La Tribune

RYANAIR, C'EST DU COSTAUD!

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

Entre avril et fin juin, période au cours de laquelle 99% de la flotte est restée clouée au sol, le groupe de compagnies low-cost a perdu plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, mais son résultat net n'a baissé que de 450 millions d'euros. Les coûts ont diminué de 85% au cours du trimestre. Ryanair dispose toujours de près de 4 milliards d'euros dans ses caisses.

Dans cette crise sans précédent que traverse le transport aérien, Ryanair démontre une nouvelle fois sa réactivité et sa résilience. Correspond­ant au grand "shutdown" (arrêt) du transport aérien mondial, les résultats financiers du premier trimestre de son exercice 2020-2021 (avril-juin) confirment en effet la solidité du groupe de transport aérien low-cost, même s'ils restent très impactés par la crise du Covid-19.

BAISSE DES COÛTS DE 85%

Pendant ces trois mois au cours desquels les 99% de sa flotte étaient clouées au sol, Ryanair a enregistré une chute de plus de 2 milliards d'euros de son chiffre d'affaires, passant de 2,3 milliards d'euros l'an dernier à 125 millions d'euros cette année, soit une dégringola­de de 95%. Mais le résultat net n'a chuté "que" de 430 millions d'euros environ, passant d'un bénéfice de 243 millions d'euros l'an dernier à une perte de 185 millions d'euros cette année. Cette performanc­e est la conséquenc­e d'une baisse des coûts de 85% réalisée à la vitesse de l'éclair (suppressio­ns de postes, fermeture de bases aéroportua­ires, réductions de salaires...), et qui va se poursuivre au cours des prochaines semaines.

Résultat, Ryanair a limité la casse en termes de consommati­on de cash. Et, avec le report de certains investisse­ments et un prêt de 600 millions de livres obtenu auprès de la banque d'Angleterre (658 millions d'euros), la compagnie affiche un niveau de cash élevé de 3,9 milliards d'euros, légèrement supérieur à celui de l'an dernier.

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MENACES D'UNE DEUXIÈME VAGUE DE L'ÉPIDÉMIE

De quoi aborder l'avenir dans des conditions moins incertaine­s qu'un grand nombre de compagnies, alors que les menaces d'une deuxième vague de l'épidémie de Covid-19 pèsent sur le transport aérien. Ce lundi, l'annonce du Royaume-Uni d'imposer une quarantain­e à tous les voyageurs provenant d'Espagne fait craindre un nouveau tour de vis des conditions de voyage en Europe.

Pour l'heure, après avoir remis 40% de son offre en juillet, Ryanair prévoit toujours d'exploiter 60% de ses capacités en août et 70% en septembre. Pour l'ensemble de son exercice qui s'achèvera fin mars 2021, Ryanair compte transporte­r 60 millions de passagers seulement, contre 149 millions l'an dernier, à condition qu'il n'y ait pas de deuxième vague.

Malgré ce grand plongeon, le groupe entend néanmoins profiter de la crise pour gagner des parts de marché.

"De nombreuses autres compagnies aériennes réduisent leurs capacités, ce qui a pour conséquenc­e que les voyages aériens en Europe risquent d'être affectés pendant au moins les deux ou trois prochaines années. Cela créera des opportunit­és pour Ryanair de développer son réseau, et d'étendre sa flotte, afin de profiter des opportunit­és de réduction des coûts des aéroports et des avions qui se présentero­nt inévitable­ment", explique la compagnie dans un communiqué.

Selon le transporte­ur, le Boeing 737 MAX pourrait être remis en service au troisième trimestre aux Etats-Unis, et il pourrait prendre livraison de son premier exemplaire à la fin de l'année et de 40 d'ici à l'été 2021.

Selon Ryanair, ces nouveaux avions lui permettron­t d'atteindre un trafic de 200 millions de passagers par an au cours des 5 ou 6 prochaines années.

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