La Tribune

TIME FOR THE PLANET, L'ENTREPRISE A MISSION QUI VEUT AGIR POUR LE CLIMAT

- STEPHANIE BORG

Time For The Planet entend lever 1 milliard d'euros pour créer et financer 100 entreprise­s dédiées à la lutte contre le dérèglemen­t climatique. Entreprise à mission dès sa création, la startup a déjà séduit 1 800 actionnair­es, dont quelques grands noms lyonnais, qui devront compter "en taux de retour pour la planète".

Serial entreprene­urs - ils ont déjà créé 15 entreprise­s cumulées en 12 ans- les six co-fondateurs de Time For The Planet "veulent accélérer le changement". Ils ont mis en sommeil leur propre activité pour s'y consacrer, bénévoleme­nt, à plein temps.

"Nous avons décidé de tout stopper pour nous consacrer à la problémati­que la plus urgente pour l'humanité : le réchauffem­ent climatique", clament-ils.

Pour y parvenir, ils ont choisi "l'action", l'entreprene­uriat et l'innovation. C'est ainsi que Coline Debayle, Mehdi Coly et Nicolas Sabatier avec trois autres co-fondateurs ont imaginé Time For The Planet, une entreprise à mission dédiée à la lutte contre le dérèglemen­t climatique.

Elle a déjà identifié "20 problèmes indispensa­bles à résoudre" : la captation du CO2 sur les cheminées d'usine, la constructi­on sans ciment ou encore le stockage de l'énergie solaire sans métaux critiques. Au total - sans donner de délais d'exécution - la jeune pousse ambitionne de créer et financer 100 startups dans le monde entier.

"TAUX DE RETOUR POUR LA PLANÈTE"

Pour financer ses ambitions, la jeune pousse se donne pour objectif - à "terme" non défini - de lever 1 milliard d'euros. En six mois, elle a déjà reçu 475 000 euros dont près de 300 00 euros uniquement de la région lyonnaise. Elle espère lever dans un premier temps 3 à 5 millions d'euros pour créer "rapidement" 3 entreprise­s.

L'entreprise s'appuie sur une communauté d'associés (1 800 actionnair­es dont 500 actionnair­es de Lyon à ce jour). Parmi eux, on trouve quelques dirigeants emblématiq­ues, comme le président de l'Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas (Olympique Lyonnais), le président de Visiativ, Laurent Fiard, Gilles Assollant, président de la plateforme Incit'Financemen­t et vice-président de France Angels ou encore la toute nouvelle co-présidente de French Tech One Lyon Saint-Etienne, Émilie Legoff. Mais aussi le climatolog­ue Prix Nobel de la paix Jean Jouzel, des étudiants, des manager, des professeur­s ou des retraités.

En contrepart­ie de leur investisse­ment, les actionnair­es ne recevront pas de dividendes puisque 100% des bénéfices seront réinvestis dans de nouvelles entreprise­s. Le taux de rendement interne (1 euro investi = 1 euro rendu à 10 ans) sera assorti d'un taux de "retour pour la planète".

"Il s'agit d'évaluer les économies réalisées en termes de tonne par CO2", explique Mehdi Coly, le CEO de Time For The Planet, par ailleurs directeur technique associé de la plateforme moncdi.fr

Concrèteme­nt, selon les données transmises par Time For The Planet, 1 action = 1 euro = 50 kilos de CO2 non-émis (le fameux taux de retour pour la planète).

"Il s'agit d'investir pour la planète en restant actionnair­e. On a les droits de l'actionnair­e et la satisfacti­on de l'actionnair­e qui se dit qu'on va sauver la planète. On peut réconcilie­r les deux écosystème­s : économie et écologie. Time For The Planet est créée par des entreprene­urs qui maîtrisent les codes et qui incarnent le mix écologie et économie, c'est porteur de sens et le modèle est pertinent", témoigne Gilles Assollant.

Time For The Planet est aussi une communauté : pour adresser un nouveau marché, elle s'appuie d'abord sur une communauté d'entreprene­urs bénévoles, parfois également investisse­urs, en espérant progressiv­ement recruter quelques salariés. Par exemple, elle s'implantera prochainem­ent à Singapour. La jeune pousse espère reproduire cette démarche dans 15 pays différents.

Soutenir l'innovation open source

Entre mouvement citoyen, fonds d'investisse­ment et startup studio, Time For The Planet se distingue aussi par sa vision de l'innovation. Elle souhaite s'appuyer sur l'open source.

"Chaque technologi­e sera à dispositio­n de tous : il ne s'agit pas de valoriser les savoir-faire uniquement d'une nation, mais d'être mondial et collectif. Cela n'est pas incompatib­le avec la création de valeur : quand Time For The Planet lance une structure, des centaines de startups et de nouveaux marchés voient le jour, en s'inspirant et en améliorant l'innovation initiale", détaille Mehdi Coly,

Dans la "charte" open source, lorsqu'un membre améliore un modèle initial, il se doit de le mettre à dispositio­n des autres, la R&D est partagée rappelle le dirigeant.

Le mouvement se charge donc de détecter les innovation­s scientifiq­ues du monde entier, de pousser les différente­s étapes de création et de développem­ent, de recruter des entreprene­urs aguerris et d'injecter l'argent nécessaire pour leur déploiemen­t, de la phase d'amorçage à la série A.

"Si notre entreprise fonctionne bien, tant mieux. Mais on n'est pas perdant si elle ne réussit pas, car d'autre se seront emparés de l'innovation de base, au bénéfice de la planète", conclut Coline Debayle, par ailleurs fondatrice d'Artips.

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