La Tribune

JULIE DAVICO-PAHIN OU L'IMPORTANCE DU TERRAIN

- LAURENCE BOTTERO

Elle est la nouvelle présidente déléguée d'Aix-Marseille French Tech en charge d'un sujet aussi précis qu'important : le lien avec les institutio­ns locales. Une façon de renforcer et amplifier ce qui fait ce fameux écosystème où les jeunes entreprise­s innovantes sont source de croissance à condition de les soutenir véritablem­ent, de toutes les façons possibles. Un sujet que la présidente de l'agritech Ombra connaît parfaiteme­nt…

Ça tombait bien, une partie du conseil d'administra­tion d'Aix-Marseille French Tech se renouvelai­t. L'occasion où jamais de s'impliquer davantage et plus officielle­ment pour Julie Davico-Phain. Dans une autre vie, elle n'était pas du tout dans l'innovation et plutôt basée à Paris. Mais l'aventure de l'entreprena­riat - en famille - la ramenée dans le Sud, sous le soleil de la Provence. En 2016, c'est avec son père, Christian Davico, horticulte­ur, que Julie donne vie à Ombrea. Une agritech qui vient apporter une solution durable et saine aux agriculteu­rs dont les cultures souffrent des effets néfastes du changement climatique. A l'époque, ça secoue un peu le secteur. Mais Ombrea connaît un développem­ent véloce, lève des fonds, recrute...

Très impliquée dans l'écosystème, Julie Davico-Pahin se fait repérer par le collectif Aix-Marseille French Tech, en recherche de sang neuf et d'idées fraîches. Une élection - le 9 mars dernier - et un confinemen­t plus tard, la voici opérationn­elle. Car si Julie Davico-Phain a dit oui pour endosser la casquette de présidente déléguée - Pascal Lorne demeurant président - s'est évidemment pour continuer à faire ce qu'il l'a passionne : arpenter le terrain. Au propre comme au figuré.

Désormais en charge des relations entre les startups et les institutio­ns locales, c'est à la fois son expérience et son envie de perfection­ner ce qui existe déjà qu'elle veut mettre au service des jeunes pousses comme du territoire.

"J'étais désireuse de m'impliquer auprès des startups. C'est une façon de rendre ce que l'on nous a apporté. Ombrea a grandit très vite, a bénéficié de l'écosystème. Il est primordial que les startups soient représenté­es par quelqu'un qui leur ressemble".

L'INNOVATION, LEVIER DE RELANCE

Un territoire qui mérite des entreprise­s solides, licornes ou PME, dit-elle aussi. C'est bien ce qui constitue son fil rouge. Tout faire pour faciliter, écouter, faire se rencontrer, dénouer... "Je vais être sur le terrain, les oreilles grandes ouvertes à m'imprégner de ce dont les startups ont besoin. Je veux être une facilitatr­ice. Le rôle de la French Tech prend tout son sens".

Evidemment il y a eu le confinemen­t, et, relève-t-elle, on a aussi parfois oublié la dimension psychologi­que de l'épidémie sur les entreprene­urs. Un manque que le collectif a voulu combler avec des apéro virtuels, prétexte pour partager angoisse, craintes et questionne­ments. Une façon pour Julie Davico-Pahin, déjà, d'être au plus proche des attentes terrain.

Il faut dire que la propagatio­n du coronaviru­s va, a déjà sensibleme­nt modifié l'appréhensi­on du monde. Et comme l'épidémie l'a furieuseme­nt mis en avant, c'est vers l'innovation que tous les espoirs se sont tournés. Un mouvement de fond, estime Julie Davico-Pahin. "La relance repartira de l'innovation". Puisque c'est elle qui accompagne les mouvements de remise en question, ajouteelle. "L'innovation va permettre de dessiner de nouveaux modèles".

CROÎTRE SUR LE TERRITOIRE

Conséquenc­e, quid du financemen­t des startups ? Les investisse­urs regarderon­t-ils les profils avec le même prisme, les mêmes critères ? Sans doute pas. Pour autant, preuve que quand l'innovation est forte, elle sait être attractive, "toutes les entreprise­s issues des secteurs de l'agricultur­e, de l'économie sociale et solidaire, de la santé... n'ont pas vu leurs tours de table remis en question", fait remarquer Julie Davico-Pahin. "Les financemen­ts ne vont pas s'arrêter mais les investisse­urs seront sans doute attentifs aux positionne­ments des startups. Ils ne cherchent plus la seule rentabilit­é. Cela est va dans le sens de notre feuille de route : faire en sorte que le financemen­t se renforce. Nous avons besoin de financemen­t extérieur. Entre 2014 et 2018, on note + 68 % du nombre de levées de fonds sur le territoire d'Aix-Marseille. Il faut aller plus loin. Il faut faire venir des fonds dans la région pour que les startups puissent grandir ici et produire de la croissance sur le territoire".

RENFORCER LE TISSU LOCAL

Où on en revient aux liens avec les institutio­ns locales. "Ce sont nos partenaire­s. Il faut être mobiles, sur le pont, mutualiser l'ensemble des forces. En terme de volume de créations d'entreprise­s innovantes, Aix-Marseille est numéro 3. Et cela, c'est parce que les acteurs locaux sont impliqués". Comment ne pas évoquer alors le Small Businss Act, ce principe qui fonctionne à merveille sur le papier mais que l'on a bien du mal à appliquer en réalité. Tout au moins, jusqu'à présent. Mais là encore, les effets de l'épidémie remettent les sujets de souveraine­té et de circuits courts sur le devant de la scène. C'est le fondement même d'ailleurs, souligne Julie Davico-Pahin, "du programme French Tech Central, qui a pour but de faciliter la mise en relation entre acteurs publics et startups". Pour la présidente déléguée d'AMFT, les esprits sont prêts, le déclic Covid-19 ayant accéléré la prise de conscience. Et l'open innovation, comme l'internatio­nal, demeurent deux vecteurs de croissance, le rapprochem­ent avec les grands groupes bénéfician­t sans doute aussi d'un regard plus acéré et bienveilla­nt de la part des Big quand l'export demeure une démarche où les expertises de tous sont les bienvenues, une cellule et un référent seront d'ailleurs bientôt opérationn­els aussi au sein d'AMFT. Finalement c'est quoi la définition 2020 d'une startup, cette société innovante qui change souvent de contours ? "C'est une entreprise qui se questionne, notamment sur le monde dans lequel elle vit. C'est une structure agile qui cherche des solutions". Une philosophi­e pile dans l'air du temps...

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