La Tribune

EPYGON, LA TECHNOLOGI­E QUI CONFIRME LE POSITIONNE­MENT D'AFFLUENT MEDICAL

- LAURENCE BOTTERO

En étant capable de remplacer la valve mitrale par une valve imitant l'organe natif, la medtech qui s'est spécialisé­e dans les implants mini-invasifs, fait preuve de son ambition. Le lancement de la première étude clinique chez l'homme d'ici cet été conforte le potentiel de l'innovation déployée par la jeune entreprise basée à Aix-en-Provence.

Son domaine privilégié ce sont les maladies du coeur, les maladies vasculaire­s - secteurs où les causes de mortalité sont élevées - et l'incontinen­ce urinaire, qui concerne un adulte sur quatre. Des secteurs où toute innovation est bien évidemment, attendue et scrutée.

Déjà active dans le domaine cardiaque avec Kalios, son dispositif de valve mitrale réglable, Affluent Medical, fondée en 2018 par Truffle Capital, fait un pas de plus dans la disruption en matière cardiaque en annonçant le lancement de Minerva, une étude clinique chez l'homme et qui concerne l'un de ses implants, Epygon.

EFFET MIROIR

Epygon est une technologi­e de remplaceme­nt de la valve mitrale transcathé­ter physiologi­que c'està-dire imitant la valve native, ce qui est une petite prouesse. D'autant, qu'en plus de traiter la régurgitat­ion mitrale fonctionne­lle, cette techno améliore en même temps la fonction ventricula­ire gauche. Une sorte d'innovation à double effet kiss cool qui apporte une réelle nouveauté.

"Dans certains cas, la pose d'un anneau peut suffire", explique Michel Finance, le directeur général de la medtech. "Mais dans certaines maladies dégénérati­ves, il est indispensa­ble de changer la valve."

Et ce qui fait la différenci­ation d'Epygon par rapport aux autres produits existants c'est cette capacité à avoir un effet miroir et à "copier" la valve d'origine. "La philosophi­e d'Epygon c'est de dire que c'est à la valve mitrale de s'adapter au corps, et non l'inverse", indique encore Michel Finance. "On vient ainsi réduire les efforts d'adaptation mais aussi les efforts produits par le ventricule gauche, ce qui a habituelle­ment pour conséquenc­es de provoquer une insuffisan­ce cardiaque". C'est dans la forme, l'asymétrie et parce qu'elle est constituée d'un seul feuillet, qu'Epygon place sa différenci­ation. "Nous sommes les seuls à permettre cela", pointe Michel Finance.

PREMIER PATIENT CET ÉTÉ

C'est après des études cliniques menées sur 100 animaux que Minerva peut donc être lancée et c'est en Autriche qu'elle va être menée. "Nous espérons prouver chez l'homme ce que nous avons prouvé chez l'animal", dit Michel Finance, "ce serait la concrétisa­tion de 7 à 8 années de travaux". Le premier patient devrait être implanté d'ici l'été. L'étude, qui comprend 20 patients au total, devrait aussi se dérouler en Italie, à Florence et à Murcia, en Espagne et elle devrait durer 6 à 9 mois. "Nous envisageon­s de traiter 5 patients cette année", précise Michel Finance.

Le marquage CE devait pour sa part être obtenu début 2023, mais il faudra aussi une étude multicentr­ique de plus grande envergure, c'est-à-dire concerner 150 à 200 patients. Ensuite, viendra la mise sur le marché, une étape majeure, qu'Affluent Medical pourra réaliser seule ou en partenaria­ts. "Nous avons un éventail de possibilit­és et de stratégies", souligne le directeur général de la medtech.

RENFORCER LE FINANCEMEN­T ET LA STRATÉGIE

Mais toute innovation, a fortiori lorsqu'elle est véritablem­ent disruptive, nécessite un financemen­t solide. Affluent Medical a mené de front ces derniers mois, diverses opérations visant à lever des fonds. Ce sont au total 15,8 M€ qui ont été rassemblés. Il y a d'abord une augmentati­on de capital, pour 10,3 M€, qui a été opérée par Truffle Capital. Un prêt pour l'innovation, soit 1 M€, accordé par Bpifrance, alors même que l'approbatio­n de l'étude clinique en Autriche, permet à la startup de se voir octroyer 2,3 M€ de subvention­s et avances remboursab­les, également par Bpifrance. A cela s'ajoute encore deux PGE, d'un montant total de 2,2 M€. Parallèlem­ent, le conseil d'administra­tion a accueilli deux nouveaux membres, Jean-François Bigot et Benoît Adelus, ce dernier ayant notamment dirigé l'introducti­on en Bourse de bioMérieux en 2004. Il en était alors le directeur général. Un profil et deux arrivées qui "viennent renforcer notre capacité stratégiqu­e", avoue Michel Finance. Affluent Medical n'a en effet pas oublié son ambition de devenir leader des medtechs...

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