La Tribune

MUNICIPALE­S 2020 : A LYON, QUEL CANDIDAT POUR SAUVER L'ECONOMIE ?

- STEPHANIE BORG

Favoris au lendemain du premier tour, les verts conservent leur avance à la ville comme à la métropole de Lyon. Le spectre de la crise économique aura-t-il raison de ce basculemen­t inédit pour la ville du consensus ? C'est en tous cas ce qu'espèrent leurs adversaire­s.

Arrivé en tête au premier tour, depuis rejoint par la gauche dans une "coalition pour le climat, sociale et démocratiq­ue" Grégory Doucet, tête de liste des écologiste­s, reste le grand favori pour remporter la mairie de Lyon, malgré cette alliance avec la gauche unie. Idem pour le candidat écologiste à la présidence de la métropole de Lyon Bruno Bernard, donné favori avec 37% des voix au second tour selon un sondage Ifop-Fiducial pour Lyon Capitale et Sud Radio paru ce 22 juin.

A l'aune de la crise, les deux têtes de liste écologiste ont renforcé leurs propositio­ns en faveur de la solidarité - un RSA jeune par exemple - et dans la prise en compte des plus fragiles.

"Lyon a envie et besoin d'écologie. La crise nous rappelle la nécessaire solidarité et la coopératio­n. Nous lançons une coalition pour le climat, elle est nécessaire­ment sociale et démocratiq­ue", indique Grégory Doucet, tête de liste EELV aux élections municipale­s.

Mais globalemen­t, le candidat à la métropole - c'est elle qui détient véritablem­ent la compétence économique - campe sur ses propositio­ns du 1er tour : écorénovat­ion des bâtiments, encadremen­t des loyers, réduction des inégalités territoria­les par la mobilité, emplois locaux, soutiens aux commerçant­s, encadremen­t des loyers, régie publique de l'eau. Le candidat mise sur la commande publique pour accélérer la relance du territoire.

"L'équipe sera prête pour aller vite. Nous allons dans un premier temps activer la relance par la commande publique et modifier les politiques d'achat pour favoriser les emplois locaux", indique Bruno Bernard.

DEUX VISIONS DE L'ÉCONOMIE DE DEMAIN

Face à eux, la coalition ex LREM-LR agite le spectre de la décroissan­ce et mettent en garde les milieux économique­s des conséquenc­es de la "vague verte" sur l'emploi et l'attractivi­té de la ville.

"Certes, on est outsiders face aux verts et à la France insoumise. Mais on porte chacun deux projets de ville : nous portons le projet d'une ville du quotidien, ouverte, accueillan­te où l'on pourra travailler et trouver de l'emploi et non pas celle d'une ville où l'on pourra accéder uniquement à vélo ou en train", indique Yann Cucherat, le candidat ex-LREM-LR pour la ville de Lyon.

Il inscrit au rang de ses priorités le soutien au commerçant et à l'économie locale.

"Les écologiste­s ont un discours monothémat­ique. Certes, ils sont plus lisibles que nous sur l'écologie mais nous ne visons pas la même écologie. Nous prônons l'écologie positive sinon cela va tuer l'économie. L'industrie a déjà entamé cette mutation, beaucoup d'autres entreprise­s aussi. On peut allier le développem­ent et le respect de l'environnem­ent", souligne François-Noël Buffet, candidat LR-ex-LREM à la métropole de Lyon suite à l'alliance qu'il a conclu avec Gérard Collomb.

Le candidat, qui arriverait second avec 32% des voix, n'a pas spécialeme­nt fait évoluer son programme économique au regard de la crise mais c'est la crise qui lui a fait prendre conscience de la nécessité de passer outre les querelles anciennes et de choisir cette alliance controvers­ée.

"Des divergence­s, j'en ai : mais au vu des circonstan­ces, la crise sanitaire nous oblige à dépasser tout cela. J'ai toujours considéré qu'il fallait dépasser nos différence­s face à l'essentiel. Je m'inscris dans la tradition de notre territoire", assure-t-il.

Il estime néanmoins que la métropole sera toujours en capacité d'investir, il assure que les impôts ne seront pas relevés, toujours à condition de "maintenir l'attractivi­té de la métropole et sa capacité à générer des emplois".

"Si on choisit les verts, on aura une métropole qui se rabougrie, clanique et qui s'appauvrira avec du chômage et de la décroissan­ce", ajoute-t-il.

TROISIÈME VOIE ?

Le troisième candidat en lice, avec 26% des voix, qui a refusé toutes les alliances au nom "du respect des électeurs", mise sur les propositio­ns concrètes.

"Ces accords passent mal. On incarne une forme de valeur refuge aux yeux des électeurs", commente David Kimelfeld qui défend sa position. "A quel titre je ne serai plus candidat président ?" indique-t-il en réponse à ses adverses qui soulignent qu'il n'a pas voulu renoncer pour faire alliance.

Celui qui "parle la langue de l'entreprise" a décliné plus de 70 propositio­ns pour l'économie au cours de sa campagne, dont le renforceme­nt de l'écorénovat­ion, l'équilibre entre les grandes et les petites entreprise­s, la création d'une foncière pour stabiliser les prix de l'immobilier ou favoriser l'emploi.

A l'aune de la crise, il a renforcé son programme économique par "des propositio­ns concrètes, je suis le seul", précise-t-il, comme la mise en place de "nationalis­ations temporaire­s", des rachats temporaire­s de fonds de commerce ou encore la relance de la commande publique.

"Les problèmes vont arriver à la rentrée. Il faut protéger l'emploi", souligne-t-il.

Et compte sur son bilan et la capacité d'investisse­ment de la métropole pour porter ce programme.

"La métropole présente son meilleur compte administra­tif depuis 15 ans. Malgré la dégradatio­n des entrées fiscales à prévoir, nous disposons d'une bonne capacité d'emprunt, elle passera de 3,5 à 4,5 milliards d'euros et d'une capacité de désendette­ment à 5 ans, ce qui est normal pour une collectivi­té", ajoute le président sortant.

Reste que les premiers concernés se font discrets. Dans la ville du consensus, rares sont les acteurs économique­s qui se prononcent pour tel ou tel candidat. Tous assurent avoir un bon dialogue avec leurs représenta­nts, même si des lettres ouvertes, non signées, circulent, montrant de l'inquiétude face au programme des verts. Au final, tout se jouera avec l'abstention mais surtout au 3e tour, le jeudi 2 juillet, jour de l'élection du président à la métropole de Lyon.

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