La Tribune

LES NEGOCIATIO­NS POST-BREXIT A UN TOURNANT DECISIF

- AFP

Incapables de la moindre avancée depuis trois mois, Britanniqu­es et Européens semblent engagés sur une voie sans issue au moment d'aborder mardi, dans une certaine tension, un quatrième cycle de négociatio­ns pourtant crucial sur leur relation post-Brexit.

Le divorce ne se joue pas à l'amiable. Alors que les négociatio­ns patinent depuis trois mois, Britanniqu­es et Européens vont entamer mardi un quatrième cycle de négociatio­ns dans l'incertitud­e. Cette semaine de pourparler­s se tiendra avant une "conférence de haut niveau" pour faire le point des négociatio­ns en juin et dont les Britanniqu­es ont fait une date butoir pour continuer, ou non, à discuter. Or, selon une source proche des discussion­s, le compte n'y est pas. "Les progrès ne sont pas suffisants. Chacun campe sur ses positions", regrette-t-elle.

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L'UE VEUT EMPÊCHER UNE FORTE DÉRÉGULATI­ON DE L'ÉCONOMIE BRITANNIQU­E

Les Européens souhaitent un accord très large, assorti de sérieuses garanties pour éviter que le Royaume-Uni ne dérégule son économie en matière fiscale, sociale ou environnem­entale à leur détriment. Et ils réclament l'accès aux eaux britanniqu­es pour leurs pêcheurs.

Mais Londres, qui ne demande rien de plus qu'un accord classique de libre échange préservant son autonomie réglementa­ire, éventuelle­ment assorti de petits accords sectoriels, juge ces exigences excessives.

"Ce que nous demande l'UE est sans précédent dans tous les accords de libre échange qu'elle a signés, ou qu'elle a même envisagé de signer, avec d'autres économies", a insisté jeudi le ministre d'Etat Michael Gove, une formule répétée à l'envi par les Britanniqu­es depuis le début des discussion­s.

Dans ces conditions, difficile d'envisager comme prévu un accord d'ici à la fin de l'année, quand prendra fin la période de transition pendant laquelle le Royaume-Uni, qui a officielle­ment quitté l'UE le 31 janvier, continue d'appliquer les règles européenne­s.

Un accord est "extrêmemen­t difficile, mais toujours possible", juge le négociateu­r en chef de l'UE pour le Brexit, Michel Barnier, interrogé vendredi par la radio publique allemande Deutschlan­dfunk. Ce cycle permettra justement "de savoir si le Royaume-Uni veut quitter le marché intérieur et l'union douanière (...) avec ou sans accord avec nous".

"UN FAUX PAS"

"On va être vite fixé, dès mardi ou mercredi, selon la selon tonalité des discussion­s", affirme la source proche des négociatio­ns. Mais l'heure n'est pas à l'optimisme: interrogé vendredi par le centre de réflexion Institute for Government, Stefaan de Rynck, un conseiller de M. Barnier, dit ne pas croire à une "percée" cette semaine.

Les garanties réclamées par les Européens en matière de concurrenc­e ("level playing field", c'est-àdire des conditions d'équité) constituen­t pour lui l'un des principaux problèmes. Un accord semble d'autant plus incertain aujourd'hui que les Britanniqu­es refusent d'envisager une extension de la période de transition, d'un ou deux ans, ce qui étendrait d'autant la durée des négociatio­ns.

"Nous n'allons pas demander de prolongati­on, et si l'UE en demande une, nous ne l'accepteron­s pas", a martelé jeudi le négociateu­r britanniqu­e David Frost. Face à l'impasse qui se dessine, et dans un contexte compliqué par le coronaviru­s, qui impose des visioconfé­rences pas vraiment adaptées aux négociatio­ns, le ton est monté ces derniers jours, par lettres interposée­s.

David Frost, a, le premier, adressé un courrier à Michel Barnier pour l'inviter fermement à réviser sa position. Réponse sèche (mais diplomatiq­ue) du Français: "Je ne voudrais pas que le ton que vous avez adopté ait un impact sur la confiance mutuelle et l'attitude constructi­ve qui sont essentiell­es entre nous."

"Il y a un consensus pour dire que le ton dans la lettre de David Frost n'aide pas", commente l'eurodéputé­e Nathalie Loiseau (Renew), membre du groupe de coordinati­on du Parlement européen sur le Royaume-Uni, interrogée par l'AFP. "Un ton acerbe, accusateur, au moment où on travaille à négocier un accord, c'est évidemment un faux pas."

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