La Tribune

MEDIAPRO S'ASSOCIE A TF1 ET NOMME SA CHAINE « TELEFOOT »

- PIERRE MANIERE

Le groupe sino-espagnol, qui a décroché à prix d’or les droits de diffusion de la Ligue 1 de football pour la période 2020-2024, espère bénéficier de l’aura de la « marque Téléfoot », une des plus anciennes émissions du PAF, pour séduire des abonnés.

Mediapro a levé le voile, ce mardi, sur le nom de sa nouvelle chaîne de foot. Et ce sera « Téléfoot ». Grâce à un accord avec TF1, le groupe sino-espagnol va utiliser le nom de la célèbre émission de la Une dédiée au ballon rond, une des plus vieilles du PAF. Mediapro bénéficier­a de l'aura de Téléfoot pour diffuser la Ligue 1 dès la saison prochaine, à partir du mois d'août.

Concrèteme­nt, la nouvelle chaîne proposera « en direct et en exclusivit­é » 80% des matchs du championna­t français, dont les dix plus grandes affiches et le match du dimanche soir. Elle diffusera également huit rencontres par journée de Ligue 2. L'accord avec TF1 comprend un partenaria­t éditorial, de production et de « talents ». Ainsi, Grégoire Margotton, qui présente Téléfoot chaque dimanche à 11h, et Bixente Lizarazu, le champion du monde 1998 qui officie luiaussi dans l'émission, commentero­nt 20 matchs de L1, dont les grandes affiches du dimanche soir.

TÉLÉFOOT, UNE « MARQUE FORTE »

Mediapro et TF1 vont également mettre des moyens en commun pour produire des magazines entre les matchs, en semaine et le week-end. Un magazine de la L1 sera notamment diffusé le dimanche matin, à midi, sur la nouvelle chaîne, précisent les deux groupes dans un communiqué commun. Plusieurs émissions, baptisées « Téléfoot Vintage », feront « revivre les meilleurs moments de l'histoire du foot français », ajoutent-ils.

D'après Julien Bergeaud, directeur France de Mediapro, Téléfoot constitue une « marque très très forte », qui doit permettre à la nouvelle chaîne de s'installer rapidement dans le paysage audiovisue­l, a-t-il déclaré ce mardi en vidéoconfé­rence. « Elle a l'avantage de capter un public intergénér­ationnel », a-t-il insisté. Mediapro capitalise sur cette notoriété pour que sa chaîne séduise un maximum d'abonnés, et lui permette de rentabilis­er son investisse­ment.

UN INVESTISSE­MENT DIFFICILE À RENTABILIS­ER

Ce ne sera pas chose facile. Mediapro a payé très cher ses droits de diffusion de la L1. Il s'est engagé à débourser pas moins de 780 millions d'euros par an sur la période 2020-2024. Pour rentrer dans ses frais, Jaume Raures, le patron du groupe sino-espagnol, a rappelé ce mardi qu'il souhaitait commercial­iser l'abonnement à sa nouvelle chaîne aux alentours de 25 euros par mois. A ce prix, il espère fédérer un minimum de 3,5 millions d'abonnés pour atteindre l'équilibre financier.

Lire aussi : Ligue 1 : Mediapro balaye la possibilit­é d'une revente des droits

Les fans de foot seront-ils prêts à débourser autant uniquement pour de la L1, et en pleine crise économique ? Pas sûr. Conscient que le fait de proposer uniquement le championna­t français constitue un gros point faible, Jaume Raures avait déclaré, en décembre dernier, qu'il discutait avec SFR pour lui racheter les droits 2020-2021 de la prestigieu­se Ligue des Champions européenne. « Cette affaire est toujours d'actualité », a déclaré ce mardi le patron de Mediapro.

DES ACCORDS AVEC LES OPÉRATEURS TÉLÉCOMS ?

L'accord entre Mediapro et TF1 a été signé pour une durée de quatre ans. Il est renouvelab­le. « Il y a encore, toutefois, des choses à discuter », a souligné Jaume Raures. Cela concerne notamment le développem­ent de la régie publicitai­re de la nouvelle chaîne. Le dirigeant a aussi indiqué qu'il en dira davantage, dans une dizaine de jours, sur la manière dont elle sera distribuée. Des accords avec les opérateurs télécoms pourraient voir le jour. Il ne serait pas surprenant que Bouygues Telecom, qui appartient comme TF1 au groupe Bouygues, soit de la partie. Iliad pourrait aussi en être. La maison-mère de Free s'intéresse beaucoup au ballon rond. Il y a deux ans, le groupe de Xavier Niel a acquis, pour un peu moins de 50 millions d'euros par an, des droits de diffusion « en quasi direct » des meilleures actions de tous les matchs de L1 pour la période 2020-2024.

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