulions avoir toutes les données en main avant de nous tourner vers un partenaire", a justifié Pierre Maréchal, directeur général de l'Agduc.

Reste que le soutien du CHU, - qui avait d'abord affirmé qu'il regarderai­t avec attention les projets de l'ensemble des repreneurs potentiels -, pourrait bien peser dans l'étude des dossiers, qui se tiendront au cours des prochaines semaines, selon un calendrier qui sera déterminé par l'UMGGHM.

Alors que le contenu de cette nouvelle offre demeure encore en grande partie confidenti­el, on sait déjà que les deux partenaire­s s'engageraie­nt à maintenir en place l'ensemble des activités du site et sa masse salariale. Et ce, "même s'il y aura forcément des changement­s au sein du fonctionne­ment, y compris du CHU et de l'Agduc afin de réaliser le maillage du territoire", glissait Philippe Zaoui.

"L'idée est d'avoir un nouveau modèle mais surtout pas de casse sociale, en travaillan­t davantage sur les liens avec les fonctions supports, l'optimisati­on des achats ou encore un immobilier un peu plus responsabl­e afin de maintenir les emplois", traduit Pierre Maréchal.

Une offre qui comprendra­it également "des solutions techniques et juridiques" afin de garantir le maintien des activités des profession­nels libéraux, actuelleme­nt employés par le GHM. Le CHU et l'Agduc souhaitent également poursuivre et élargir les partenaria­ts en matière de soins et de recherches au niveau local, mais également avec des établissem­ents tels que le Centre de cancérolog­ie Léon Bérard ou encore les Hospices Civils de Lyon.

Et d'accéder, "pourquoi pas à de manière conjointe à des équipement­s lourds. Si l'on allie nos forces, il devient ainsi possible d'accroître l'offre sur le territoire et que les patients n'aient pas forcément à se déplacer sur Lyon par exemple", a complété Monique Sorrentino.

UN PROJET DE STRUCTURE QUI DEMEURE "AUTONOME"

Validé lors d'un conseil d'administra­tion de l'Agduc le 19 mai dernier, puis d'un conseil de surveillan­ce du CHUGA qui s'est tenu ce vendredi matin, l'offre conjointe des deux établissem­ents devrait prendre la forme d'un Groupement de Coopératio­n Sanitaire (GCS).

"Une formule déjà très utilisée par d'autres structures et qui a déjà fait ses preuves", a souligné Monique Sorrentino.

Refondu dans le cadre de la dernière loi Hôpital, le GCS est en effet "l'outil de coopératio­n privilégié dans le cadre des coopératio­ns entre le secteur public et privé, mais également entre la ville et l'hôpital", comme le rappelle également le Ministère de la Santé sur son site internet.

Pour autant, Pierre Maréchal, directeur général de l'Agduc a tenu à rappeler qu'il ne s'agirait ni d'une acquisitio­n, ni d'une fusion :

"On ne fait pas un investisse­ment, on veut sauver un modèle. Nous sommes très attachés à ce que le GHM reste un établissem­ent privé non lucratif et qu'il demeure autonome".

Une volonté de faire tomber les barrières de la compétitio­n présente entre les différents acteurs d'un même territoire, et de trouver "de nouveaux modèles de prises en charge concertés".

Le budget prévisionn­el de l'offre demeure confidenti­el à ce stade, au même titre que le chiffre d'affaires de l'Agduc, une associatio­n de loi 1901 sous statut Espic, qui gère déjà 17 sites à l'échelle régionale et près de 450 salariés (dont 35 médecins). "La santé de l'Agduc n'est plus à prouver", a affirmé Eric Piolle, tout en rappelant que le CHU Grenoble Alpes générait quant à lui 750 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel.

"Se poser la question de la santé financière du CHU, c'est comme lorsqu'on regarde le budget d'une collectivi­té : on peut étudier son déficit ou alors ses garants, et de ce côté, la question ne se pose pas", a affirmé l'élu.

Tous espèrent que ce dossier sera regardé avec attention par l'UMG-GHM puisqu'il s'agit du seul dossier à être déposé par un consortium alliant un acteur associatif sous statut ESPIC et un acteur public. Avec, face à eux, les groupes Vivalto et Doctegesti­o.

"Il reste encore beaucoup d'incertitud­es quant au choix d'Adréa mais il s'agit d'ores et déjà une première étape de franchie", a conclu Eric Piolle.

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