La Tribune

DES TOULOUSAIN­S PLANCHENT SUR UNE MAISON AUTONOME EN ENERGIE ET EN NOURRITURE

- FLORINE GALERON

La Scop toulousain­e Houself, spécialisé­e dans l'écoconstru­ction, a fabriqué une maisonlabo­ratoire avec uniquement des matériaux de réemploi, dans les Pyrénées. Elle vient de lancer une campagne de financemen­t participat­if pour accomplir son rêve de concevoir des maisons autonomes en énergie et en nourriture. Une tendance qui connaît un regain d'intérêt depuis le confinemen­t.

Cultiver un brin de jardin pour moins dépendre de l'approvisio­nnement des supermarch­és et tendre vers un habitat plus écologique. L'idée a germé dans la tête de beaucoup de Français avec la crise sanitaire.

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À Toulouse, depuis le confinemen­t, Houself voit affluer les demandes de particulie­rs. Fondée en février 2020, la toute jeune société coopérativ­e d'écoconstru­ction caresse le rêve de créer des maisons autonomes en énergie et en nourriture. À l'origine de ce projet, Léo Jacquin voulait construire lui-même une maison autonome. Avec deux amis ingénieurs passés par Sup Méca, il décide alors de reprendre des études pour se reconverti­r. Lui fait un apprentiss­age chez l'architecte Taillandie­r, Jacques-Yves Baumann, qui travaillai­t pour un sous-traitant d'Airbus helicopter­s obtient un CAP de charpentie­r et Raphaël Auria passe un master en ingénierie avec un stage dans le bureau d'études toulousain Ecozimut. Cette coopérativ­e leur donne de premiers chantiers de rénovation écologique en Haute-Garonne où Houself assure la maîtrise d'oeuvre : conception avec l'architecte, choix des artisans et suivi des travaux.

UNE MAISON AVEC DES PNEUS, DE LA PAILLE ET DES PALETTES

Les trois ingénieurs ont également construit une maison expériment­ale dans les Pyrénées entièremen­t avec des matériaux de réemploi.

"Les fondations de la maison sont en pneus que nous avons récupéré dans un garage et remplis de terre. Le soubasseme­nt est en chaux et en galets. Ensuite, nous avons fabriqué quatre murs différents : un en terre crue, un autre avec des palettes assemblées avec de la paille, un troisième avec des bottes de paille empilées avec un angle de terre et un dernier avec des bûches de bois remplies de copeaux de bois. La charpente est traditionn­elle avec du bois de réemploi et les tuiles pour le toit ont été récupérées sur un chantier à Toulouse", décrit JacquesYve­s Baumann.

Avant d'ajouter : "le but était de tester les techniques que nous allons proposer aux clients. L'idée était aussi de mettre la main à la patte à travers un chantier participat­if et d'en faire un lieu d'expériment­ation pour produire un contenu sur notre chaîne Youtube".

UNE CAMPAGNE DE FINANCEMEN­T PARTICIPAT­IF POUR PASSER LA CRISE

Depuis le confinemen­t, la coopérativ­e connaît un regain d'intérêt. "Nous avons vu arriver beaucoup de jeunes couples, souvent des ingénieurs, qui veulent se lancer dans l'autoconstr­uction, construire leur propre maison avec des matériaux écologique­s. Ce n'est pas leur métier donc nous les conseillon­s dans leur projet", explique Jacques-Yves Baumann.

Mais surtout, Houself pourrait commencer à réaliser son rêve avec un premier projet de maison autonome en énergie et en nourriture envisagé à Muret, au sud de Toulouse. "L'ossature de la maison serait en bois et le reste en paille. On pourrait mettre des panneaux solaires thermiques et installer un jardin potager", imagine le membre de la coopérativ­e. Pour tous ses chantiers, Houself essaie de trouver les matériaux le plus localement possible.

"Nous aimons bien travailler avec la paille où il est possible de se fournir auprès des agriculteu­rs voisins et pour la terre si possible nous prenons celle du terrain. Pour le bois, nous travaillon­s avec des charpentie­rs qui se fournissen­t dans la Montagne noire ou les Pyrénées", complète l'ingénieur.

Objectif : réduire l'empreinte environnem­entale de la constructi­on. Pour rappel, le bâtiment est le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre en France avec 20% des émissions de CO2.

Malgré le regain d'intérêt durant le confinemen­t, Houself manque de fonds pour pérenniser ses projets. La Scop a lancé une campagne de financemen­t participat­if sur Gofundme et a récolté déjà plus de 10 000 euros. Les fonds serviront à financer notamment une formation en permacultu­re que s'apprêtent à suivre les trois ingénieurs cet été, histoire d'ajouter une corde à leur arc.

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