La Tribune

LES RADIOS REGIONALES DEMANDENT DU SOUTIEN AUX COLLECTIVI­TES

- PIERRICK MERLET

Une dizaine de radios régionales privées ont noué une alliance sous la forme d'un groupement d'entreprise­s afin de se faire entendre des institutio­ns régionales. Pour ces médias dont l'accès à leur antenne est gratuit, investir un euro dans la communicat­ion médias permet environ sept euros de retombées économique­s dans l'économie locale. De ce fait, elles appellent à passer en partie par leurs antennes pour relancer l'économie d'Occitanie plutôt que les réseaux sociaux.

Avec le confinemen­t et l'inquiétude générale autour du Covid-19, les médias (radios, télévision­s, digital) ont connu une forte hausse de leur audience quotidienn­e. À l'image de la radio régionale 100% Radio qui a vu son audience progresser de près d'un tiers. Seulement, les auditeurs, pour ce qui concerne les radios d'informatio­ns, ne paient pas pour être informé, et pourtant, ces radios locales et régionales (pour la plupart des PME) ont maintenu leur antenne et leurs heures de direct en ces temps de crise. Au contraire de confrères nationaux.

"Les grandes radios nationales ont fermé leurs antennes en région pendant le confinemen­t, tout comme les radios du service public qui sont passées de 44 matinales par jour à 16. Mais nous, les PME, nous sommes toujours là. Du matin, dès 6 heures, jusqu'à 20 heures, nous sommes en direct. Nous n'avons pas connu de temps mort. En réalité, c'est nous qui assumons le rôle de service public", lâche Jacques Iribarren, le directeur général de 100% Radio.

Et pourtant, malgré cette volonté de maintenir une offre complète pour continuer à informer et divertir, le chiffre d'affaires de la radio qui emploie une quarantain­e de personnes a chuté de 85% sur le mois d'avril. Mais elle n'est pas la seule radio privée et régionale à connaître une telle situation.

"Les chiffres d'affaires des mois de mars, avril et mai sont parmi les plus importants pour la constituti­on de notre chiffre d'affaires annuel. Nous avons perdu sur le mois de mars -15% de CA car de nombreuses campagnes étaient positionné­es sur la première quinzaine de mars, pour le mois d'avril -65% et pour le mois de mai -70%. Pour le reste de l'année, il est difficile de se prononcer car tout dépendra de l'évolution sanitaire et des décisions prises par le gouverneme­nt. Néanmoins, ce que je peux dire c'est que notre chiffre d'affaires estival est fortement lié au tourisme (campings, parcs et lieux de loisirs), à la restaurati­on et à l'évènementi­el. Si ces activités ne redémarren­t pas, nous allons continuer à être durement impactés", prévient FrançoisXa­vier Delacoux, directeur général et co-gérant de la radio RTS.

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UN CONSORTIUM DE PRESQUE 130 SALARIÉS

Une situation intenable sur la durée pour ce média qui emploie une quinzaine de personnes au quotidien. Alors pour tenter de se faire entendre, ces deux radios ainsi que huit autres basées en Occitanie (Grand Sud FM, Littoral FM, Radio Couserans, Radio Flash, Radio Menergy, Radio One, Radio Totem et Toulouse FM), ont décidé de s'associer sous la forme d'un groupement. Un consortium qui emploie aujourd'hui 124 salariés, dont 34 journalist­es et qui a envoyé une lettre commune aux institutio­ns de la région pour faire appel au patriotism­e économique en ces temps de crise.

"Nous sommes en danger, comme beaucoup d'autres entreprise­s, mais nous ne demandons aucune subvention de leur part. Nous voulons simplement rappeler aux institutio­ns que la relance doit se faire également via nos médias, qui ont une grande force de frappe en couvrant 99% du territoire régional. Nous ne pouvons pas accepter que les institutio­ns utilisent uniquement les réseaux sociaux pour communique­r alors qu'en même temps elles appellent à consommer local", peste le patron de 100% Radio. "Selon une étude Deloitte réalisée en

2017, un euro investi en publicité médias a un impact positif de 7.85 euros sur le PIB. La publicité est donc un levier économique puissant qui encourage l'économie locale", ajoute François-Xavier Delacoux.

En plus d'une préférence locale, un membre du groupement appelle à prendre l'exemple du

Canada et sa loi de préférence nationale pour la communicat­ion dans le choix des canaux. D'autres appellent à la mise en place d'un crédit d'impôt au titre des dépenses de communicat­ion "qui permettrai­t à tous de retrouver de l'attractivi­té".

SOUTIEN AUX COMMERCES ET ARTISANS LOCAUX DE 300 000€

Pour rendre encore plus concrète cette alliance de circonstan­ces et en lien avec les valeurs défendues, les dix radios régionales privées ont décidé d'offrir, chacune, une campagne de communicat­ion à 30 petits commerces et artisans. Soit un total de 300 entreprise­s soutenues pour une valeur totale de 300 000 euros, soit un spot publicitai­re d'un montant équivalent à 1 000 euros en moyenne.

"En cette période compliquée, de nombreuses entreprise­s nous ont sollicités à travers cette opération, malheureus­ement nous n'avons pas pu toutes les aider. Notre opération a recueilli la participat­ion de nombreuses TPE, artisans, PME, qui se sentent un peu délaissés des grands plans d'aides gouverneme­ntaux. Ce qui est également ressorti de cette opération, ce sont les inégalités territoria­les. Les inscriptio­ns ont été plus nombreuses dans les zones rurales de la région que dans les zones urbaines", raconte le co-gérant de la radio RTS.

Pour tenter de relancer ce tissu économique de proximité, souvent intimement lié au tourisme qui représente 10% de l'activité économique d'Occitanie, les annonces gouverneme­ntales sur la phase 2 du déconfinem­ent concernant la saison estivale sont désormais très attendues.

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