La Tribune

VOL HABITE VERS L'ISS: GRACE A SPACEX, AMERICA IS BACK

- MICHEL CABIROL

Le lanceur Falcon 9 de SpaceX a décollé samedi à 19h22 GMT de son pas de tir situé à Cap Canaveral. Ce lancement opéré par une entreprise privée, dirigée par l'homme d'affaires Elon Musk, constitue le premier vol habité des États-Unis depuis 2011.

Neuf ans déjà que la dernière navette américaine Atlantis a ravitaillé en juillet 2011 l'ISS, la Station spatiale internatio­nale (ISS). Neuf ans donc que les États-Unis n'avaient plus opéré un vol habité. Neuf ans surtout que les astronaute­s américains montent à bord du lanceur russe Soyuz pour rejoindre l'ISS. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, les deux astronaute­s (Robert Behnken et Douglas Hurley) ne sont pas montés à bord d'une capsule spatiale fabriquée par Boeing ou Lockheed Martin, les deux constructe­urs américains historique­s dans le domaine spatial. Pour la mission Demo-2 de la NASA, les deux astronaute­s, arrivés au Kennedy Space Center en voiture électrique Tesla - cela allait de soi -, se sont installés dans la capsule Crew Dragon développée par une société, qui n'a pas encore 20 ans, SpaceX, qui a été créée le 6 mai 2002 par Elon Musk. Après un report mercredi en raison du mauvais temsp, Crew Dragon a finalement été mis sur orbite par le lanceur Falcon 9, opéré également par la jeune société.

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JOUR DE GLOIRE POUR ELON MUSK

Le 30 mai est un nouveau jour de gloire pour Elon Musk, ce milliardai­re d'origine sud-africaine tant décrié pour ses folies mais qui fait encore rêver l'Amérique par son audace et ses innovation­s spatiales. Un destin hors norme quoi qu'il arrive. Avec ce lancement, il a réussi à nouveau à donner un peu plus de fierté aux Américains dans le spatial sur l'un des pas de tir les plus célèbres au monde, le 39A (LC-39A) au Kennedy Space Center de la NASA en Floride. C'est de ce pas de tir qu'ont décollé le 16 juillet 1969 Neil Armstrong et ses deux coéquipier­s d'Apollo 11, Buzz Aldrin et Michael Collins.

"Elon Musk a apporté au programme spatial américain la vision et l'inspiratio­n qui nous manquaient depuis neuf ans, depuis la fin des navettes spatiales. Il est brillant", a affirmé le patron de la NASA, Jim Bridenstin­e, vendredi dernier.

Après les lanceurs réutilisab­les, le transport spatial pour ravitaille­r l'ISS et maintenant les vols habités, le génial patron de SpaceX, qui a fait fortune avec PayPal et a créé le constructe­ur Tesla, vise la planète Mars où il compte envoyer une première colonie de 100 personnes en 2030. Plus que jamais son obsession. Et Elon Musk ne fait plus sourire quiconque, lui qui a pourtant essuyé beaucoup de sarcasmes à son arrivée dans le milieu spatial.

UNE MISSION RÉUSSIE

La réussite de la mission Launch America était importante pour SpaceX, pour la NASA et pour les États-Unis. Ce n'était pas pour autant une nouvelle page de l'histoire spatiale mondiale qui s'écrivait. Juste un retour à la normale pour un pays comme les États-Unis, qui ont fait tant pour la conquête spatiale. Les astronaute­s américains Bob Behnken et Doug Hurley se sont envolés samedi du centre spatial Kennedy en Floride à bord d'une fusée SpaceX, première société privée à se voir confier par la Nasa une mission aussi prestigieu­se et risquée.

"Pour la première fois en 9 ans, nous avons lancé des astronaute­s américains sur un lanceur américaine depuis le sol américain. Je suis tellement fier de la @NASA et de l'équipe de @SpaceX pour avoir rendu ce moment possible", a tweeté quelques minutes après le lancement Jim Bridenstin­e.

Le lanceur Falcon 9 a décollé à 15H22 heure locale (19H22 GMT, 21H22 heure française), et les premières minutes du vol se sont passées de façon nominale, selon la retransmis­sion en direct de la mission par la Nasa. Le premier étage s'est détaché comme prévu après deux minutes de vol, alors qu'il volait à près de 4.000 km/h. Il a atterri sur une barge en pleine mer. En parallèle, le second étage a continué de propulser la capsule Crew Dragon vers sa destinatio­n, la Station spatiale internatio­nale, qu'elle atteindra demain à 16h30 (heure française). Au bout de 12 minutes de vol environ, le second étage s'est à son tour détaché, laissant Crew Dragon filé dans le silence de l'espace pour son rendez-vous avec l'ISS.

RETROUVER UNE AUTONOMIE DANS LE TRANSPORT SPATIAL

La NASA a octroyé 4,2 milliards de dollars à Boeing et 2,5 milliards de dollars à SpaceX en 2014 pour développer des systèmes de capsule distincts capables de transporte­r des astronaute­s vers la station spatiale depuis le sol américain pour la première fois depuis la fin du programme de navette spatiale en 2011. Depuis, la NASA s'était appuyée sur le vaisseau spatial russe Soyuz pour des trajets jusqu'à la station spatiale. Les Américains ont souhaité retrouvé une autonomie en matière de transport spatial. Notamment en raison de la crise des relations bilatérale­s avec la Russie.

Dragon est un vaisseau spatial, conçu pour livrer à la fois du fret et des personnes vers l'ISS dans un premier temps. Il s'agit du seul vaisseau spatial actuelleme­nt en vol capable de renvoyer d'importante­s quantités de marchandis­es vers la Terre. Le premier vol de démonstrat­ion a été lancé le 2 mars 2019. Le vaisseau spatial Dragon s'est amarré avec succès à la station spatiale avant la date prévue le 3 mars 2019, devenant le premier vaisseau spatial américain de l'histoire à s'amarrer de manière autonome avec l'ISS. Il est capable de transporte­r jusqu'à sept passagers vers et depuis la Terre, et au-delà comme le souhaite Elon Musk.

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